Elections législatives : les concertations démarrent    Résultats financiers : Aradei Capital affiche une forte dynamique    Résultats Trimestriels : BCP capitalise sur la dynamique sectorielle    CRISPR-Cas9 : les leçons de l'expérience française pour accélérer l'innovation au Maroc    Le général de brigade Abdellah Boutrig nommé à la tête de la DGSSI    Casablanca: Enfin des toilettes publiques dans la ville!    La pépite marocaine Eliesse Ben Seghir rejoint la Bundesliga    Agadir : Deux réseaux de criminalité numérique démantelés par la police    Les prévisions du lundi 1er septembre 2025    L'Agence du médicament interdit les produits cosmétiques contenant du TPO    DGSSI : Redessiner la ligne de défense numérique    Infrastructures sportives: Le Grand Stade de Tanger sera prêt fin septembre    Officiel : Bilal El Khannouss rejoint le VfB Stuttgart    Rentrée scolaire 2025-2026 : Fourniture scolaire, à quel prix ? Reportage    Madagascar célèbre ses héros après leur qualification en finale de la Coupe d'Afrique des Nations des joueurs locaux    Somalie. Un compromis trouvé sur les modalités des élections à venir    Tourisme. Des recettes historiques et une croissance soutenue    Chine. Xi Jinping veut renforcer le bloc de Shangai    La Marine Royale et la Marine américaine réalisent un exercice conjoint à Casablanca pour renforcer les compétences techniques    Burkina Faso. Un nouveau souffle pour la sécurité routière avec l'alcootest    FIFM 2025 : Le réalisateur oscarisé Bong Joon Ho, président du jury de la 22e édition    Le Moussem culturel international d'Asilah revient pour sa 46e édition    Mohammedia : Attaque meurtrière dans un campement de migrants soudanais    Gaza : un plan américain prévoit le déplacement total de la population    Réunion jeudi du Conseil de gouvernement : Voici l'ordre du jour    Les étudiants marocains jouissent en France d'une réputation d'excellence (Campus France)    Le Maroc, leader africain du dessalement, entre innovation technologique et développement durable    Ligue 1: Nayef Aguerd va signer à l'OM    Salon du cheval : La 16e édition, du 30 septembre au 5 octobre    Qualifs CDM 26 : Le Niger de Zaki s'est entrainé dimanche sur le terrain annexe du Complexe sportif Mohammed V    Wydad : Assemblée générale fixée au 15 septembre    Flux migratoires orientés, sanctions économiques implicites : l'Algérie convertit sa rivalité avec le Maroc en levier contre Paris et Madrid, mais épargne Londres et Washington    Quand "Le Monde" prend le Maroc pour un décor    Mineurs : le gouvernement espagnol déclare l'état d'urgence migratoire à Sebta et Melillia    Xi Jinping appelle les Etats membres de l'OCS à poursuivre la recherche des bénéfices mutuels et des résultats gagnant-gagnant    Pour briser le blocus : Une 3ème flottille humanitaire part de Barcelone pour Gaza    Aéroport de Zagora: Incendie maîtrisé à la tour de contrôle    Les étudiants marocains jouissent en France d'une réputation d'excellence    Abdellatif Hammouchi se rend chez la famille du policier tué à Imouzzer    Gaza : Face au massacre des journalistes, une cinquantaine de médias à travers le monde occultent leurs Unes    Feux de forêt au Canada: Près de 140 incendies actifs en Colombie-Britannique    Cinéma : entrée en vigueur de la réforme du CCM et de l'industrie du cinéma    Mostra de Venise : Le Maroc, un partenaire stratégique dans la coproduction cinématographique    Atlas Programs : Le FIFM renforce son ancrage professionnel avec Atlas Distribution Meetings    Clôture de Ciné Plage Harhoura : le film "Mon Père n'est pas mort" remporte le grand prix    Association Doukkala : Azemmour, Territoire, Identité, Avenir, au coeur d'une vision partagée !    13e édition du Festival international du Malhoun : "Malhouniyat « Le patrimoine du Malhoun au service des constantes de la Nation ».    L'ancienne ambassadrice de l'UE au Maroc Patricia Llombart prend la direction africaine du Service européen pour l'action extérieure    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Badr Ikken: «Le potentiel de production d'hydrogène vert pourrait dépasser les 10 millions de tonnes par an»
Publié dans Challenge le 12 - 03 - 2024

Un an après la réunion stratégique sur la filière hydrogène, l'offre Maroc vient d'être achevée par le gouvernement. Dans cette interview accordée à Challenge, Badr Ikken, ancien Directeur Général de l'Iresen et Managing Partner du Cabinet Gi2 spécialisé en transition énergétique, fait le point sur ce nouveau chantier hautement important pour le Maroc.
