La Gambie réaffirme son appui au Plan d'autonomie    Justice : Un nouveau service SMS pour suivre les plaintes et doléances    La chute du dernier masque : le régime militaire algérien vote là où son peuple ne voulait pas    Chlorure de potassium : le ministre de la Santé réfute tout conflit d'intérêts devant le Parlement    Fiscalité : le gouvernement s'apprête à examiner un nouveau décret sur la TVA    Migration de la richesse mondiale : le Maroc parmi les rares gagnants africains    Nouveaux programmes de développement territorial: les entreprises et coopératives face à un nouveau paysage d'opportunités stratégiques    Télécoms : FiberCo et TowerCo, les infrastructures mutualisées voient le jour    SGTM prépare un tournant stratégique avec son entrée en Bourse à Casablanca    Sortie de Sanae Takaichi sur Taiwan : mépris de textes ou provocation    Paris accueillera officiellement la proclamation de l'indépendance de la Kabylie le 14 décembre 2025    Terres rares : Washington "espère" finaliser l'accord avec Pékin d'ici fin novembre    Royaume-Uni : le gouvernement défend sa réforme contre l'immigration irrégulière    CAF Awards 2025 : Hakimi, Salah ou Osimhen, qui sera le joueur africain de l'année ?    Classement FIFA : le Maroc 11è mondial, 1er aux niveaux africain et arabe    Fouzi Lekjaa : le Maroc fier d'accueillir les stars du football africain    Achraf Hakimi sacré Ballon d'Or africain    Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus: 303 projets soutenus pour plus de 10 MDH    Année universitaire : Plus de 1,3 million d'étudiants inscrits dans les établissements d'enseignement supérieur    Résilience climatique au Sahel : don de plus de 9 millions de dollars US du FAD    Be Magazine : Rabat se fait une place méritée dans les grandes tendances du voyage    Festival International du Film de Marrakech : La composition du jury dévoilée    Marrakech : l'UCA inaugure l'exposition « L'Afrique aux origines de la vie »    Jameel Motors renforce sa présence au Maroc avec la distribution des véhicules utilitaires JMC    Education financière. L'ACAPS et la Banque de France unissent leurs forces    CAF Awards 2025 : Ce qu'il faut savoir sur la cérémonie de ce mercredi    Qualifs CDM 26 : Mardi décisif en Europe    Mafia : Le Maroc arrête le chef du clan d'Aprilia, activement recherché par l'Italie    A Washington, le Prince héritier d'Arabie Saoudite annonce 1.000 milliards de dollars d'investissements aux Etats-Unis    L'ambassadrice de Chine en visite à la Commune de Marrakech pour explorer les perspectives de coopération    Kénitra: Les informations sur un prétendu mariage par "la Fatiha" d'une mineure dénuées de tout fondement    Hammouchi préside la cérémonie d'excellence annuelle organisée par la Fondation Mohammed VI pour les oeuvres sociales du personnel de la Sûreté nationale    Regragui after 4–0 win : «We must arrive at AFCON as a united group»    Le Maroc redessine son modèle agricole grâce à une ingénierie financière de nouvelle génération    Rabat accueille jeudi la Conférence ministérielle africaine sur le Désarmement, la Démobilisation et la Réintégration des enfants soldats    PAM: Pas moins de 318 millions de personnes pourraient être confrontées à une crise alimentaire en 2026    Festival International du Film de Marrakech: la composition du jury de la 22e édition dévoilée    Marrakech Film Festival 2025 jury unites global cinema icons    Mélita Toscan du Plantier : Le FIFM soutient «l'émergence de nouvelles écritures autour du cinéma» [Interview]    FIFM 2025 : un jury cosmopolite et intergénérationnel    L'ambassadrice de Chine visite le Centre de langue chinoise "Mandarin" à Marrakech    Le ministère de la Santé assure l'évacuation sanitaire urgente d'un nouveau-né de Laâyoune vers Rabat    La Bourse de Casablanca ouvre en grise mine    Presionada por Trump, Argelia abandona a los palestinos en la ONU    18 Novembre : La date des dates!    Morocco shines with silver and bronze at Islamic Solidarity Games in Riyadh    Pressée par Trump, l'Algérie lâche les Palestiniens à l'ONU    L'artisanat marocain s'expose à Séville pour renforcer les liens culturels avec l'Andalousie    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Aziz Akhannouch méprise les institutions, déserte ses charges, attise la colère populaire et son silence accentue le malaise général
Publié dans Barlamane le 03 - 10 - 2025

Du jamais vu dans l'histoire récente du Maroc : l'étouffement voulu, par le chef du gouvernement et de ses équipes, d'assemblées constitutionnelles et de contrôle telles que l'Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC), le Parlement (Chambres des représentants et des conseillers), le Haut Commissariat au Plan (HCP), la Banque centrale (BAM) et le Conseil économique, social et environnemental (CESE). Ces organismes, dont le rôle devrait être indépendant, de diagnostic, de prévision ou de régulation, sont mis au banc des accusés pour avoir subi des tentatives de discrédit, des critiques publiques de la part d'Aziz Akhannouch et de son cabinet, voire des restrictions dans leur capacité à diffuser leurs rapports ou à mener leurs missions pleinement. Ce silencieux affaiblissement contraste violemment avec le triomphalisme officiel et creux brandi par M. Akhannouch, qui vante un redressement institutionnel et économique alors que la rue brûle et les corps dont la mission est de contrôler, conseiller ou alerter voient leurs marges d'action réduites ou leurs conclusions mises en doute. Suicide et aveuglement volontaires.
