Dans la région de Kénitra, un essai grandeur nature d'un dispositif de régulation intelligent, combinant micro-réseau énergétique et commande prédictive, a permis d'améliorer sensiblement l'autonomie énergétique des élevages de volailles et le confort environnemental des animaux. Face aux contraintes croissantes de la production avicole — tant sanitaires qu'énergétiques —, une équipe de chercheurs a mis au point un système de pilotage fondé sur la commande prédictive par modèle (Model Predictive Control, MPC). Ce dispositif associe des sources d'énergie renouvelable (photovoltaïque et éolienne), un stockage électrochimique (24 kWh) et un ensemble d'équipements de régulation de l'environnement intérieur, notamment un chauffage par rayonnement (15 kW), un système de brumisation (2,5 kW) et des pompes hydrauliques à double étage. Grâce à une modélisation physique couplée à des prévisions météorologiques locales, le système régule avec finesse l'humidité, la température et l'éclairement de l'élevage, tout en minimisant le recours au réseau électrique national. Les simulations, fondées sur des données collectées au printemps et en hiver dans la région de Kénitra, ont montré une nette amélioration des performances énergétiques. Résultats probants sur l'environnement et la production Dans les conditions réelles d'élevage, le dispositif a permis de porter la température intérieure de 24°C à 32°C pendant la période critique du développement des poussins, réduisant de 18,7 % la consommation journalière d'énergie grâce à la régulation anticipée. L'humidité relative a été maintenue à 65-70 % au printemps et ramenée à 50 % en hiver, grâce à l'usage coordonné de systèmes de brumisation et de déshumidification. En période printanière, la couverture photovoltaïque a atteint 63 % de la demande énergétique, tandis que l'efficacité de charge-décharge du système de stockage s'est élevée à 92 %. En hiver, la part de l'énergie issue du réseau s'est accrue à 78 %, en raison de l'intermittence des ressources locales. Le système intègre également une gestion fine de l'eau potable pour les volailles : les pompes s'activent toutes les quinze minutes afin de garantir une alimentation stable pour 5 430 poulets, avec un maintien de la hauteur d'eau dans les réservoirs à ±5 %. Un cadre technique reproductible pour l'agriculture de demain Selon les auteurs de l'étude, publiée dans la revue Smart Agricultural Technology, le système assure pour la première fois une coordination en temps réel des variables énergétiques, hydriques et climatiques. Comparée aux approches empiriques, la méthode prédictive a permis une amélioration de 25 % de l'efficacité énergétique globale et une progression notable des indicateurs zootechniques. La capacité anticipatrice de la MPC a en outre permis de compenser les fluctuations propres aux énergies renouvelables, offrant un cadre standardisable pour les futures applications en agriculture connectée. «Le couplage entre MPC, micro-réseau et modélisation météorologique constitue un jalon essentiel vers une gestion frugale et prévisible des élevages», affirment les chercheurs. Des perspectives de développement sont envisagées par l'intégration de la réplique numérique (digital twin), permettant de simuler et ajuster en temps réel le comportement du système, selon les conditions climatiques et les besoins spécifiques de chaque élevage.