Quels enjeux pour la feuille de route de l'Offre Maroc ?
L'hydrogène vert représente une opportunité stratégique majeure pour le Maroc, compte tenu de ses abondantes ressources renouvelables, parmi les plus élevées au monde, et de sa proximité avec l'Union européenne, qui ambitionne de diversifier ses sources d'énergie et de réduire sa dépendance aux combustibles fossiles. En développant sa capacité de production d'hydrogène vert, notre pays pourra renforcer sa sécurité énergétique en réduisant sa dépendance aux importations de combustibles fossiles et décarboner son économie afin d'atteindre ses objectifs de lutte contre le changement climatique.
En mettant en place une stratégie claire et transparente, le Maroc rassure les investisseurs sur les processus de mise en œuvre et assure l'émergence d'une filière compétitive d'hydrogène vert dans notre pays. Les milliards d'investissements prévus par le secteur privé permettront un développement économique conséquent et une création de nouveaux emplois dans les technologies vertes sur tous les maillons de la chaîne de valeur, notamment dans les secteurs industriels des composants de centrales solaires et de parcs éoliens, d'osmoseurs pour le dessalement d'eau de mer, d'électrolyseurs, de compresseurs, de piles à combustibles, d'infrastructures énergétiques de transport et de stockage, ainsi que dans une multitude de services en amont et en aval.
La production et l'exportation d'hydrogène vert et de ses dérivés contribueront également à renforcer la position de notre pays en tant qu'acteur clé sur le marché énergétique mondial, notamment vis-à-vis de nos voisins européens, qui cherchent à sécuriser des sources alternatives et durables d'énergie.
L'objectif est de capter un maximum de valeur ajoutée, et l'approche intégrée développée par les pouvoirs publics est très pertinente car elle permet d'encourager le développement économique régional à travers la priorisation de l'allocation des terrains et une intégration industrielle massive de la chaîne de valeur de l'hydrogène vert dans le cadre de la charte d'investissement.
Plusieurs actions concrètes ont été initiées depuis cinq ans pour renforcer les capacités et mettre en place des infrastructures de recherche. Il sera nécessaire d'encourager encore plus la recherche et développement et d'allouer une part significative des investissements dans la R&D pour améliorer les technologies, baisser les coûts et accompagner l'industrie nationale afin de devenir un leader dans la production et l'exportation d'hydrogène vert, mais également un acteur majeur du développement des technologies propres et des services y afférents.
Lire aussi | Hydrogène vert: Le gouvernement dévoile l' »Offre Maroc », en voici les principaux points
Le foncier a toujours été une véritable problématique, comment dans le chantier de l'hydrogène, l'on compte dépasser cette contrainte ?
Pour éviter les contraintes de foncier et de terrain, notamment la préemption et la spéculation, dans le cadre du développement de projets d'hydrogène vert, l'offre Maroc adopte une approche structurée et cadrée, en s'inspirant des meilleures pratiques internationales. La planification et le zonage des terrains ont été effectués en tenant compte des aspects environnementaux, sociaux et économiques afin d'éviter les conflits d'usage, notamment la concurrence de zones agricoles ou la limitation du développement urbain. Les terrains non productifs et dégradés sont priorisés, mais nous assisterons également à des évolutions intégrées intéressantes qui permettront, par exemple, la valorisation agricole de terrains semi-désertiques, la réhabilitation minière et l'émergence de vallées et d'oasis d'hydrogène vert qui contribueront au développement économique de sites isolés et à l'essor de nouvelles villes adjacentes.
La mise en place d'un processus transparent impliquant, à toutes les étapes de sélection et d'allocation du foncier ainsi que de suivi des projets, les parties prenantes concernées, avec des comités de pilotage, d'investissement, l'autorité locale et un guichet unique qui est MASEN, encadrera efficacement la filière.
