Après la France, l'Espagne et le Portugal, la Belgique s'apprête à franchir un pas décisif en faveur du plan marocain d'autonomie pour le Sahara. Selon Africa Intelligence, «Rabat est sur la bonne voie pour obtenir le ralliement officiel de Bruxelles à son plan d'autonomie du Sahara occidental. D'ici à la fin de l'année 2025, le gouvernement belge doit adopter un texte au Parlement fédéral qui entend reconnaître la souveraineté internationale marocaine sur le territoire.» Cette orientation a été dévoilée en mai, lors de la visite à Rabat de Georges-Louis Bouchez, président du Mouvement réformateur (MR, droite libérale et conservatrice), accompagné du député bruxellois Amin El Boujdaini. Tous deux ont été reçus par le ministre marocain de la justice Abdellatif Ouahbi pour des discussions centrées sur la coopération judiciaire et la révision de l'accord de transfèrement des détenus marocains. Africa Intelligence souligne que «sur 13 000 prisonniers incarcérés en Belgique au 1er janvier 2025, près d'un millier possèdent la nationalité marocaine, parmi lesquels moins d'un tiers sont éligibles au transfèrement.» La surpopulation carcérale, estimée à 120 %, donne un relief particulier à cette révision du traité de 1999, déjà amendé une première fois en 2007. Position diplomatique belge et coalition parlementaire Bernard Quintin, alors ministre belge des affaires étrangères par intérim, avait déclaré en janvier à Rabat que la proposition marocaine constituait «une bonne base» de règlement du différend. Devenu ministre de l'intérieur, M. Quintin a réitéré le 29 juillet, lors de la fête du Trône organisée par l'ambassade du Maroc à Bruxelles, que la position de Rabat représentait «une très bonne base». Toujours selon Africa Intelligence, le MR se déclare confiant d'obtenir une majorité au Parlement fédéral pour soutenir la reconnaissance de la souveraineté marocaine. La coalition Arizona, majoritairement à droite, ne compte aucune formation résolument opposée à cette orientation. Même le parti socialiste flamand (Vooruit), seul susceptible de s'aligner sur les positions des Nations unies, ne semble pas disposé à s'y opposer frontalement. Avec plus de 700 000 Belges d'origine marocaine – près de 6 % de la population – une hostilité explicite aux positions de Rabat représenterait un risque électoral tangible. Selon la même source, «le ralliement de certains partis de l'opposition, comme le Parti socialiste, n'est pas exclu.» Négociations socialistes et report du vote Ahmed Laaouej, chef de groupe des socialistes francophones à la Chambre, assumera le rôle de négociateur principal. Favorable à l'alignement belge sur la proposition marocaine, il ne souhaite toutefois pas «faire voter le texte à tout prix.» Selon Africa Intelligence, le PS s'opposera à tout accord qui introduirait une distinction juridique entre citoyens belgo-marocains et Belges sans double nationalité. M. Laaouej, réputé proche de l'ambassadeur du Maroc à Bruxelles, a par ailleurs convaincu la députée bruxelloise Latifa Aït-Baala de quitter le MR pour rejoindre le PS. Cette dernière, très engagée dans la défense de la position marocaine sur le Sahara, apporte un appui supplémentaire à la perspective d'un vote favorable. L'examen parlementaire, initialement prévu pour septembre, a été différé en raison de divergences persistantes au sein de la coalition Arizona concernant la guerre à Gaza et la reconnaissance d'un Etat palestinien, ce qui retarde la mise à l'agenda du texte relatif au Sahara. Mardi 2 septembre, la Belgique a emboîté le pas à la France, au Canada et à l'Australie. Bruxelles va reconnaître l'Etat de Palestine à l'Assemblée générale des Nations unies en septembre «si le dernier otage est libéré et que le Hamas n'assume plus quelconque gestion de la Palestine», a annoncé mardi le ministre des affaires étrangères belge.