Les figues du Maroc, troisième producteur mondial derrière la Turquie et l'Egypte selon les données de la FAO (FAOSTAT, 2023), ont été citées dans une récente recherche pharmaceutique conduite par l'International Journal of Pharmaceutical Sciences. L'étude, centrée sur la formulation d'un breuvage végétal à base de Ficus carica, met en lumière les propriétés immunomodulatrices générales du figuier, sans cibler un agent pathogène précis, mais en balisant le terrain immunitaire de manière non spécifique. Le royaume chérifien, en tant que fournisseur majeur de matière première, voit ainsi sa production intégrée à une dynamique scientifique articulant traditions médicinales et biotechnologie contemporaine. Une tisane de figue aux vertus immunitaires scientifiquement documentées L'équipe de chercheurs du Shraddha Institute of Pharmacy (Etat du Maharashtra, Inde) a mis au point une tisane enrichie de feuilles et fruits séchés de figuier, associés au gingembre, à la cannelle et à l'écorce de citron. Trois formulations distinctes (A, B, C) ont été testées selon des protocoles rigoureux de galénique : étude du profil de solubilité, de la compressibilité, de la désagrégation, et de la libération des principes actifs. Les résultats montrent une activité antioxydante élevée, liée à la présence de flavonoïdes (rutoside, quercétine), d'acide chlorogénique, de fibres solubles et de minéraux (K+, Ca2+, Mg2+). La version C, contenant du miel, s'est révélée la plus rapide à l'infusion (≈8 minutes) et la plus agréable en bouche. La boisson est qualifiée de tonique immunitaire d'appoint, sans allégation thérapeutique ciblée, mais avec un bénéfice potentiel sur les fonctions digestives, cardiovasculaires et respiratoires. Du fruit biblique à la formulation nutraceutique Cultivé depuis plus de 9 000 ans, le figuier (Ficus carica) est l'un des premiers végétaux domestiqués par l'homme. Son inflorescence inversée, le sycone, donne un fruit complexe dont la richesse nutritionnelle (sucres inversés, acides phénoliques, antioxydants) suscite un regain d'intérêt dans les industries agroalimentaires et pharmaceutiques. L'étude rappelle que le Maroc figure parmi les principaux producteurs mondiaux, avec une production annuelle de 161 000 tonnes. Sans détailler l'origine précise des feuilles ou fruits utilisés dans les essais, les auteurs soulignent l'importance des climats semi-arides (comme ceux du Haouz ou de la vallée du Souss) dans la qualité agronomique des figues destinées au séchage et à la transformation. Vers une pharmacopée enracinée dans l'ethnobotanique Longtemps employé dans les pharmacopées ayurvédique et unani comme laxatif doux, antitussif, et tonique du système reproducteur, le figuier connaît aujourd'hui une réhabilitation par la voie scientifique. L'usage combiné de ses feuilles, racines et fruits, associés à d'autres plantes médicinales, s'inscrit dans une démarche de formulation raisonnée, destinée à la prévention, à l'entretien de l'homéostasie, et non à une action curative ciblée. Le recours à des procédés doux de séchage (entre 40 et 50 °C), à une granulation contrôlée, et à un conditionnement hermétique témoigne d'une volonté de concilier les savoirs traditionnels et les normes contemporaines de sécurité et d'efficacité. « Le végétal, pourvu qu'il soit préparé selon l'art, recèle plus de remèdes que ne saurait en contenir un laboratoire », note la conclusion de l'étude.