Il est fort probable qu'un système de leasing à long terme et de concessions aux développeurs d'hydrogène vert soit mis en place. Cela permettra de maintenir le contrôle sur l'utilisation du terrain et de prévenir la spéculation. Le contrôle du respect de la mise en œuvre des projets permettra également d'éviter la rétention spéculative des terrains.
Nous pouvons nous réjouir de l'approche holistique et inclusive adoptée par l'offre Maroc, qui prend en compte à la fois les opportunités de l'émergence d'une filière compétitive d'hydrogène vert, mais également les besoins de développement économique régional, les préoccupations environnementales et sociales et la préservation des écosystèmes locaux.
Lire aussi | 11 choses que vous devez absolument savoir sur l'hydrogène vert
Comment éviter l'expérience MASEN avec la non-maîtrise du coût de la technologie ?
Je souhaiterais, tout d'abord, rappeler le fait que MASEN a été mandaté par les pouvoirs publics pour développer des projets structurants et intégrés d'énergies renouvelables avec l'objectif primaire de baisser notre dépendance énergétique, décarboner une grande partie de notre mix énergétique afin de respecter nos engagements de lutte contre le changement climatique. La mise en œuvre du plan solaire Marocain intégré a permis de renforcer massivement les capacités dans le domaine du financement, de la structuration, de la réalisation de grands projets énergétiques d'envergure.
Les projets Noor ont permis de positionner notre pays sur l'échiquier mondial et la centaine d'investisseurs désirant aujourd'hui développer des projets d'hydrogène vert au Maroc ont priorisé, certes, notre pays pour ses ressources, sa stabilité politique et économique, mais surtout pour son expertise et expérience avérées dans le domaine des technologies propres. Grâce à la vision clairvoyante de Sa Majesté le Roi, que Dieu l'assiste, nous avons prouvé au monde entier que nous étions capables de gérer et de réaliser des projets d'envergure internationale.
L'approche adoptée dans le cadre de la feuille de route Hydrogène vert diffère de celle du plan solaire intégré dans la mesure où les pouvoirs publics ne vont pas réaliser les projets mais veilleront à la mise en place d'un environnement favorable et attractif pour l'émergence de la filière et accompagneront le secteur privé dans la réalisation des projets d'hydrogène vert et de dérivés. Cela aura l'avantage de ne pas alourdir les caisses de l'Etat et d'avoir un engagement et une approche pragmatique des porteurs de projets qui ne ménageront pas d'efforts pour garantir la rentabilité et la viabilité de leur projet.
Ces consortiums pourront, bien évidemment, profiter des incitations publiques au niveau national dans le cadre de la charte d'investissement, mais aussi international, encourageant l'amorçage des premiers projets d'hydrogène vert tout en s'appuyant sur des stratégies progressives, en commençant par répondre aux besoins de marchés immédiats, tels que l'ammoniac vert, offrant une facilité de stockage et de transport par rapport à l'hydrogène pur, et une utilisation établie dans les secteurs de l'agriculture comme engrais et de l'industrie chimique. Ensuite, il sera pertinent également de se positionner sur des dérivés à forte valeur ajoutée tels que le méthanol et les carburants durables pour l'aviation.
Une approche modulaire et progressive dans le développement de projets d'hydrogène vert permettra de tester, d'ajuster et d'optimiser les technologies et les processus avant de s'engager dans des déploiements à très grande échelle (approche pragmatique du Groupe OCP), limitant ainsi les risques financiers. La mise en œuvre de projets à grande échelle générera ensuite des économies d'échelle, réduisant ainsi les coûts unitaires. De plus, l'adoption de standards technologiques peut faciliter l'interopérabilité et réduire les coûts de développement et de maintenance. La coordination du secteur et le pilotage à travers des organes dédiés dans le cadre de l'offre Maroc permettront de répondre aux besoins des consortiums en mutualisant les investissements dans les infrastructures et de réduire les coûts.
La collaboration et les partenariats stratégiques entre différents acteurs industriels et académiques au niveau national et international permettront également d'établir des chaînes d'approvisionnement efficaces pour les équipements et les matériaux nécessaires pour la filière d'hydrogène vert et d'accéder à des technologies avancées et à des innovations en partageant les risques et les coûts.
En adoptant ces approches, le secteur privé pourra non seulement gérer efficacement les coûts associés au développement des projets d'hydrogène vert, mais aussi positionner notre industrie comme compétitive et durable au niveau international.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.