L'Union socialiste des forces populaires (USFP) a infligé un sérieux revers à la motion de censure que l'opposition espérait utiliser pour retirer sa confiance au gouvernement, en annonçant la suspension de toute coordination autour de cette initiative. Dans un communiqué dont Hespress FR a obtenu copie, le groupe socialiste à la première chambre explique son retrait par un refus de « traiter avec légèreté et manque de sérieux les mécanismes constitutionnels de contrôle, ainsi que par l'absence de respect et de considération à l'égard de l'opinion publique qui suit de près ces démarches ». À cela s'ajoute « la disparition des véritables objectifs de la motion de censure en tant qu'outil démocratique permettant un contrôle collectif, remplacée par une vision purement comptable, cherchant un gain rapide sans fondements ni résultats concrets ». Le groupe du Parti de la Rose à la Chambre des représentants souligne qu'il « n'a constaté aucune volonté tangible de faire avancer l'activation de la motion de censure », précisant que « l'initiative a été étouffée par une insistance excessive sur des aspects formels qui se renouvelaient à chaque nouvelle réunion ». Le communiqué rappelle que la préparation de la deuxième version de la motion de censure a également été initiée par le groupe socialiste, et qu'un accord avait été trouvé entre les présidents des groupes parlementaires et du groupement de l'opposition pour lancer la procédure, rédiger la note d'accompagnement et collecter les signatures nécessaires, conformément à la disposition constitutionnelle requérant l'appui d'un cinquième des membres de la Chambre des représentants. Cependant, « malheureusement, malgré une série de réunions, aucune volonté sincère et sérieuse de concrétiser cette initiative ne s'est manifestée », déplore le groupe. Le groupe socialiste ajoute que « certaines composantes de l'opposition ont préféré s'engager dans des débats subjectifs et techniques déconnectés des pratiques politiques et parlementaires communément admises. D'autres ont volontairement brouillé l'initiative à travers des fuites médiatiques visant à servir leurs propres agendas et à désinformer l'opinion publique. Parallèlement, l'initiative a été submergée par des attentes prolongées et une perte de temps politique, en contradiction avec les principes de coordination et de concertation responsable entre les forces d'opposition ». Le groupe socialiste rappelle qu'il avait été le premier à proposer, fin 2023, le recours à la motion de censure en vertu de l'article 105 de la Constitution, proposition qui a été intégrée dans le rapport politique soumis par la direction de l'USFP lors de la session du Conseil national du parti, tenue le samedi 27 janvier 2024. Aussi, la même source affirme qu'à partir de janvier 2024, « en tant que parti et groupe socialiste, nous avons engagé une coordination avec les autres composantes de l'opposition en vue de présenter la motion de censure, en ayant conscience que l'opposition ne pourrait pas atteindre la majorité absolue requise pour son adoption, et qu'ainsi, il n'y aurait pas de vote favorable contraignant le gouvernement à une démission collective. Cependant, nous étions également convaincus que cette motion ouvrirait un débat politique serein et responsable devant le peuple marocain sur les défis majeurs, ainsi que sur la nécessité impérieuse de réformes politiques, économiques et sociales afin de consolider le processus démocratique et de développement de notre pays ». Le groupe socialiste souligne que l'annonce même de la motion de censure « a suffi à remuer les eaux stagnantes de la scène politique nationale, avant même sa présentation officielle, suscitant un intérêt marqué parmi les différentes couches de l'opinion publique, le gouvernement, les composantes du Parlement et les médias ». Selon des sources de Hespress Fr, la coordination entre les groupes d'opposition pour la présentation de la motion de censure a buté sur une impasse, due à un désaccord profond concernant l'identité du député chargé de la présenter. Enfin, l'USFP se considère comme le plus légitime pour porter la motion de censure, étant le groupe d'opposition le plus représenté à la Chambre des représentants, et le premier à avoir proposé cette initiative dans sa version initiale, avant son échec. Cette position est contestée par d'autres forces d'opposition, notamment le PJD et le Mouvement populaire, en raison des différends persistants qui opposent ces partis à l'USFP.