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2.800 hectares à Bouskoura : Le fabuleux legs de Driss Filali Ansary
Publié dans Challenge le 13 - 09 - 2008

En Europe, il est fréquent que des personnes se découvrent riches héritières plusieurs dizaines d'années après le décès de leur aïeul. Mais au Maroc, ce genre d'affaires est plutôt rare. L'histoire des héritiers de Driss Filali Ansary, un personnage qui a marqué l'histoire du Maroc du début du XXème siècle, fait figure d'exception. Et cela ne fait que commencer. Occupant d'importants postes administratifs et diplomatiques, le personnage avait fait don de son vivant de biens immobiliers à l'administration. Aujourd'hui, ses héritiers, 84 ans après son décès, découvrent un immense héritage, dont 2.800 hectares à Bouskoura, dans la périphérie de la métropole. Comme l'appétit vient en mangeant, ils ont décidé d'aller à la chasse aux legs de Feu Driss Filali Ansary. Ce qu'ils découvrent au fur et à mesure dépasse de loin leurs espérances.
Voilà une mine d'or à Bouskoura ! 2.800 hectares de terrains nus, dans cette périphérie de la métropole, devenue saturée. C'est de ce stock de foncier, jusque-là un no man's land, dont les héritiers et descendants de Feu Driss Filali Ansary se sont retrouvés propriétaires. Plus de trois quarts de siècle après le décès de son légataire, ce legs immobilier a pris beaucoup de valeur. La plupart des promoteurs immobiliers contactés par Challenge hebdo estiment la valeur de ce terrain à pas moins de 16 milliards de DH. Les ayants droit savaient-ils qu'ils détenaient un trésor ? Même si aucun d'entre eux n'a jamais eu un pied dans la promotion immobilière, ils se sont très vite fait une idée de la valeur de leur terrain. Car les offres des promoteurs immobiliers ayant eu vent de la nouvelle n'ont pas tardé à frapper à leur porte. Dans la course à l'acquisition de cette réserve foncière, les géants de la promotion immobilière du Royaume se sont rapidement portés acquéreurs, à en croire l'un des héritiers. Selon cette source, depuis trois mois, les groupes Addoha, Châabi et Fadesa, qui s'est inscrit en dernier lieu comme troisième protagoniste, n'ont pas caché leur convoitise pour ce lot de terrain. Ils auraient même formulé des offres variant entre 600 et 1.000 DH/m2. Pourtant, contacté par Challenge Hebdo, Omar Châabi, vice-président exécutif du groupe éponyme, relate une autre version. Il affirme que leur holding n'a pas fait d'offre, et qu'il a été, par contre, approché par l'un des héritiers. «Mais nous n'avons pas manifesté notre intérêt», conclut-il.
Malgré tout, l'un des héritiers en charge de ce dossier est formel : «des gens chargés de prospecter pour le compte du Groupe Châabi nous ont contacté pour nous faire une offre à 800 DH/m2», lance-t-il. Quid de l'offre du groupe Addoha ? Elle serait moins alléchante mais beaucoup plus ferme, si l'on s'en réfère à la même source. Selon cette dernière, le premier promoteur immobilier privé du Royaume se serait engagé sérieusement dans des négociations avec les héritiers de Driss Filali Ansary. Le groupe Addoha aurait proposé d'acquérir 1.350 hectares au prix de 600 DH/m2. Mais un haut responsable de Addoha indique que leur groupe n'a jamais fait d'offre pour l'acquisition d'un terrain de cette nature à Bouskoura. Et de se demander dans quel intérêt «ces supposés détenteurs de terrain affirmeraient qu'Addoha a fait une offre». Est-ce un simple calcul pour faire monter les enchères ? Tout porterait à le croire. Car du côté des héritiers, on semble ne pas se presser pour faire avancer ce dossier, tout en veillant à ce que le bien prenne de la valeur. On peut d'ailleurs lire à l'article 9 du statut de l'association des héritiers de Si Driss Filali qu'«il est important de souligner que le bureau exécutif oeuvrera pour que toute opération commerciale inhérente au legs de Feu Si Driss Filali soit la plus profitable, la plus transparente aux yeux de tous. En cas d'opération de vente, le bureau s'oblige à faire participer d'autres membres héritiers aux pourparlers. Si l'un des héritiers propose une opération plus profitable, le bien sera vendu au plus offrant et avec l'aval de tous».l de tous».
