Le Liban et le monde arabe sont en deuil. Le musicien, compositeur et dramaturge Ziad Rahbani, figure incontournable de la scène culturelle libanaise et fils de la mythique Fairouz, est décédé ce samedi à Beyrouth, à l'âge de 69 ans, victime d'une complication cardiovasculaire. Né le 1er janvier 1956 à Antélias, près de Beyrouth, Ziad Rahbani n'était pas seulement l'héritier d'un nom légendaire, celui de la famille Rahbani. Dès l'adolescence, il imposait sa signature musicale. À seulement 17 ans, il compose « Sa'alouni ennas » pour sa mère, marquant la naissance d'un style singulier, fusionnant musique orientale, jazz et funk. Avec des pièces de théâtre comme « Nazl es-Sourour » ou « Binnisbi la boukra chou? », il s'impose comme une voix libre et satirique, dénonçant le confessionnalisme et les absurdités d'un Liban meurtri par la guerre civile. Pour Fairouz, il compose certaines des chansons les plus emblématiques de la musique arabe moderne : « Kifak inta », « Bala wala shi », « Bektob Esmak ». LIRE AUSSI : Le renforcement des relations entre le Maroc et le Liban au centre d'entretiens à Beyrouth Plus qu'un artiste, Ziad Rahbani était un chroniqueur du quotidien libanais. Par son humour acide et sa musique audacieuse, il donnait voix aux marginalisés et reflétait les espoirs comme les désillusions d'un pays en quête de paix. « Un phare culturel et une conscience nationale », a salué le président libanais Joseph Aoun. Le Premier ministre Nawaf Salam a parlé d'« un miroir tendu au peuple libanais, sans complaisance mais avec un amour infini ». La nouvelle a provoqué une onde de choc à travers le monde arabe. À Beyrouth, des dizaines de personnes se sont spontanément réunies devant le théâtre où il avait débuté sa carrière. Sa mère, Fairouz, âgée de 90 ans, n'a pas réagi publiquement, mais les médias libanais évoquent « un double deuil, artistique et maternel ». Du Caire à Casablanca, de Damas à Rabat, les réseaux sociaux se sont emplis d'hommages. Au Maroc, plusieurs artistes ont salué « un génie qui a marié la musique orientale à l'esprit du jazz ». Avec Ziad Rahbani disparaît l'une des voix les plus originales et libres de la scène arabe contemporaine. Mais son œuvre, immense, continuera de résonner. Une musique qui refuse les frontières, un théâtre qui parle vrai, et une audace qui restera un modèle pour les générations futures.