Le Moyen-Orient demeure l'épicentre de l'instabilité mondiale Le Moyen-Orient continue d'être le foyer central de l'agitation globale, où le processus de paix palestino-israélien végète dans une stagnation quasi irréversible, tandis que la région élargie – du Liban à la Syrie, en passant par l'Irak et la menace iranienne omniprésente – engendre des tensions croissantes, des réalignements de pouvoir et l'utilisation persistante du terrorisme comme outil politique. La communauté internationale est confrontée au défi ardu de naviguer dans ce réseau complexe avec une clarté stratégique, en évitant les simplifications idéologiques. Un processus moribond : la paix palestino-israélienne dans l'impasse L'optimisme suscité par les Accords d'Oslo en 1993 – issu de l'élan visionnaire de la Conférence de Madrid de 1991 – a été enseveli par l'histoire. L'assassinat du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin en 1995, aux mains d'un extrémiste juif, n'a pas seulement brisé une occasion historique, mais a aussi inauguré en Israël une ère marquée par un scepticisme croissant envers les perspectives de paix. Depuis 2007, Gaza est sous la poigne de fer du Hamas, une organisation qui est un exemple type de terrorisme et de mafia ; le nier serait, tout simplement, immoral. La stratégie du Hamas repose sur l'utilisation systématique de la terreur, s'imposant comme l'obstacle principal à tout dialogue rationnel. Parallèlement, l'expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie – souvent dans des zones stratégiquement vitales – a brouillé les contours d'une solution potentielle à deux Etats, étouffant la viabilité d'un futur Etat palestinien. Le défi posé à l'Etat israélien par ses colons les plus radicaux, qui attaquent les Palestiniens, est profondément préoccupant ; des cas récents incluent le passage à tabac mortel d'un Palestino-Américain et l'incendie de récoltes, la destruction de véhicules et d'équipements agricoles dans le village chrétien de Taibeh. Même l'armée israélienne n'est pas épargnée par la fureur des colons : les patrouilles des FDI sont assaillies et harcelées sans retenue. Il convient de noter que même les Etats-Unis considèrent ces colonies en Cisjordanie comme contraires au droit international1. L'Autorité palestinienne (AP), de son côté, n'a pas su se montrer à la hauteur. L'AP est gangrenée par une corruption structurelle et systémique. Sa direction est une gérontocratie épuisée – dépourvue d'idées nouvelles, incompétente en matière de gouvernance et totalement discréditée. Et ce sont ces figures qui sont censées succéder au règne terroriste du Hamas à Gaza. Les Gazaouis, déjà souffrant sous la terreur et l'oppression du Hamas, passeront à la kleptocratie inepte de l'AP, qui a perdu une grande partie de sa légitimité et de sa capacité de dialogue – pour le formuler avec diplomatie. Plus crûment : il est profondément tragique qu'à ce stade, sauver les Palestiniens de la barbarie du Hamas nécessite de se tourner vers l'AP discréditée, corrompue et incompétente. Même Human Rights Watch a documenté des irrégularités graves persistantes dans l'utilisation des fonds internationaux et des détournements budgétaires (le fameux détournement de fonds minimisé dans nos latitudes), sans oublier la répression interne contre les Palestiniens critiques, les opposants ou les dissidents2. Dans ce paysage incendiaire, les efforts internationaux – tels que la conférence des Nations unies tentée en juin 2025 (reportée sine die) ou le bref cessez-le-feu entre Israël et le Hamas de janvier à mars de cette année – n'ont guère fait plus que verser un verre d'eau sur un incendie de forêt de sixième génération. Des sondages d'opinion récents du Pew Research Center sont alarmants et révélateurs : seulement 21 % des citoyens israéliens croient en la viabilité d'une coexistence pacifique avec les Palestiniens3. Le scepticisme et la désillusion se sont enracinés profondément, et il sera extrêmement difficile de briser cette perception chez la majorité des Israéliens ; sans soutien public majoritaire en Israël, le processus