Pour en arriver là, les héritiers ont dû faire un vrai parcours du combattant pour disposer de tous les documents juridiques leur permettant de jouir de leur bien immobilier. En effet, lorsqu'en 2005, ils ont mis la main sur les preuves légales de propriété sur les biens, ils ont aussitôt entamé la procédure juridique et administrative (tribunal, conservation foncière) pour obtenir les documents juridiques attestant de leur droit à l'héritage. Ce qui fut réalisé en l'espace de deux ans.
La chasse aux biens
Ce qu'ils ont découvert comme legs ressemble aux histoires des mille et une nuits: 2.800 hectares à Bouskoura, 500 hectares à Marrakech… Et la liste est longue, à en croire un membre de l'association, qui tient à garder certains biens confidentiels. Toujours est-il que parmi ces biens, on peut citer la grande maison blanche au centre de l'ancienne médina. Une demeure qui peut être considérée comme un monument historique de la ville de Casablanca. On raconte que les riverains avaient pour repère cette maison blanche. Et à force de l'évoquer à tout moment et par tous, ce repère est devenu un symbole, dont le nom a été donné à toute une ville : maison blanche, Casablanca, en espagnol.
Il faut dire d'entrée que la première opération, mais aussi la priorité des héritiers, reste le terrain de Bouskoura, que les héritiers ont décidé de ne pas morceler. C'est dans ces conditions qu'ils ont décidé à l'unisson de la création de l'association (voir encadré). En date du 29 juin 2007, un jugement du tribunal de première instance arrête de manière précise et non équivoque la part de chaque héritier. Ce jugement devait faciliter la tâche du bureau exécutif de l'association en cas de vente de ce terrain. Ce n'est donc qu'après la vente du lot entier que chacun des héritiers recevra sa part selon un calcul légal, approuvé par les juridictions compétentes, et déposé chez le notaire. Il fallait passer à l'acte le plus tôt possible. Après moult réunions, tenues régulièrement à la demeure de Feu Driss Filali, sise au 4 rue Dar El Makhzen dans l'ancienne médina, le choix a été porté sur les membres du bureau de l'association. Rappelons que parmi les membres du bureau exécutif figurent des hommes d'affaires et des cadres bancaires. Tout semble être bien calculé, eu égard à la composition même du bureau constitué d'hommes de confiance de la famille, connus pour être de fins négociateurs. Il fallait également un capitaine de bord et son équipage avec une mission bien claire : légitimer toute action concernant le legs vis-à-vis de tout tiers, de toute administration et autre entité. Le président n'est autre que le directeur et fondateur des célèbres fours Afifi, une personne respectée, un homme de confiance qui fait l'unanimité au sein des héritiers. Il a été officiellement mandaté pour gérer le legs de Feu Driss Filali, son grand-père maternel. Figurent sur son agenda des priorités. Primo, négocier la vente de la première parcelle du terrain de Bouskoura (1.350 hectares).
A Dar Lkbira, la grande demeure de Feu Driss Filali, devenue aujourd'hui repère pour la communauté des héritiers, 17 descendants directs (fils et filles de Driss Filali) et près de 200 héritiers au total (petits-fils, arrière petits-fils et ayants droit), des réunions se tiennent de façon régulière. Pourquoi tout ce beau monde s'intéresse-t-il aux legs de leur grand-père 84 ans après son décès ?
Nous sommes en 2005. Par pur hasard, certains héritiers, avisés par une personnalité bien informée, apprennent que des documents de propriété de biens immobiliers ventilés partout au Maroc sont rangés dans les bureaux des Habous. Il leur faut juste disposer de ces documents pour devenir les nouveaux propriétaires terriens. Pourtant, certains héritiers ont grandi avec l'idée que leur grand-père était en possession de plusieurs biens, mais ils ne pouvaient le justifier tant qu'ils ne détenaient pas les pièces juridiques attestant de cette propriété et par ricochet de leur droit à l'héritage. Des documents que le légataire, peut-être pour ne pas les égarer, aurait rangés dans les tiroirs des Habous. Une réflexion tout à fait normale pour un Nadir des Habous. Il a même pris le soin de conserver le titre foncier de ses biens auprès de la conservation foncière. Qui était-il réellement ? De son vrai nom Driss Ben Hadj Mohammed Filali, ce personnage est né à Fès en 1862. À l'âge de 36 ans, il fut nommé Amine des Douanes. Il a également occupé le poste de Nadir des Habous. De 1900 à 1907, il intégrera les annales de la diplomatie marocaine. Il fut nommé ambassadeur du Sultan Moulay Abdelaziz auprès du gouvernement français. Il a offert l'hospitalité au général Lyautey, qui lui a témoigné par écrit sa reconnaissance pour les services qu'il avait rendus à la France. Le Maréchal Lyautey, à son départ du Maroc, n'a pas oublié de lui renouveler par écrit sa reconnaissance. Les héritiers de Feu Driss Filali gardent encore aujourd'hui cette lettre de remerciement et de reconnaissance.
