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Najib Akesbi, universitaire (Institut agronomique et vétérinaire Hassan II) : «Le plan d'urgence n'est que du replâtrage»
Publié dans Challenge le 26 - 05 - 2007

Les prévisions relatives à la prochaine campagne agricole donnent froid dans le dos. Baisse des revenus, aggravation du chômage, extension de la pauvreté, difficultés d'approvisionnement… Voilà ce qui risque de se passer.
Challenge Hebdo : faut-il s'inquiéter des chiffres qui prévoient cette année une récolte de près de 20 millions de quintaux ?
Najib Akesbi : en fait, l'inquiétude est malheureusement déjà une certitude. Le chiffre vient
de tomber et il est catastrophique : les premières estimations de la récolte céréalière telles que le gouvernement vient de les annoncer ne comptent guère sur plus de 20.5 millions de quintaux, c'est tout simplement l'une des cinq plus mauvaises récoltes des cinquante dernières années !
C. H. : qu'est-ce que cela pourrait impliquer ?
N. A. : plusieurs choses. La première est un marasme assez général dans le monde agricole et rural puisque, ne l'oublions pas, la céréaliculture concerne près des deux tiers des terres cultivables du pays et l'écrasante majorité de la paysannerie marocaine. Les implications, ce sont donc d'abord une baisse drastique des revenus, une aggravation du chômage, l'extension de la pauvreté, d'énormes difficultés pour entamer la prochaine campagne, et plus encore pour tenir jusqu'à la prochaine récolte… Ce sont encore des problèmes pour certaines industries agroalimentaires en aval, qui auront sans doute des difficultés d'approvisionnement, surtout dans le contexte actuel de hausse sensible des cours mondiaux. Ce sont enfin et surtout des effets négatifs en chaîne sur l'ensemble de l'économie, ce qui ramène les perspectives de croissance pour 2007 à un niveau trois fois plus faible que celui enregistré en 2006… Oui, à ceux qui prétendent que l'économie marocaine est en train de « s'affranchir » du poids de l'agriculture, il suffit de leur opposer les faits et les chiffres, leurs propres chiffres, à commencer par ceux de ces deux dernières années : en 2006, la production céréalière dépasse 90 millions de quintaux et le taux de croissance du PIB global atteint 8.1%, puis en 2007, la production des mêmes céréales s'effondre à 20 millions de quintaux, ce qui entraîne -selon les prévisions officielles- une chute du taux de croissance à moins de 3%… Cela se passe de commentaires. Si on prend du recul pour examiner les courbes d'évolution sur une longue période (25, 30 ans…) de la production céréalière et de l'économie dans son ensemble (matérialisée par le PIB), on constate une corrélation quasi-parfaite entre les deux phénomènes, ce qui permet d'en conclure qu'un demi-siècle après l'indépendance, le principal déterminant tangible de l'évolution de l'économie marocaine, pour le meilleur et pour le pire, n'est autre que «la pluie et le beau temps» ! Le reste n'est que littérature…
C. H. : pensez-vous que les mesures du plan d'urgence (protection du cheptel, approvisionnement en semences…) soient suffisantes dans pareilles circonstances ?
N. A. : ce que les responsables appellent plan d'urgence n'est autre que du replâtrage et des mesurettes destinés à parer au plus pressé dans certaines régions et en faveur de certains agriculteurs. Elles sont devenues classiques et ne répondent ni aux vrais problèmes de l'agriculture et du monde rural, ni même aux seuls besoins occasionnés par la sécheresse, sans compter les dérapages et les détournements divers auxquels ces opérations donnent lieu désormais de manière toute aussi classique…
C. H. : que préconisez-vous ?
N. A. : si personne ne peut rien contre les caprices du climat, on peut en revanche faire beaucoup pour mieux gérer les ressources hydriques dont on dispose, en commençant par repenser totalement notre politique de l'eau et des investissements hydrauliques. Ceci dit, cela fait cinquante ans que l'agriculture marocaine attend les réformes de structure incontournables, les seules à même de lui permettre de gagner en productivité et en compétitivité : statuts juridiques des terres, structures foncières des exploitations, localisation des productions en fonction du potentiel agricole des terres, accès aux facteurs de production, recherche et formation des agriculteurs, organisation des marchés agricoles, conditions de financement… On le voit, les chantiers de réforme ne manquent pas, et l'incapacité des gouvernements qui se sont succédés jusqu'à présent à entamer le début du commencement d'une quelconque réforme est plus qu'une erreur, une faute dont nous continuerons pendant longtemps encore à payer un prix de plus en plus exorbitant.


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