La demande croissante en argiles à usage industriel et de construction fait grimper la consommation du Maroc à 9,1 mille tonnes en 2024, selon un rapport publié samedi 22 juin par le cabinet d'analyse économique IndexBox, qui prévoit une poursuite de cette trajectoire ascendante jusqu'en 2035. Une croissance marquée par la prépondérance turque À l'échelle de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), le marché des argiles communes et schistes destinés à la construction pourrait atteindre 34 millions de tonnes d'ici à 2035, pour une valeur estimée à 6,2 milliards de dollars (soit environ 61 milliards de dirhams marocains). Ce développement repose sur un taux de croissance annuel moyen de 2,7 % en volume et de 4,1 % en valeur nominale. Les trois premières puissances consommatrices en 2024 sont la Turquie (7,9 Mt), l'Iran (5,7 Mt) et l'Egypte (4,4 Mt), concentrant à elles seules près de 72 % des volumes consommés dans la région. À noter que «la Turquie, avec un taux annuel de croissance de +5,8 %, affiche la progression la plus soutenue parmi les grands marchés», précise IndexBox. La production suit une courbe similaire : les mêmes pays dominent le classement avec, en tête, Ankara, qui extrait près de 8 millions de tonnes d'argiles sur les 25 millions produites en MENA en 2024. Le Maroc, exportateur discret mais stable Le Royaume demeure un acteur modeste dans ce secteur mais enregistre des performances notables à l'exportation. En 2024, le Maroc a exporté 65 000 tonnes d'argiles, principalement vers les marchés euro-méditerranéens, se plaçant en deuxième position régionale derrière la Turquie (152 000 tonnes). En valeur, ces exportations ont généré près de 2,6 millions de dollars (environ 25,4 millions de dirhams), avec un prix moyen de 40 dollars la tonne. «Le Maroc maintient une présence discrète mais constante sur les marchés d'exportation, avec une croissance annuelle de +8,3 % en volume sur la dernière décennie», relève l'étude. Cependant, le faible niveau des prix à l'export contraste avec celui de l'Egypte (441 dollars/tonne) ou de la Turquie (environ 177 dollars/tonne pour l'argile commune), soulignant une faible valorisation du produit brut. Une consommation marocaine encore marginale mais en hausse La consommation intérieure marocaine, bien qu'en deçà des niveaux turcs ou iraniens, s'est élevée à 9 100 tonnes en 2024, selon les chiffres d'IndexBox. Cette demande reste dominée par les usages liés à la fabrication de briques, de tuiles et de céramiques industrielles. Le rapport anticipe une croissance modérée dans les années à venir, portée par l'urbanisation accélérée, les besoins en logements sociaux et la progression des industries céramiques. Il convient de souligner que le secteur artisanal marocain, très actif dans l'usage des argiles (poterie, briqueterie traditionnelle, etc.), n'est pas toujours bien capté dans ces statistiques. Une part importante de l'extraction nationale reste informelle ou destinée à des usages locaux non recensés. Le Maroc importe peu, exporte modérément, et sa production reste éclatée et peu valorisée. Sur le plan régional, les Emirats arabes unis, la Libye et la Turquie affichent les plus fortes consommations par habitant, avec respectivement 131 kg, 146 kg et 92 kg en 2024. Le Maroc, en comparaison, demeure bien en retrait mais présente un potentiel inexploité.