Quoi qu'il en soit, le personnage a fait aujourd'hui d'heureux héritiers. Encore faut-il que ces derniers règlent quelques petits détails d'ordre juridique. Il se trouve que le lot de Bouskoura est divisé en deux parcelles mitoyennes de 1.350 et 1.500 ha, les deux bordant la route d'Ouled Hriz.
La deuxième parcelle n'est pas entièrement un terrain nu. Près de 400 hectares ont été squattés par des bidonvillois et villageois. L'Association a eu recours à la justice pour restituer ce terrain « spolié ». L'affaire suit son cours normal. C'est dire que la mission du président et des membres du bureau de l'association est loin d'être honorifique ou de tout repos. L'Association a également pour mission de dénicher et de recenser l'héritage de Driss Filali à travers le Maroc.
On y compte la demeure de l'ancienne médina à Casablanca, un patrimoine qui n'a pas de prix aux yeux des héritiers. Force est de signaler que Driss Filali possédait un grand terrain dans l'ancienne médina. Il a même fait don du terrain sur lequel a été élevée l'enceinte du premier arrondissement de la ville. L'Association se penche également sur la légitimation d'un lot de foncier important à Marrakech.
Mais ce n'est pas tout. Fut-ce, entre autres objectifs, pour restituer la mémoire d'un personnage 84 ans après son décès et délimiter les frontières de son legs économique.◆
Association des héritiers
de Si Driss Filali
Le bras armé des
héritiers et descendants
Faisant leur l'adage qui dit « l'union fait la force », les petits-fils et arrière petits-fils et héritiers de Feu Driss Filali Ansary se sont constitués en association ce 2 août 2008. Depuis, elle existe officiellement, immatriculée aux registres de la préfecture de Casablanca-Anfa et du tribunal de première instance de Casablanca.
Dénommée officiellement « Association des héritiers de Si Driss Filali », cette dernière a été créée à l'initiative des héritiers et descendants du défunt. Mais c'est Moulay Thami Alaoui Mdaghri qui a provoqué l'Assemblée constitutive. Il a d'ailleurs été élu et désigné président de l'association pour une durée d'un an renouvelable. Il est épaulé dans sa mission par cinq membres du bureau exécutif.
Les objectifs des héritiers à travers cette association sont clairs. Le principal objet de cette organisation est de les représenter officiellement, auprès de toute instance quelle qu'elle soit, de défendre les intérêts des héritiers et des descendants qui en sont membres, et de légitimer toute action concernant le legs vis-à-vis de tiers, de toute administration ou autre entité. Elle doit également rechercher, mettre à jour et recenser l'ensemble des biens légués par Driss Filali Ansary, connus ou non au moment de la création de l'Association.
Les membres de l'Association ne s'en cachent pas. La légitimation de l'ensemble du legs a pour but sa récupération et sa mise en valeur afin que l'ensemble des héritiers puissent en jouir. Pour ce faire, les héritiers et descendants de Driss Filali Ansary ont décidé de doter leur association de moyens pour mener à bien sa mission. C'est ainsi que l'ensemble des héritiers feront un apport à l'association. De plus, à chaque opération de vente d'un bien légué par Driss Filali Ansary, un pourcentage à hauteur de 2 % de la transaction sera reversé dans les caisses de l'association. Cette dernière a élu son siège social à Dar Lakbira, situé au 4, rue Dar El Makhzen, dans l'ancienne médina de Casablanca, qui se trouve être le domicile de Feu Driss Filali Ansary.


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