Cet été, Aziz Akhannouch, chef du gouvernement marocain et président du conseil communal d'Agadir, a traversé une tourmente politique sans précédent; accusé de négligence, d'arrogance institutionnelle et d'indifférence aux souffrances sociales. Son absentéisme au sein du conseil communal, son mépris supposé envers les instances constitutionnelles et son incapacité à répondre aux aspirations populaires alimentent une contestation qui s'amplifie dans les rues comme dans les institutions. À Agadir, ville dont il préside le conseil communal depuis 2021, M. Akhannouch a manqué trente-cinq séances de travail, un chiffre considéré comme une anomalie par de nombreux élus locaux. Ses adversaires l'accusent de s'être désengagé de la gestion quotidienne de la cité, tout en programmant des apparitions médiatiques soigneusement scénarisées.
Avant quelques semaines, plusieurs photographies diffusées par ses proches l'ont montré, vêtu sobrement et entouré de ses gardes du corps, arpentant les allées d'un parc public, dans une ville où les habitants se plaignent de services municipaux déficients. L'opposition a résumé ce paradoxe: «C'est un véritable exploit que le président de la commune daigne se promener dans le parc, lui qui se dérobe aux réunions de son conseil et aux responsabilités que lui a confiées la population.» La même opposition a relevé l'état préoccupant des quartiers périphériques: «Les tas d'ordures, l'obscurité persistante, l'insalubrité, voilà la réalité de la ville. Une déambulation nocturne n'efface pas le sentiment d'abandon vécu par les habitants.»
Vacances en Sardaigne et décalage symbolique
Au même moment, une photographie diffusée sur les réseaux sociaux a révélé M. Akhannouch en villégiature dans l'île italienne de Sardaigne. Cet instantané a outré une partie de l'opinion, dans un pays où le gouvernement dépense des millions de dirhams pour promouvoir le Maroc comme destination touristique. Les critiques y ont vu l'expression d'un double langage: promouvoir la «destination Maroc» pour les étrangers, tout en privilégiant pour soi-même les rivages méditerranéens étrangers. Cette contradiction, largement commentée dans la presse nationale, a ravivé le sentiment d'un fossé entre gouvernants et gouvernés.
Manifestations sociales inédites après un drame hospitalier
La défiance envers M. Akhannouch s'est accentuée après la mort, à l'hôpital public d'Agadir, de huit femmes enceintes admises pour césariennes. Ce drame a déclenché une vague de manifestations spontanées dans plusieurs grandes villes, notamment Rabat, Casablanca, Marrakech et Agadir. À Rabat, pour la sixième soirée consécutive, des centaines de jeunes Marocains ont défilé jeudi soir, brandissant des drapeaux nationaux et scandant: «Le peuple veut la santé et l'éducation.» Un collectif anonyme, fort de 150 000 membres sur une plate-forme de discussion en ligne, a publié un communiqué qui exigee «la dissolution du gouvernement pour son incapacité à protéger les droits constitutionnels et à répondre aux besoins élémentaires des citoyens.»
Trois morts dans la nuit de Lqliaâ
Cependant, la nuit de mercredi à jeudi a été marquée par des violences dans plusieurs localités. À Lqliaâ, près d'Agadir, trois personnes ont trouvé la mort. Le porte-parole du ministère de l'intérieur, Rachid El Khalfi, a affirmé qu'elles avaient tenté «de prendre d'assaut une brigade de gendarmerie pour s'emparer d'armes de service et de munitions.» Il a ajouté que les gendarmes avaient agi «en légitime défense.» Les autorités locales, qui avaient d'abord évoqué deux morts, ont rectifié le bilan. Le collectif à l'origine des manifestations a de son côté exhorté les protestataires «à maintenir le caractère pacifique du mouvement et à rejeter toute forme de violence.»
