L'Association marocaine des droits humains a publié un rapport préliminaire sur les manifestations de la «Génération Z», révélant que plus de deux mille personnes ont été détenues dans différentes villes du royaume, dont des centaines de mineurs. Dans certains cas, les peines ont atteint jusqu'à quinze ans d'emprisonnement. L'association tient l'Etat pleinement responsable des événements, impliquant dds violences et des morts parmi les manifestants. L'Association marocaine des droits humains a dévoilé, ce vendredi à Rabat, un rapport préliminaire sur les manifestations de la «Génération Z» qui ont secoué plusieurs villes du royaume. Le document révèle que 2 068 personnes ont été arrêtées et mises en accusation. Parmi les individus interpellés, 1 088 sont actuellement en détention, 596 ont été relâchés, et 233 ont déjà été condamnés. L'association précise que ces chiffres demeurent provisoires, en raison des arrestations régulières dans plusieurs localités. Elle souligne que les autorités continuent d'appréhender des personnes sur la base de vidéos partagées sur les réseaux sociaux ou d'informations collectées sur le terrain par les forces de sécurité. Le rapport indique que parmi les condamnations prononcées, quatre concernent des peines de 15 ans de prison, une de 12 ans, 31 de 10 ans, trois de 6 ans, et deux de cinq ans. De plus, des centaines d'autres peines allant d'un à trois ans ont été infligées, touchant même des mineurs dans des villes telles qu'Al Hoceima. «Cette vague de condamnations sévères vise à intimider les manifestants et à dissuader les rassemblements, conformément à l'approche sécuritaire adoptée.» AMDH Des mineurs poursuivis sans que les parents ne soient informés Le rapport met en lumière que plus de 330 mineurs sont poursuivis, certains ayant été interrogés sans la présence de leurs tuteurs légaux. Bien que certains aient été libérés et remis à leurs familles, l'association exprime son inquiétude quant à la poursuite de certains pour des accusations criminelles graves, considérant cela comme une violation flagrante des droits des enfants protégés par la loi. Le document détaille également le nombre de personnes poursuivies dans différentes villes. À Rabat, 192 arrestations ont été recensées. À Témara, 95 personnes ont été arrêtées, dont neuf, parmi lesquelles une jeune femme, ont écopé d'un an de prison. À Zagora, cinq cas ont été enregistrés, avec un en détention et quatre libérés. À Berkane, 51 personnes ont été arrêtées, dont 11 sont poursuivies en détention. Trois jeunes hommes ont été condamnés à des peines de prison, deux à deux ans et un à un an et demi, tandis que 15 mineurs ont été orientés vers des institutions de protection sociale. À Casablanca, 80 arrestations ont eu lieu, avec 44 personnes poursuivies en détention. L'association note que certains détenus de la ville ont été arrêtés en lien avec des incidents sur l'autoroute, malgré des preuves de leur absence sur les lieux. L'AMDH tient l'Etat pour responsable des événements L'association affirme que la plupart des détenus ont été présentés au procureur après leur garde à vue dans des conditions difficiles, que ce soit devant les tribunaux de première instance ou d'appel. Elle déplore que beaucoup n'aient pas pu désigner d'avocats pour leur défense, et que certaines familles n'aient été informées de l'arrestation de leurs proches que plusieurs jours après. Elle souligne également que les normes de procès équitable n'ont pas été respectées dans de nombreux cas, notamment en ce qui concerne l'enquête approfondie sur les accusations, la présomption d'innocence, et l'examen des allégations de torture ou de mauvais traitements, sans qu'aucune enquête indépendante ne soit ouverte. L'AMDH tient l'Etat pleinement responsable des événements, y compris des décès et des violences parmi les manifestants. Elle insiste sur la nécessité d'ouvrir des enquêtes indépendantes et impartiales pour établir les responsabilités et traduire en justice les personnes impliquées. Enfin, l'AMDH appelle à un respect effectif des droits et libertés, conformément aux pactes internationaux et aux lois nationales. Elle exhorte à protéger le droit de s'organiser, de s'exprimer et de manifester pacifiquement sans restriction ni contrainte. Elle insiste également sur la nécessité pour les forces de l'ordre de respecter les principes de légalité, de nécessité et de proportionnalité, garantissant la dignité humaine. L'association appelle à libérer tous les détenus liés aux manifestations pacifiques, notamment ceux du Mouvement du Rif et ceux arrêtés pour leurs opinions.