Le groupe marocain OCP, à travers sa filiale OCP Brasil, a conclu un accord de partenariat avec l'entreprise brésilienne Ambipar, la Liga do Araguaia (LDA) et l'Institut agroenvironnemental de la vallée de l'Araguaia (IAVA), en vue de lancer un vaste programme de restauration des pâturages dégradés et de génération de crédits carbone certifiés dans le biome du Cerrado, au centre-ouest du Brésil. Baptisé ALM Carbono Verde do Araguaia, ce projet a pour ambition de régénérer jusqu'à 100 000 hectares de terres dégradées sur une période de cinquante ans. La première étape, étalée sur trois ans, portera sur près de 80 000 hectares répartis entre soixante exploitations agricoles, avant une extension progressive. Il s'appuie sur les principes de l'Agricultural Land Management (ALM), qui promeut une gestion régénérative des sols conciliant rendement agricole, conservation écologique et réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Selon le communiqué d'OCP, le Cerrado — qui couvre plus du cinquième du territoire brésilien — figure parmi les écosystèmes les plus riches du monde en matière de biodiversité, tout en étant particulièrement vulnérable aux pressions de l'élevage extensif et des monocultures. Une stratégie de long terme fondée sur la science du sol Le projet entend instaurer un modèle agroécologique reproductible, fondé sur l'analyse scientifique des sols, la formation des éleveurs aux techniques de gestion durable des nutriments et l'accompagnement technique régulier sur le terrain. L'un des axes centraux repose sur l'optimisation de l'usage du phosphore — élément essentiel à la croissance végétale — en suivant le principe des «4R» (Right source, Right rate, Right time, Right place), soit : bonne source, bonne dose, bon moment et bon endroit. Naoufal Mahdar, vice-président principal en charge de la décarbonation au sein du Sustainability & Innovation Office d'OCP, a déclaré : «En tant que défenseur de la santé des sols, nous œuvrons à réconcilier la fertilité agricole et l'équilibre climatique. Restaurer des pâturages dégradés dans un pays agricole majeur comme le Brésil atteste de notre volonté de nourrir la planète sans épuiser ses ressources.» Outre la captation de carbone organique dans les sols, le programme vise à structurer une chaîne agricole traçable et résiliente, articulant progrès technologique, transmission des savoirs et valorisation des ressources locales. Convergence entre exigence environnementale et souveraineté alimentaire Soraya Pires, directrice des solutions carbone à l'échelle mondiale chez Ambipar, a souligné : «Ce partenariat conforte notre engagement pour une agriculture durable, socialement ancrée et scientifiquement étayée. Nous construisons un modèle qui conjugue sécurité alimentaire, conservation des écosystèmes et bénéfices climatiques.» De son côté, Marcos Stelzer, directeur général d'OCP Brasil, a affirmé que le projet s'inscrit dans la continuité des travaux menés localement en matière d'agriculture carbone : «Transformer l'agriculture revient à faire converger science, exigence technique et conscience écologique. Nous misons sur l'innovation comme levier d'une productivité agricole résiliente.» Braz Peres Neto, président de la LDA, a quant à lui salué un «jalon collectif dans l'émergence d'un nouveau pacte agroéconomique», tandis que M. Leonardo de Oliveira Gomes, président de l'IAVA, a rappelé que la vallée de l'Araguaia — longtemps marquée par une exploitation extensive du bétail — amorce aujourd'hui un tournant : «Ce projet catalyse une transition vers des pratiques restauratrices, garantes d'un développement territorial pérenne.» La première génération de crédits carbone issus de cette opération est attendue dans un délai de trois à cinq ans.