de paix n'est que du papier mouillé. Cet état d'opinion est le terreau parfait pour que le Hamas prospère, fertilisé par le fumier du régime des ayatollahs. Liban, Syrie et Irak : Etats fragiles dans une région tourmentée Au-delà du conflit palestino-israélien, la région est traversée par des vagues d'instabilité structurelle. Le Liban, la Syrie et l'Irak sont des exemples paradigmatiques d'Etats faibles où les dynamiques sectaires et les rivalités anciennes, alimentées par l'influence iranienne, persistent. Malgré l'implosion du régime Al-Assad, l'Iran garde ses griffes profondément enfoncées en Syrie. L'utilisation systématique du terrorisme comme instrument de pouvoir et d'oppression dans la région – par l'Iran et ses proxies, ainsi que par le mouvement djihadiste international (bien que Daesh et Al-Qaïda soient des ennemis jurés, leur némésis reste les Etats régionaux et l'Occident) – pose une menace brutale et perpétuelle à la paix et à la stabilité. Les organisations terroristes et les Etats de la région se vautrent dans l'étable sanglante de leur violence bestiale. Par conséquent, si les acteurs régionaux ne confrontent pas avec courage et sans hésitation toutes les entités terroristes – organisations, milices et Etats qui le pratiquent, le promeuvent, l'inspirent et le financent –, toute tentative de reconstruction institutionnelle ou d'intégration régionale restera une chimère4. Le Liban, bien qu'il ait réalisé des progrès institutionnels avec l'élection de Joseph Aoun comme président en janvier 2025 – un homme de principes clairs et de valeurs solides qui a su se connecter avec les musulmans sunnites et chiites modérés, ainsi qu'avec la communauté chrétienne à laquelle il appartient – continue de souffrir, quoique affaibli, sous le joug du Hezbollah. Le président libanais doit être un chrétien maronite selon le pacte constitutionnel de 1943, renforcé par les Accords de Taëf parrainés par l'Arabie saoudite. La candidature d'Aoun a été soutenue par les Etats-Unis et l'Arabie saoudite. Le Hezbollah, une milice terroriste et élément central de l'alliance proxy iranienne intégrée à l'exécrable « Axe de la Résistance », a été sévèrement battu et décapité par Israël, mais conserve une capacité déstabilisatrice significative5. La paralysie politique du Liban, causée par le cancer du Hezbollah et les ingérences étrangères – surtout iraniennes – a bloqué l'évolution politique et institutionnelle attendue après les Accords de Taëf. Bien que ces accords aient préservé la répartition confessionnelle des postes clés de l'Etat, ils ont introduit une once de modernité qui n'a jamais été réalisée. Le Liban reste largement gouverné par les mêmes seigneurs de guerre – assoiffés de sang qu'ils sont suceurs de sang – qui se perchent au sommet d'une autre kleptocratie, saignant leur peuple depuis 1943. La seule voie vers la normalisation et l'Etat de droit est de désarmer les milices terroristes, tant palestiniennes dans les camps de réfugiés que le Hezbollah, rompant ainsi leur contrôle sur des portions significatives de la population et leurs liens avec des régimes terroristes comme l'Iran ou le crime organisé. La Syrie traverse une transition particulièrement délicate. La chute de Bachar al-Assad en décembre 2024, après onze ans de guerre civile, a ouvert la voie à un nouveau leadership sous Ahmed al-Sharaa, dont les origines terroristes en tant que membre d'Al-Nusra restent une source d'inquiétude. Al-Sharaa semble avoir évolué, et de nombreux pays arabes clés ont misé gros en soutenant politiquement et économiquement le nouveau régime. Cela inclut une normalisation naissante avec Washington, qui a levé les sanctions contre la Syrie à la demande de l'Arabie saoudite. Cependant, les cicatrices du conflit restent ouvertes : massacres sectaires (meurtres de chrétiens et d'Alawites), tensions entre factions rebelles, et l'influence de puissances extérieures comme l'Iran et la Russie continuent de générer incertitude et instabilité6. L'Irak, quant à lui, reste otage de sa fragmentation interne et de la pénétration iranienne. Les