Le 32e Congrès national de l'Association des barreaux du Maroc (ABAM) s'est ouvert jeudi à Tanger, convoquant magistrature suprême, représentation nationale du barreau et invités étrangers autour d'une réflexion de haute portée sur l'ancrage organique de la profession d'avocat dans le système judiciaire. Placée sous le thème : «La profession d'avocat, un acteur central et un partenaire essentiel dans le système judiciaire», cette rencontre de trois jours a rassemblé Abdellatif Ouahbi, ministre de la justice, Mohamed Abdennabaoui, premier président de la Cour de cassation et président délégué du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ), Hicham Balaoui, procureur général du roi près la Cour de cassation et président du ministère public (PMP), Younes Tazi, wali de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, et Houssein Zayani, président de l'ABAM, aux côtés des bâtonniers des différents ordres du Royaume et de délégations venues de l'étranger. La manifestation se propose d'interroger les mutations normatives et les tensions pratiques qui traversent l'exercice de la profession d'avocat au Maroc, dans un contexte marqué par la redéfinition des équilibres entre les pouvoirs et l'exigence croissante d'une justice impartiale, intelligible et fidèle aux droits fondamentaux. Houssein Zayani a, dans son allocution, insisté sur la nécessité d'asseoir un dialogue institutionnel sérieux avec l'ensemble des composantes du corps judiciaire, estimant que le congrès constitue «une réelle opportunité pour faire émerger une vision concertée, au service d'une justice équitable, moderne et accessible». Il a salué «le climat de respect réciproque» qui caractérise les relations entre l'association et ses partenaires, estimant que la défense se tient aujourd'hui «au cœur du projet d'Etat de droit». Pour sa part, Abdellatif Ouahbi a souligné les contraintes majeures qui pèsent sur la profession, évoquant la nécessité d'une refonte lucide de son cadre législatif. «La réforme de la justice au Maroc ne saurait aboutir sans une redéfinition du statut de l'avocat, de ses missions et des garanties propres à son indépendance», a-t-il affirmé, précisant que «les conditions d'un procès équitable ne peuvent être réunies que si la défense est dotée de la plénitude de ses prérogatives». Mohamed Abdennabaoui a, quant à lui, rappelé que le thème du congrès «n'est pas un artifice rhétorique, mais l'expression d'une conscience partagée quant au rôle irremplaçable de l'avocat dans la quête de justice». Il a déclaré que «l'avocat n'est pas un auxiliaire de procédure, mais le porteur de la conscience juridique, l'interprète vivant du texte, et le relais entre le droit et la réalité sociale». Hicham Balaoui a pour sa part salué la tenue de ce congrès qu'il a qualifié de «moment d'examen lucide et de redéfinition stratégique». Il a réaffirmé que «la profession d'avocat constitue l'une des deux ailes de la justice, et que seule l'harmonie entre la magistrature et la défense permet à l'édifice judiciaire de se maintenir dans la rigueur et l'équité». Anouar Bellouki, bâtonnier de l'Ordre de Tanger, a annoncé que les travaux se dérouleront sous forme de panels scientifiques, centrés sur les enjeux contemporains de la profession et appelés à déboucher sur des recommandations en phase avec les attentes du barreau.