Le Sukhoï Su-57, désigné par l'Otan sous le nom de code «Felon» et présenté par Moscou comme le chasseur furtif de cinquième génération censé rivaliser avec les plus modernes appareils occidentaux, peine à s'imposer sur le marché international. Jusqu'à présent, une seule armée étrangère s'est engagée pour cet avion : l'Algérie. Le site spécialisé National Security Journal relève deux causes majeures à cette absence de succès. Il note que «les capacités de furtivité de l'avion sont jugées nettement inférieures à celles de ses concurrents américains, les F-22 et F-35». Il ajoute que «l'industrie aéronautique russe, fragilisée par les sanctions, peine à produire l'appareil en quantité suffisante pour sa propre armée, ce qui inquiète les clients potentiels quant à la faculté de Moscou à livrer». L'Algérie, unique client confirmé (et des milliards dilapidés) Jusqu'à ce jour, la Russie ne compte qu'un seul acquéreur étranger confirmé pour le Su-57 : l'Algérie. National Security Journal souligne que «la version export du Felon n'a été proposée que récemment et la commande initiale demeure modeste, avec un total annoncé de quatorze exemplaires». Ce choix s'explique par une longue tradition militaire. «L'Algérie entretient depuis les années 1960 des liens étroits avec la Russie, ce qui en fait un partenaire naturel dans le cadre de ses efforts de renouvellement de ses capacités face aux menaces régionales», observe la publication. Parallèlement, Moscou tente de trouver d'autres débouchés. Le site rappelle que «Rosoboronexport, l'agence publique russe chargée des exportations d'armement, a annoncé en février qu'un client étranger non identifié commencerait à recevoir des Su-57 cette année, sans préciser son identité». Cette déclaration avait été faite par Alexandre Mikheïev, directeur de l'agence, à l'ouverture du salon Aero India. Une rivalité régionale comme toile de fond Pour Alger, l'acquisition du Su-57 s'inscrit dans la rivalité qui l'oppose au Maroc. Selon National Security Journal, «l'Algérie a acheté six Su-57E, version export, dont la livraison est prévue en 2025, avec des pilotes actuellement en formation en Russie». Le pays envisagerait «l'acquisition de huit unités supplémentaires pour atteindre un total de quatorze appareils». Face à cela, Rabat a entrepris sa propre montée en puissance aérienne. Le site rappelle que «le Maroc a acquis en 2019 des F-16 C/D Fighting Falcon Block 72 auprès des Etats-Unis et pourrait à terme se doter du F-35 Lightning II». Moscou, de son côté, continue de vanter son appareil. L'agence publique TASS affirmait que «le Su-57 est le seul chasseur de cinquième génération ayant démontré sa capacité à neutraliser efficacement les systèmes de défense occidentaux en situation de combat réel. L'avion peut employer un large éventail d'armements de précision et présente une signature radar réduite». Des performances en deçà des standards occidentaux Le Su-57 a été conçu pour rivaliser avec les appareils américains de dernière génération. Mais, selon National Security Journal, «l'appareil ne peut égaler pleinement ni le F-22 Raptor, ni le F-35 Lightning II». Moscou n'en déploie qu'une vingtaine d'exemplaires opérationnels, loin des ambitions initiales. Le Felon combine pourtant des caractéristiques hybrides : surfaces angulaires destinées à détourner les ondes radar, soutes internes, matériaux absorbants, ainsi qu'une supermanœuvrabilité grâce à la poussée vectorielle. Mais, comme le souligne la revue, «les Russes demeurent aux prémices du développement d'une véritable furtivité aérienne». Un journaliste indien spécialisé dans la défense, Angad Singh, cité par le site, estime d'ailleurs : «Le Felon est probablement le moins abouti des chasseurs dits de cinquième génération et aussi le moins mûr. Ce n'est pas une combinaison favorable. Je ne vois pas son utilité comme contrepoids aux développements chinois dans ce domaine». Une industrie en grande difficulté Au-delà de ses limites techniques, la question de la production demeure centrale. Selon National Security Journal, «le Su-57 est un appareil polyvalent, capable de missions de supériorité aérienne, d'attaque au sol, de reconnaissance et de guerre électronique. Ses systèmes avancés lui permettent d'évoluer dans un environnement contesté et de traiter rapidement des cibles aériennes comme terrestres. Mais la flotte russe n'en compte qu'une cinquantaine et les sanctions occidentales entravent tout effort d'accélération». L'Algérie reste ainsi, pour l'heure, le seul client étranger de ce programme que Moscou présente comme l'avenir de son aviation de combat, mais dont la viabilité à long terme demeure incertaine hors du territoire russe. Un scandale en vue ?