Le Handala, navire humanitaire emblématique de la Flottille de la Liberté, a vu son voyage interrompu de manière brutale samedi soir. Parti d'Italie avec pour cap la bande de Gaza, il a été intercepté en haute mer par les forces israéliennes. À son bord se trouvait Mohamed El Bakkali, journaliste marocain, arrêté dans des conditions dénoncées comme illégales et contraires au droit international. L'affaire soulève depuis une vague d'indignation et de vives inquiétudes sur la sécurité des journalistes couvrant les zones de conflit. Le Handala n'est pas un navire comme les autres. Il appartient à la Flottille de la Liberté, initiative internationale qui, depuis plus d'une décennie, défie symboliquement le blocus israélien imposé à Gaza. Le bateau transportait à son bord des militants, des volontaires et plusieurs journalistes venus de différents pays, déterminés à dénoncer la situation humanitaire catastrophique qui prévaut dans l'enclave palestinienne. Selon les organisateurs, le navire acheminait du matériel humanitaire et entendait briser le silence autour d'un blocus qui, depuis des années, limite sévèrement l'accès de Gaza aux biens essentiels. « Le Handala représente un espoir et un message de solidarité », expliquait avant le départ un membre de la Flottille. Mais ce voyage, porteur d'un message pacifique, s'est heurté à une réalité brutale. L'interception du navire s'est produite en haute mer, loin des eaux territoriales israéliennes, ce qui a immédiatement suscité des accusations de violation du droit maritime. Des témoins rapportent que les forces israéliennes ont pris d'assaut le Handala, confisqué le matériel à bord et arrêté tous les passagers, avant de les acheminer vers un port israélien pour interrogatoire. Cette opération musclée a été perçue par de nombreuses ONG comme un acte d'agression. « Intercepter un navire humanitaire dans les eaux internationales revient à bafouer les conventions maritimes et à criminaliser la solidarité », dénonce un communiqué de l'ONG Ship to Gaza, partenaire de la mission. Parmi les passagers figurait Mohamed El Bakkali, journaliste marocain basé à Paris. Docteur en sociologie, collaborateur de plusieurs médias et habitué des zones sensibles, il avait embarqué sur le Handala pour témoigner, caméra et carnet de notes à la main. La nouvelle de son arrestation a rapidement circulé sur les réseaux sociaux. Son frère, Youssef El Bakkali, a exprimé publiquement son angoisse : « Mohamed a été enlevé en pleine mer, dans une opération illégale. Nous craignons pour sa sécurité ». Des propos qui résonnent au-delà des frontières marocaines. Au Maroc, la Fédération de la Gauche Démocratique, par la voix de la députée Fatimazahra Tamni, a adressé une lettre au ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita. Ce courrier souligne « l'urgence d'une action diplomatique pour protéger le citoyen marocain » et insiste sur le caractère purement humanitaire de la mission. Dans le même temps, plusieurs associations marocaines de défense des droits humains ont exprimé leur solidarité et appelé à une mobilisation générale. L'affaire du Handala ne se limite pas à l'arrestation d'un seul homme. Elle met en lumière, une fois de plus, les tensions persistantes autour du blocus de Gaza et les risques encourus par les professionnels des médias dans les zones de conflit. Alors que les appels se multiplient pour obtenir la libération de Mohamed El Bakkali et de ses compagnons de bord, cet épisode rappelle que la liberté de la presse et la protection des missions humanitaires ne peuvent être considérées comme des options. Elles sont au cœur des valeurs que la communauté internationale se doit de défendre. La libération de Mohamed El Bakkali est aujourd'hui plus qu'une revendication. C'est un impératif moral et juridique, pour que la mer reste un espace de solidarité, et non le théâtre d'interdictions et d'arrestations arbitraires.