400 millions de DH, c'est le capital du premier groupe marocain des nouvelles technologies. Un groupe qui détient d'ores et déjà neuf participations minoritaires aux Etats-Unis, en plus des entreprises marocaines, et qui n'est pas prêt de s'arrêter là ! Challenge Hebdo : comment avez-vous été approché par Othman Benjelloun pour la création de Finatech Group? Rachid Sefrioui : l'origine de ce projet remonte en réalité à 1999. A l'époque, je souhaitais quitter le Maroc car, à mes yeux, il n'y avait plus grand chose d'intéressant à faire chez Wafa Trust. J'avais fini ma mission de restructuration, et les conclusions auxquelles j'étais parvenu n'avaient pas été prises en compte. J'ai donc décidé de créer un fond technologique finançant et animant des start-up et des PME dans la Silicon Valley. J'étais à la recherche de fonds. J'ai frappé à la porte de Othman Benjelloun et il a adhéré au projet au-delà de mes espérances, même si le Maroc ne pouvait pas encore profiter de ce fonds, puisqu'à l'époque, le portable n'était pas encore très développé, même Maroc Télécom n'était pas encore privatisé et l'on venait à peine d'octroyer la seconde licence. Mais voilà ce qu'il m'a répondu: «je veux être au même niveau technologique que les Japonais ou les Américains». Il y croyait même plus que moi. J'ai fondé alors Finaventures, et nous avons gardé contact régulièrement, jusqu'en 2006, où il m'a demandé de commencer à réfléchir à un projet pour le Maroc. A partir de juin 2007, et en quatre mois seulement, nous avons pris le contrôle de 18 entreprises pour un montant qui représente environ 70% de notre capital (ndlr : 400 millions de DH). Et cerise sur le gâteau, aucune information n'a filtré durant tout ce temps. C. H. : votre groupe est désormais composé de 18 entreprises. Comment se décline concrètement la synergie entre ces différentes entités, qui, rappelons-le, sont chacune dans des métiers différents mais complémentaires? R. S. : nous avons déjà commencé par réunir tous les directeurs généraux, les directeurs financiers et techniques, les 15 et 16 décembre derniers à Fès. Nous leur avons présenté un tableau de bord de synergie. En termes pratiques, cela permet par exemple aux commerciaux des différentes entreprises du groupe de savoir quels sont les clients ou les produits proposés par les autres entités, afin de pouvoir éventuellement proposer des offres complémentaires. Autrement dit, faire de la vente croisée grâce au partage de bases de données. De même pour nos acheteurs, cela leur permet de connaître les fournisseurs des entreprises du groupe, ce qui rend possible la constitution d'une task force pour négocier de meilleures conditions. Même si nous n'avons pas de centrales d'achat. Pour rendre cette communication possible, nous avons non seulement mis en place un intranet, mais en plus nous tenons une conférence call de deux heures tous les lundis matins avec les différents dirigeants. C. H. : quelle a été la principale motivation de ces entrepreneurs pour intégrer votre groupe et surtout vous donner le contrôle de leur entreprise? R. S. : tout d'abord, leur entrée dans le groupe a été conditionnée par l'unicité et la sélectivité. Je m'explique. Chaque entreprise est la seule entreprise du groupe à exercer le métier sur lequel elle est positionnée. Ensuite, nous leur offrons une approche groupe à forte valeur ajoutée opérationnelle. Par exemple, sur le plan du capital humain, auparavant, ces entreprises de taille moyenne géraient leurs ressources humaines de façon arbitraire. Nous avons réalisé un audit du capital humain dans toutes les entreprises du groupe pour aboutir à une évaluation basée sur des critères objectifs, tels que le management par objectif... Et puis, grâce à l'ouverture prochaine de notre capital à tous les institutionnels marocains qui souhaitent nous joindre, cela permet d'espérer des possibilités de financement et de développement importants. C. H. : avez-vous essuyé des refus parmi les entreprises que vous aviez sélectionnées? R. S. : ce n'est pas pour paraître prétentieux, mais toutes les entreprises que nous avons approchées ont accepté notre offre. Et puis, nous sommes encore en cours de négociation avec quatre autres entreprises marocaines, qui peut-être nous rejoindrons très rapidement. De toute façon, notre programme d'acquisition est appelé à se poursuivre aussi bien sur le plan national qu'international. A ce propos, notre budget n'est pas de 200 millions de DH comme cela a été écrit dans la presse. Il va de zéro à l'infini… C. H. : parlez-nous de votre programme d'acquisition à l'international? R. S. : notre objectif premier est de contrôler le destin de nos entreprises. Si aujourd'hui elles sont des sous-traitants d'entreprises européennes qui elles, disposent du portefeuille des clients ultimes, des clients finaux, et bien le fait de les acquérir permet d'assurer la pérennité des commandes pour les entreprises marocaines et d'être dans une situation confortable pour développer des activités à forte valeur ajoutée. Actuellement, nous sommes en négociation avec une douzaine d'entreprises aussi bien en Europe (Espagne, Italie, France, …), qu'aux Etats-Unis, ou encore en Asie (Inde, Taïwan, Chine,…). Vous savez, dans le domaine de la technologie, on ne peut pas se permettre de rester focalisé sur son pays, car la technologie se réinvente tous les 18 à 36 mois. Il faut toujours rester à l'affût.