La diplomatie japonaise a diffusé, samedi 9 août, un document officiel signé entre le Maroc et le Japon, dont la teneur complète vient d'être réexaminée, lequel atteste que Tokyo admet expressément la compétence juridique marocaine sur l'ensemble de ses eaux, y compris celles au large du Sahara, en y encadrant l'activité de ses navires de pêche. Dans le texte, le Royaume du Maroc précise qu'«il autorise les navires de pêche japonais à opérer dans les eaux marocaines conformément à sa législation nationale». Le document ne formule aucune réserve territoriale ou maritime, englobant de facto l'ensemble du littoral, y compris celui du Sahara. Les deux Etats «s'engagent mutuellement à garantir une coopération étroite dans le domaine de la pêche maritime, dans le respect des droits des travailleurs de ce secteur». Le Maroc, pour rappel, a intégré en janvier 2020 les eaux du Sahara à son espace maritime, en votant deux lois dans ce sens. «Ces lois œuvrent à réactualiser l'arsenal juridique national», en phase avec «la souveraineté totale du royaume sur ses frontières effectives, terrestres et maritimes», avait déclaré le ministre des affaires étrangères, Nasser Bourita, avant l'adoption du texte par le Parlement à Rabat. Les lois, qui entérinent la compétence juridique du Maroc sur l'espace maritime allant de Tanger à Lagouira, à la frontière mauritanienne, ont été approuvées à l'unanimité par les députés. Des obligations réciproques Le traité japonais impose aux navires nippons de se conformer «à la législation marocaine applicable» et interdit toute activité sans autorisation accordée par Rabat. Il prévoit également que «les conditions détaillées relatives aux activités de pêche des navires japonais, y compris l'utilisation des ports marocains, seront définies d'un commun accord», et que, «en cas d'arraisonnement d'un navire japonais par les autorités marocaines, le gouvernement du Japon en sera immédiatement informé par voie diplomatique». Cette formulation, qui s'inscrit dans le cadre de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM), témoigne d'une reconnaissance explicite de la juridiction marocaine. Coopération technique et économique Outre les dispositions maritimes, l'accord favorise l'échange de compétences et le transfert de technologies entre opérateurs des deux pays. Les gouvernements encouragent «les échanges d'informations techniques et de personnel» et la création de partenariats pour une exploitation durable des ressources halieutiques. Le texte, conclu en double exemplaire et signé à Rabat par les représentants des deux gouvernements, restera en vigueur jusqu'à dénonciation formelle par l'une des parties. Perspective diplomatique à Yokohama En parallèle de cet accord, le Japon accueillera à Yokohama, du 20 au 22 août, la neuvième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (Ticad-9), placée sous le thème «Des peuples, une planète et la prospérité dans un monde en mutation». Cette rencontre, perturbée ces dernières années par les séparatistes du Polisario et leurs parrains algériens, est coprésidée par le gouvernement japonais, les Nations unies, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), la Banque mondiale et la Commission de l'Union africaine, offrira une tribune majeure pour approfondir la coopération entre le Japon et les nations africaines, y compris dans le domaine maritime. Comme nous l'avions révélé en exclusivité, le Maroc pourrait se désister de cette conférence si le Polisario y est convié.