A la veille de la réunion du Conseil de sécurité sur le mandat de la MINURSO, le Front Polisario a adressé une lettre au président du Conseil, exprimant son rejet du projet de résolution américain. Il estime que le texte représente une «déviation grave et sans précédent» par rapport aux principes du droit international. A la veille de la tenue de la séance fermée de consultations du Conseil de sécurité au niveau des experts sur la mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO), le Front Polisario a envoyé une lettre à Vassily Nebenzia, représentant permanent de la Russie auprès de l'ONU et président actuel du Conseil de sécurité. Le mouvement séparatiste a exprimé son rejet du projet de résolution diffusé le 22 octobre par les Etats-Unis aux membres du Conseil en tant que porteur du texte. Dans la lettre signée par le représentant du Front Polisario auprès de l'ONU et coordinateur avec la MINURSO, Sidi Mohamed Amar, il est indiqué que ce projet «reflète la position nationale» des Etats-Unis et serait «un dérapage grave et sans précédent, non seulement par rapport aux principes du droit international sur lesquels repose la question du Sahara occidental en tant que sujet de décolonisation, mais aussi par rapport aux règles sur lesquelles le Conseil de sécurité traite cette question». Le Front Polisario a ajouté que le projet de résolution «contient des éléments qui sapent les fondements du processus de paix de l'ONU au Sahara occidental et constituent une violation grave du statut international de la région». La lettre souligne également que le Front reste attaché à la réalisation d'une «paix juste et durable pour laquelle il a consenti de lourds sacrifices depuis le début du processus de paix dirigé par l'ONU au Sahara occidental», en faisant référence à sa «proposition élargie», soumise au secrétaire général de l'ONU le 20 octobre 2025 et reprenant des positions déjà défendues par sa direction. «Le Front Polisario affirme que si le projet de résolution est adopté sans prendre en compte et traiter efficacement les éléments mentionnés ci-dessus, il ne participera à aucun processus politique ni à aucune négociation basée sur le contenu de ce projet.» Lettre du Polisario au président du Conseil de sécurité Le Front Polisario se dit confiant dans le respect par les membres du Conseil de sécurité des principes et objectifs de la Charte des Nations unies ainsi que les principes du droit international pertinents pour le Sahara, et s'en inspireront. Le mouvement séparatiste a en outre exhorté les «parties prenantes» à user de leur influence de manière «constructive», pour créer les conditions permettant aux deux parties, le Polisario et le Maroc, de s'engager dans des négociations sérieuses, crédibles et limitées dans le temps, sans conditions préalables et de bonne foi, sous l'égide de l'ONU. Un projet de résolution en rupture avec ceux d'avant Le projet de résolution diffusé par les Etats-Unis constitue une rupture avec les précédents, accordant aux parties seulement trois mois pour parvenir à une solution à ce conflit vieux de cinq décennies. Dans sa version initiale, le projet exprime son plein soutien au secrétaire général et à son Envoyé personnel, Staffan de Mistura, dans leurs efforts pour faire avancer le processus politique, y compris les consultations avec le Maroc, le Front Polisario, l'Algérie et la Mauritanie, afin de bâtir sur les progrès réalisés. Le projet souligne également le soutien exprimé par les Etats membres à la proposition marocaine d'autonomie, qualifiée de «sérieuse, crédible et réaliste», considérée comme «la base la plus crédible pour une solution juste et durable au conflit». Il salue «le leadership du président américain Donald Trump» dans la résolution du différend au Sahara occidental et invite les parties à s'engager sans délai dans des discussions en utilisant la proposition marocaine d'autonomie comme unique cadre de négociation, tout en félicitant les membres du Conseil pour leur engagement à faciliter les progrès. Le projet de résolution, dans son paragraphe cinq, salue la disposition des Etats-Unis à accueillir les négociations entre les parties, renforçant ainsi la mission de l'envoyé personnel visant à parvenir à une solution durable pour le Sahara et la région. Il prévoit la prolongation du mandat de la MINURSO jusqu'au 31 janvier 2026 et appelle les parties à participer aux négociations sans délai ni conditions préalables, afin de parvenir, avant la fin du mandat de la MINURSO, à une solution politique finale et acceptable par les deux parties, «garantissant une véritable autonomie au sein de l'Etat marocain, tout en assurant le droit à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental». Enfin, le projet de résolution demande au Secrétaire général de présenter des rapports réguliers au Conseil de sécurité, «chaque fois qu'il le jugera nécessaire pendant la période du mandat, notamment un briefing six semaines après le renouvellement du mandat, un autre avant son expiration, et de formuler des recommandations concernant la transformation ou la cessation de la mission de la MINURSO en fonction des résultats des négociations». Article modifié le 24/10/2025 à 21h04