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Le Japon maintient la participation du Polisario à la Ticad malgré les mises en garde internationales contre les activités terroristes du mouvement séparatiste
Le Japon accueillera du 20 au 22 août à Yokohama la neuvième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (Ticad-9), en présence de chefs d'Etat africains et de responsables de la société civile. La participation annoncée du mouvement séparatiste jette une ombre sur l'évènement pour la troisième fois successive et il serait possible que Rabat reconsidère sa participation à la session de 2025. Selon des sources relayées par l'agence PanOrient News, «le Japon a accepté la participation du Front Polisario au sommet avec une délégation dirigée par [le soi-disant ministre des affaires étrangères Mohamed Yeslem Beissat]», bien que Tokyo ne reconnaisse pas officiellement cette entité. Cette décision intervient malgré le fait que «le gouvernement japonais ne classe officiellement aucun mouvement comme terroriste», a déclaré récemment le ministre des affaires étrangères Iwaya Takeshi. Toutefois, un rapport émis par l'Agence nationale de la police du Japon (NPA) au cours de la dernière décennie avait désigné le Front Polisario comme organisation terroriste, une classification jamais révoquée. Vives inquiétudes chez les diplomates occidentaux et africains À Tokyo, des diplomates africains et occidentaux ont exprimé leur inquiétude face à cette invitation. Selon les mêmes sources, «des préoccupations sérieuses ont été soulevées quant aux risques liés à la participation du Front Polisario aux prochaines séances de la Ticad». Ils redoutent des débordements, «car les partisans du Polisario pourraient exploiter l'autorisation japonaise pour s'imposer comme membres étatiques aux côtés de dirigeants africains». En 2022, lors d'une réunion ministérielle préparatoire à Tokyo, les autorités japonaises avaient permis à un représentant du Polisario de placer une pancarte «République sahraouie» sur la table, provoquant une altercation physique entre délégués marocain et algérien, filmée et massivement relayée. Le Polisario au cœur d'un dispositif régional soupçonné d'agissements hostiles À Washington, deux parlementaires, le républicain Joe Wilson et le démocrate Jimmy Panetta, ont récemment déposé un projet de loi bipartisan au Congrès pour inscrire le Polisario sur la liste des «organisations terroristes étrangères». M. Wilson a affirmé sur son compte X : «Le Front Polisario est une organisation terroriste. Il s'agit d'une milice marxiste appuyée par l'Iran, le Hezbollah et la Russie, qui déstabilise le Royaume du Maroc, allié des Etats-Unis depuis 248 ans.» Selon le texte, le mouvement est impliqué dans «des trafics d'armes et de stupéfiants à grande échelle au Sahel», en violation des cessez-le-feu, avec des «attaques préméditées contre des civils marocains dans les régions frontalières du Sahara». Un rapport de la Foundation for Defense of Democracies (FDD) daté du 17 avril mentionne des déclarations de cadres du Polisario selon lesquelles «l'Iran fournirait des drones kamikazes au mouvement». La même analyse observe un redéploiement stratégique de Téhéran dans le Maghreb à travers le soutien au Polisario, qualifié d'«outil commode et malléable» par le politologue finlandais Ari Pittajavaara. Damas se désolidarise du Polisario Le revirement diplomatique de la Syrie, consécutif à la chute du régime pro-iranien de Bachar Al-Assad, a également été souligné. Les autorités syriennes ont fermé les bureaux du Polisario à Damas et réaffirmé leur soutien à l'unité territoriale du Maroc. Elles ont en outre annoncé leur volonté de «renforcer la coopération bilatérale avec Rabat et de contribuer à la stabilité régionale». Ce repositionnement marque un isolement croissant du Polisario sur la scène internationale, à l'exception notable du soutien d'Alger, rappelle encore la même source. La Conférence Ticad, créée en 1993, constitue un forum de dialogue entre le Japon, les pays africains, les partenaires internationaux et les organisations multilatérales. Elle est organisée conjointement par le Japon, les Nations unies (ONU), le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), la Commission de l'Union africaine (CUA) et la Banque mondiale. La neuvième édition prévoit près de 200 événements parallèles impliquant des acteurs publics et privés. Mais selon plusieurs analystes, «l'acceptation tacite du Polisario risque d'entacher la crédibilité du Japon, perçu comme garant d'un forum impartial et consensuel».