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Comment le Maroc, grâce à la Coupe du monde 2030, est devenu le fer de lance d'un arrimage transméditerranéen et catalyseur d'un arc ferroviaire atlantique euro-africain
L'organisation conjointe de la Coupe du monde 2030 par le Maroc, l'Espagne et le Portugal inaugure bien plus qu'un événement sportif d'envergure planétaire : elle insuffle une reconfiguration profonde des infrastructures ferroviaires entre les deux rives de la Méditerranée, nourrissant l'émergence d'un corridor terrestre à haute vitesse entre l'Europe occidentale et l'Afrique du Nord. Dans cet esprit, la ligne à grande vitesse Madrid–Lisbonne, attendue pour 2030, reliera le cœur de la péninsule ibérique aux portes du continent africain. Dans le même souffle, d'autres projets structurants dessinent une trame continentale cohérente et témoignent d'une recomposition du réseau européen sur fond de stratégie énergétique, logistique et diplomatique. L'organisation conjointe de la Coupe du monde de football en 2030 par le Maroc, l'Espagne et le Portugal agit comme révélateur d'une recomposition silencieuse mais décisive : celle d'un arc ferroviaire euro-africain, reliant les capitales atlantiques et les cœurs continentaux dans une continuité logistique et politique inédite. Madrid et Lisbonne bientôt réunies en trois heures Il n'existe plus, depuis 2020, de liaison directe entre Madrid et Lisbonne. Le voyage, long et ponctué de correspondances, confine à l'épreuve. D'ici à 2030, une ligne à grande vitesse rétablira ce lien historique en ramenant le trajet à trois heures. Elle instaurera un nouveau rapport entre les deux capitales ibériques, traçant un corridor structurant en direction du Sud. Le Maroc prolonge son réseau vers l'Atlantique méridional À cette dynamique s'adosse le développement soutenu du réseau marocain à grande vitesse. Le tronçon Tanger–Casablanca, déjà opérationnel, est en cours de prolongement vers Marrakech, puis Agadir, dessinant une dorsale ferroviaire qui épouse l'axe atlantique et relie les métropoles du Royaume, du Détroit aux confins du Souss. Une jonction Maroc–Espagne en question, mais plus en sursis Longtemps cantonnée aux esquisses diplomatiques, la perspective d'un tunnel fixe sous le Détroit de Gibraltar — entre Tanger et Algésiras — revient au premier plan, portée par l'élan géopolitique suscité par la Coupe du monde. Si elle devait se concrétiser, cette traversée ferait naître un continuum ferroviaire entre Lisbonne, Madrid, Rabat et Casablanca, sans rupture de charge. Une résonance continentale Cette effervescence ferroviaire n'est pas l'apanage du Sud. À l'Est, Budapest et Belgrade seront reliées dès l'an prochain par une ligne nouvelle ramenant le trajet à 2 h 40. Au Nord, le tunnel du Fehmarnbelt, long de 18 km, reliera l'Allemagne au Danemark dès 2029, réduisant de moitié la durée du voyage entre Hambourg et Copenhague. Quant aux pays baltes, ils abandonneront l'écartement hérité de l'Union soviétique pour adopter celui de l'Europe, dans le cadre du projet Rail Baltica, qui intégrera Tallinn, Riga et Vilnius au réseau occidental. En Autriche, le tunnel de Koralm, percé sous les Alpes carinthiennes, reliera Graz à Klagenfurt en 45 minutes, et Vienne à la frontière slovène en moins de trois heures. Enfin, le percement du Mont d'Ambin, entre la France et l'Italie, donnera naissance à la plus longue galerie ferroviaire du monde (57,5 km), réduisant le trajet Paris–Milan à 4 h 30. Un dessein ferroviaire pour trois rives Plus qu'un legs d'infrastructures, la Coupe du monde 2030 semble tracer les contours d'un nouvel espace de circulation entre l'Europe et l'Afrique du Nord. De Porto à Agadir, en passant par Madrid, Séville, Tanger, Rabat et Casablanca, un arc ferroviaire se dessine, soucieux d'équilibre écologique, de fluidité régionale et de souveraineté logistique. Il épouse les reliefs du continent tout en effaçant ses anciennes frontières.