Grande première au Maroc : des normes strictes régissant les produits alternatifs sans fumée entreront en vigueur à compter de février 2026. Le cycle de conférences-débats de La Vie Eco a braqué les projecteurs sur cette avancée qualifiée de «majeure» par les experts, et qui contribue à une meilleure protection du consommateur. L'occasion aussi d'analyser les implications de cette normalisation en matière de santé publique. Suivez La Vie éco sur Telegram Sachets de nicotine, cigarettes électroniques..., les produits alternatifs sans fumée ont connu une croissance rapide au Maroc ces dernières années. Mais leur commercialisation s'effectuait jusqu'à récemment dans un environnement non réglementé, laissant la voie ouverte à la prolifération sur le marché de produits dangereux pour les consommateurs. Pour mettre fin à cette anarchie et combler ce vide juridique béant, le ministère de l'Industrie et du commerce, avec l'appui de l'Institut marocain de normalisation (Imanor), a instauré un cadre normatif robuste et transparent pour ces produits sans fumée, établissant des normes strictes en matière notamment de contenance et de teneur en nicotine. La conférence-débat de La Vie Eco consacrée à cette normalisation a permis d'en mesurer l'importance et la portée. D'éminents acteurs du monde scientifique, législatif et associatif y ont participé : Fatima Gouaima Mazzi, ex-parlementaire et médecin spécialiste en santé publique, Ouadi Madih, président de la Fédération nationale des associations du consommateur, Yasser Sefiani, professeur de chirurgie vasculaire, et Moncef Drissi, médecin pharmacotoxicologue addictologue. «La normalisation de ces produits va permettre l'interdiction totale de leur vente aux mineurs», souligne d'emblée Fatima Gouaima Mazzi. Cela va permettre également, a-t-elle ajouté, d'assurer «la qualité et la sécurité de ces produits. Ils doivent être bien étiquetés, bien standardisés, permettant au consommateur de connaitre la composition des différents produits». «Les normes d'Imanor relatives aux produits sans fumée entreront en vigueur au Maroc en février 2026. Tout fournisseur qui souhaite mettre sur le marché ces produits devra respecter ses normes», a souligné de son côté Ouadi Madih, dont l'association qu'il préside a contribué activement à l'élaboration du cadre normatif des produits sans fumée. Pour le responsable, cette norme constitue une avancée majeure, notamment sur le volet informatif, car le plus important à ses yeux est que le consommateur puisse avoir une connaissance précise de ce qu'il va consommer. «Pour les produits sans fumée, l'Imanor exige, sur le plan informatif pour le consommateur, l'inscription d'environ onze éléments obligatoires relatifs, entre autres, à la composition du produit», souligne-t-il. Outre la garantie d'une meilleure protection du consommateur, en écartant du marché les produits dangereux, la mise en place de ces normes pourrait contribuer à réduire les risques sanitaires liés à la consommation des produits nicotiniques. Certains pays, comme le Royaume-Uni ou la Suède, ont ainsi adopté des politiques de réduction des risques sanitaires à travers l'encouragement de ces produits alternatifs. «Il est indiscutable que le tabagisme est un fléau mondial. Maintenant, on constate que les piliers de la prévention ou de la lutte contre le tabagisme donnent des résultats à la marge. De ce point de vue, on ne peut pas avoir une logique binaire», fait remarquer Yasser Sefiani. Ce professeur de chirurgie vasculaire estime qu'il ne faut pas fermer la porte aux autres options en s'inspirant de ce qui se fait à l'international. «Nous avons compris qu'à défaut d'arrêter cette addiction, celle-ci doit être la moins nocive possible», a-t-il ajouté. Un point de vue partagé par le président de la Fédération nationale des associations du consommateur. «Qu'en est-il de ceux qui ne parviennent pas à arrêter de fumer ? Est-ce qu'on va les abandonner ?» Ceci étant dit, le principal défi qui se pose est celui de l'évaluation et du contrôle. «Ces produits sont nouveaux. Il va falloir donc un peu de temps pour un recul et faire de la recherche scientifique», estime Moncef Drissi. Cela implique une veille de tous les instants dans une logique évolutive. Comme le souligne Yassine Sefiani, «les médecins sont obligés de suivre les publications scientifiques pour être à la page par rapport à l'évolution des maladies liées au tabagisme». «Les textes législatifs et les normes ne sont pas statiques, mais évoluent sans cesse selon les évolutions que connait le marché», souligne à ce propos Gouaima Mazzi, qui insiste également sur l'impératif du contrôle. «Tant qu'il n'y a pas de produit sans risque, nous avons le devoir de veiller au respect de la mise en œuvre des normes. Et il relève des prérogatives des parlementaires de contrôler les politiques publiques».