Mépris affiché envers les institutions constitutionnelles
Sur le plan institutionnel, M. Akhannouch est accusé d'ignorer ou de marginaliser les organes constitutionnels. Depuis son arrivée à la primature en octobre 2021, il n'a convoqué aucun des rendez-vous statutaires de plusieurs commissions centrales, comme celle érigée contre la corruption. Or, le texte fondateur impose au minimum deux réunions annuelles. Il a, par ailleurs, ouvertement critiqué les rapports du Haut commissariat au plan (HCP), en contestant ses prévisions économiques ainsi que les analyses de Bank Al Maghrib (BAM). De même, les avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE) ont été publiquement dénigrés. Plusieurs observateurs estiment que ces attaques traduisent une volonté d'imposer une lecture exclusive de la réalité nationale, au détriment du pluralisme institutionnel prévu par la Constitution.
Trente-cinq jours de vacance gouvernementale
Au-delà du terrain municipal, l'action gouvernementale elle-même a été suspendue pendant trente-cinq jours, entre le 24 juillet et le 28 août 2025. Durant cette période, aucun conseil de gouvernement ne s'est tenu, malgré les obligations prévues par la Constitution. Cette vacance a soulevé des interrogations juridiques et politiques. Lorsque le conseil s'est finalement réuni, il s'est limité à l'examen de projets de textes législatifs, à la ratification d'un accord international et à la nomination de responsables. Pour beaucoup, cette reprise tardive a symbolisé un exécutif affaibli, réduit à la gestion administrative après une longue parenthèse.
Un Maroc en recul dans la lutte contre la corruption
Les critiques à l'égard de M. Akhannouch trouvent un écho dans les classements internationaux. Selon le rapport publié le 11 février 2025 par Transparency International, le Maroc a obtenu un score de 37 points sur 100 dans l'indice de perception de la corruption, reculant à la 99e place mondiale sur 180 pays. En 2018, il se situait encore à la 73e position avec 43 points. Transparency Maroc a annoncé en février avoir suspendu sa participation à la commission nationale de lutte contre la corruption, dénonçant l'absence de toute convocation par le chef du gouvernement depuis trois ans. De son côté, l'Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC) a estimé que la corruption coûtait cinq milliards de dollars par an au royaume, rappelant que le Maroc n'a progressé que d'un seul point en vingt ans sur cet indice.
Un climat de défiance et une société en attente
Dans ce contexte, la communication gouvernementale, qui met en avant un taux de réalisation de 76 % des objectifs de la stratégie nationale de lutte contre la corruption (2015-2025), apparaît largement contestée. Les acteurs associatifs y voient une proclamation déconnectée de la réalité quotidienne, où les lenteurs administratives, les passe-droits et les services déficients demeurent omniprésents. Le contraste entre ces déclarations officielles et la perception des citoyens nourrit une défiance croissante. Pour nombre d'observateurs, l'absence du chef du gouvernement dans la gestion quotidienne, son hostilité vis-à-vis des institutions de contrôle et le décalage de son style de vie avec les préoccupations populaires créent un climat d'instabilité politique et sociale. «Il est à craindre que l'éloignement de M. Akhannouch du terrain et son mépris affiché envers les instances constitutionnelles n'aboutissent à une rupture durable entre le gouvernement et la société», avertit un éditorialiste.
Entre absences répétées, attaques contre les institutions, immobilisme gouvernemental et contestation sociale, Aziz Akhannouch se retrouve aujourd'hui au centre d'une tourmente où se mêlent colère populaire et critiques acerbes contre son action publique. Son incapacité présumée à répondre aux attentes d'un pays en quête de justice sociale, de probité et de gouvernance responsable fragilise plus que jamais son autorité politique et interroge la stabilité de l'exécutif.
La cherté de la vie, nourrie par une inflation persistante, continue par ailleurs de peser sur les ménages. Derrière les hausses successives des prix se dessine une mécanique où les conflits d'intérêts brouillent les repères entre décisions économiques et calculs particuliers, une accusation qui pèse lourdement sur le gouvernement dirigé par le RNI. Les arbitrages publics se heurtent souvent aux logiques de rente et aux privilèges d'acteurs qui profitent des déséquilibres du marché, laissant les citoyens confrontés à une érosion constante de leur pouvoir d'achat. À moins qu'un changement se profile.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.