L'Algérie a décrété, ce jeudi, la fin de la gratuité des biens octroyés, depuis 1962, à l'ambassade française. Alger répond, ainsi, à la décision du président français de mettre un terme à l'exemption de visa pour les officiels algériens. Le climat diplomatique se dégrade encore entre Alger et Paris. L'Algérie a vivement réagi à la décision du président Emmanuel Macron de suspendre l'exemption de visas pour les officiels et diplomates algériens. Ce jeudi, le ministre algérien des Affaires étrangères a convoqué le Chargé d'affaires de l'ambassade de France à Alger. «Deux notes verbales ont été remises au diplomate français», précise le communiqué du ministère algérien. La première note vise à notifier officiellement la dénonciation par l'Algérie de l'Accord algéro-français de 2013, qui prévoyait l'exemption réciproque de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service. «Cette dénonciation va au-delà de la simple suspension annoncée par la France et met un terme définitif à cet accord», souligne la diplomatie algérienne. En conséquence, le gouvernement algérien a décidé d'imposer immédiatement une obligation de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service français. «Il se réserve également le droit de conditionner l'octroi de ces visas aux mêmes critères que ceux appliqués par la France aux ressortissants algériens, en application stricte du principe de réciprocité», ajoute la même source. Fin de la gratuité des biens immobiliers octroyés à la Ftance par Alger La seconde note verbale informe la partie française de la décision des autorités algériennes de mettre fin à la mise à disposition gratuite de biens immobiliers appartenant à l'Etat algérien pour l'Ambassade de France en Algérie. Le communiqué annonce également un réexamen des baux avantageux contractés par l'Ambassade avec les OPGI (Office de promotion et de gestion immobilière) d'Algérie, et invite la partie française à dépêcher une délégation à Alger pour entamer des discussions à ce sujet. Les biens immobiliers de l'ambassade française en Algérie sont au centre d'une polémique. Avant son rappel pour consultations, l'ambassadeur français avait déjà été convoqué en mars par la diplomatie algérienne. Les 14 hectares occupés par la chancellerie à Alger depuis 1962 avaient été au cœur des discussions. En avril, des médias algériens avaient souligné que la France occupe 61 biens immobiliers en Algérie. Quelques heures avant la convocation du chargé d'affaires français, le ministère algérien des Affaires étrangères a réagi à une lettre du président Emmanuel Macron adressée mercredi au gouvernement Bayrou. Le département Attaf a accusé la France de «manquer à ses engagements au titre de l'accord algéro-français de 1968 sur la circulation, l'emploi et le séjour des ressortissants algériens en France, de la convention consulaire de 1974, et de l'accord de 2013 sur l'exemption de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service». Le ministère a souligné que «l'Algérie ne cède pas à la pression, à la menace ou au chantage, quels qu'ils soient (...) L'Algérie tient à rappeler qu'elle n'a jamais été à l'origine d'une demande de conclusion d'un accord bilatéral d'exemption de visas pour les titulaires de passeports diplomatiques et de service», renvoyant la balle à Paris.