milices chiites regroupées sous les Forces de mobilisation populaire, certaines avec des liens directs au Corps des Gardiens de la Révolution islamique, exercent un pouvoir de facto qui sape l'autorité du gouvernement central. Le Premier ministre Mohammed Shia al-Sudani, au pouvoir depuis 2022, lutte contre une corruption endémique et une pression constante de Téhéran. Les tensions avec les Etats-Unis persistent, notamment après des attaques sur des bases militaires américaines et au milieu du plan de retrait convenu pour 2026. Conclusion : fermeté stratégique et réalisme diplomatique Le diagnostic est clair : en juillet 2025, le Moyen-Orient est piégé entre inertie politique, effondrement des structures étatiques et montée en puissance d'acteurs armés non-étatiques qui imposent leur loi en toute impunité. Le processus de paix palestino-israélien exige plus que de bonnes intentions : il nécessite des leaders courageux, un soutien international pragmatique pragmatique, et une pression ferme sur ceux qui sabotent les progrès, à commencer par le Hamas. La lutte contre le terrorisme ne peut rester fragmentée ou conditionnée par des agendas idéologiques. Des groupes comme le Hamas, le Hezbollah, les Houthis et les milices chiites irakiennes ne sont pas des expressions de résistance légitime, mais des instruments de déstabilisation au service d'un régime comme celui de l'Iran – l'élément central de déstabilisation dans la région, dont la barbarie commence par son propre peuple7. Il est temps d'abandonner les illusions postmodernes et d'accepter que la sécurité, l'ordre et une paix durable ne seront possibles que par une combinaison intelligente de diplomatie ferme, de pression internationale coordonnée, de soutien au renforcement institutionnel des Etats légitimes, et d'une lutte implacable contre le terrorisme et l'extrémisme. ⸻ Notes et citations d'autorité 1 Sur la position américaine et l'illégalité des colonies : Voir l'avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) du 19 juillet 2024, qui réaffirme l'illégalité des colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupée (source : CIJ, Résumé de l'avis consultatif, 19 juillet 2024). Cette position est partagée par l'Union européenne et analysée dans des think tanks français comme l'IFRI. 2 Rapports sur la corruption de l'Autorité palestinienne : Human Rights Watch a documenté des abus persistants, y compris des détournements de fonds et des répressions internes (source : HRW, «Palestine : Crackdown on Journalists and Activists», mis à jour en 2024 ; voir aussi Rapport du Département d'Etat américain sur les droits de l'homme, 2023-2024). Pour une perspective française : analyse de l'IFRI sur les dysfonctionnements des institutions palestiniennes dans le contexte régional (IFRI, «Moyen-Orient : Facteurs de crise», 2024). 3 Sondages sur l'opinion israélienne : Pew Research Center, «Israeli Public Increasingly Skeptical About Lasting Peace», 3 juin 2025, indiquant que seulement 21 % des Israéliens croient à une coexistence pacifique. 4 Sur l'instabilité régionale et le rôle de l'Iran : article de fond du Monde, «Qu'est-ce que l'«Axe de la Résistance» de l'Iran contre Israël et les Etats-Unis ?», 6 décembre 2023, mis à jour en 2025 pour inclure les évolutions récentes ; complété par les analyses de l'IFRI sur les dynamiques de crise au Moyen-Orient (IFRI, «North Africa & Middle East : Analyses and News», 2024-2025). 5 Sur le Liban et le Hezbollah : Le Monde, «Liban et Syrie entament un nouveau dialogue», 15 avril 2025, discutant des interférences et du rôle du Hezbollah affaibli mais persistant. 6 Transition en Syrie : analyse de l'IFRI sur les défis post-Assad, incluant les influences externes (IFRI, «France Facing Jihad in Syria and Iraq», mise à jour 2025). 7 Sur l'Iran et ses proxies : Le Monde, «What is Iran's 'Axis of Resistance' against Israel and the United States ?», avec focus sur les milices comme instruments de déstabilisation ; voir aussi les rapports de l'ONU sur le financement du terrorisme par l'Iran (2024). ⸻ *ancien ambassadeur d'Espagne