Deux individus ont été déférés devant le parquet de Dakar pour leur implication présumée dans une vaste escroquerie liée à la production frauduleuse de visas serbes et moldaves, a rapporté la presse sénégalaise. Selon les premiers éléments de l'enquête menée par la Division nationale des investigations criminelles (DNIC), l'affaire met au jour un circuit de migration clandestine s'étendant du Sénégal au Maroc, avec l'Europe comme destination finale. Les premiers plaignants ont affirmé avoir versé d'importantes sommes d'argent à un intermédiaire leur promettant l'obtention rapide d'un visa pour la Serbie ou la Moldavie, censé faciliter un passage terrestre vers l'Italie. Selon les constatations des enquêteurs, chaque candidat devait s'acquitter d'un acompte minimal de 500 000 francs CFA (environ 8 100 dirhams), pour un montant total atteignant environ 2 700 000 francs CFA (près de 43 800 dirhams) par personne. L'une des victimes, ayant cru obtenir un véritable visa serbe, aurait découvert lors de son passage à l'aéroport international Blaise-Diagne (AIBD) que le document était falsifié et dépourvu de toute validité. Interpellé, le principal suspect a reconnu avoir perçu ces sommes pour le compte d'un complice, présenté comme ingénieur en informatique, lequel a admis les faits en précisant que leur commission commune s'élevait à 200 000 francs CFA (près de 3 250 dirhams), le reste devant être reversé à une tierce personne. Des ramifications jusqu'au Maroc Toujours selon la presse sénégalaise, les deux prévenus ont mentionné le nom d'une femme, dirigeant une agence de voyages installée au Maroc, soupçonnée d'être à la tête du dispositif. Cette dernière aurait conçu les faux visas avec la complicité d'un ressortissant marocain employé au consulat de Serbie à Rabat. Les documents falsifiés auraient ensuite permis l'acheminement de migrants vers l'Italie, par l'intermédiaire d'un passeur connu sous le pseudonyme de Khadim. La DNIC poursuit activement ses investigations afin de localiser les deux autres protagonistes présumés de cette filière transnationale. L'enquête, confiée au parquet, devrait déterminer l'étendue du réseau et ses éventuelles ramifications diplomatiques ou administratives. La presse sénégalaise rapporte que les aveux recueillis jusqu'à présent confirment l'existence d'une chaîne bien structurée exploitant la détresse de candidats à l'émigration, prêts à s'endetter lourdement pour obtenir de faux documents censés ouvrir la voie à l'Europe. Les autorités judiciaires se réservent désormais d'élargir les poursuites aux complices identifiés au Maroc et aux intermédiaires actifs sur le territoire sénégalais.