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«L’Etat doit agir pour stopper l’hémorragie»
Publié dans Finances news le 02 - 06 - 2005

En l’absence d’un contrôle efficient de l’Etat, le secteur de l’élevage, déjà mal structuré, est devenu une proie facile pour les produits de contrebande et de contrefaçon. Les pharmacies vétérinaires directement concernées, vu leurs tailles réduites, assistent impuissantes à un spectacle peu reluisant. Explications avec My Abdellah Lamraoui, président
de l’Association nationale de la pharmacie vétérinaire et PDG de Fedavet.
Finances News Hebdo : Le secteur avicole est-il bien structuré pour faire face aux accords de libre-échange signés avec des pays dont le potentiel de production est nettement plus développé que celui du Maroc ?
My Abdellah Lamraoui : Malheureusement, le secteur avicole est un marché qui s’est développé grâce à des initiatives individuelles en l’absence d’une politique de l’Etat marocain. N’importe qui peut s’improviser éleveur dans n’importe quelle région pour n’importe quelle taille et fonctionner ainsi à sa guise. Ce n’est pas un marché structuré puisqu’il n’y a jamais eu de politique générale. C’est une opportunité pour des gens qui cherchent des activités génératrices de profit ou en quête de spéculation. C’est très difficile de prévoir ce qu’il adviendra de ce secteur d’ici 2025.
F. N. H. : Vous avez fait le parallèle entre le secteur avicole et la pharmacie vétérinaire. Est-ce que cela signifie qu’elle subira les mêmes effets de ces accords ?
M. A. L. : Le problème de la compétitivité touche aussi la pharmacie vétérinaire. Cependant, c’est un autre volet qui n’est pas lié aux accords de libre-échange mais plutôt à l’évolution mondiale de la pharmacie vétérinaire. C’est-à-dire que ce type d’élevage commence à se tasser en Europe. Celle-ci est le premier fournisseur de médicaments, et comme aujourd’hui son marché rétrécit, la concurrence est de plus en plus rude. Automatiquement, elle va chercher des marchés à l’export. Et là aussi il y a une guerre des prix et chacun cherche des niches. Il y a en plus, la zone asiatique qui cherche à créer des structures ou à exporter ici au Maroc. Là, réside un risque de déstabilisation si l’Etat ne prend pas les choses en main dès le départ. Il n’y a pas de réglementation précise à ce sujet. L’Etat ne joue pas son rôle. Jusqu’à présent, il dépense plus et perd beaucoup d’énergie dans la rédaction de textes de loi en plus d’une certaine lourdeur bureaucratique, sans pour autant être présent là où il doit jouer son rôle de régulateur. C’est-à-dire sur le terrain.
On perd trop de temps à parfaire les textes de loi. Mais l’application de ces textes ne traduit pas ces efforts que ce soit au niveau du contrôle de la salubrité des denrées d’origine animale ou au niveau de la qualité et de la distribution des médicaments vétérinaires. Si on veut, c’est là le point le plus faible de la politique de l’Etat. De mon point de vue personnel, c‘est à partir du contrôle sur le terrain qu’on peut structurer aussi bien l’élevage que l’industrie pharmaceutique vétérinaire elle-même. Le marché, en général, n’en tirerait que profit parce qu’on aura donné une image positive des productions animales marocaines et de là, on aura favorisé l’export aussi. Aujourd’hui, vu l’absence de ce contrôle, même au niveau de l’export, on est pénalisé.
Il y a un deuxième risque. Je m’explique : actuellement le Maroc focalise sur le tourisme, mais ne peut pas faire consommer ses productions animales aux touristes. Donc, le comble est que ces touristes consomment la viande d’importation «sécurisée» et déjà prête.
C’est ce qui risque de faire mal aussi à notre production nationale en aviculture et, par conséquent, à l’industrie pharmaceutique et à la profession vétérinaire.
F. N. H. : Pourtant, il y a des textes clairs… !
M. A. L : Il y a des textes, mais sur le terrain il n’y a rien. Parfois même, on encourage la contrebande et la contrefaçon, à cause de décisions qui ne sont pas suivies sur le terrain.
Vous avez des gens désœuvrés qui s’improvisent vétérinaires et des fermiers naïfs qui cherchent des médicaments bon marché. Et puis, on a à côté des experts, mais dont les honoraires sont très chers.
Là aussi, il y a une aberration au niveau de la fixation des prix au Maroc. Cette situation pénalise la pharmacie vétérinaire. Ces facteurs sanctionnent les unités structurées ou celles qui veulent se structurer au profit des spéculateurs, des contrebandiers et contrefacteurs. Cela sanctionne aussi le pays parce que cela donne une mauvaise image de la qualité hygiénique de la denrée pour le consommateur.
F. N. H. : Quelle est la part de médicaments de contrebande écoulés sur le marché marocain ?
M. A. L. : C’est très difficile de vous donner le chiffre exact parce qu’on vient à peine de cerner le chiffre d’affaires réglementaire donné par les structures sur place. Mais généralement, on estime que la part des médicaments vétérinaires écoulés par la contrebande varie entre 25 et 35 %. Et quand on parle de contrebande, il faut spécifier.
Il y a la contrebande de produits interdits ici au Maroc, et qu’on fait entrer illicitement. Là, on se demande à quoi sert un texte qui interdit la vente de ces produits alors qu’ils sont toujours utilisés et que le risque est là.
Ensuite, vous avez la contrebande de produits qui sont les mêmes que ceux utilisés et autorisés au Maroc. Ce sont en général des produits homologués par les mêmes sociétés exportatrices sur le Maroc, mais qui viennent en général de l’Algérie parce qu’ils sont moins chers.
Et puis, il y a des produits qui viennent d’Espagne. Ces produits sont préparés et fabriqués pour répondre uniquement aux besoins du marché marocain. En outre, on ne sait même pas ce qu’il y a dans ces produits ni quelles peuvent être leurs conséquences.
En plus, les éleveurs courent le risque de ne pas avoir de bons résultats et ça renchérit le coût de production.
Ces aspects encouragent des malins à faire de la contrefaçon en achetant des bidons et des étiquettes, et vendent aux éleveurs.
Malgré cette situation désastreuse du marché, l’Etat reste spectateur. Nous n’avons jamais cessé de réclamer que l’Etat doit agir pour stopper l’hémorragie. Quand on se plaint, les autorités nous répondent qu’il faut leur montrer les malfaiteurs…
Ce n’est pas une association qui doit remplir la mission des enquêteurs, des policiers et des douaniers.
Peut-être qu’il est difficile de tout contrôler mais je trouve qu’il n’est pas digne d’un Etat de dire qu’il est incapable de contrôler ces choses-là. Sinon, à quoi bon sortir des textes et sanctionner les coupables ?
Mon raisonnement est simple: soit l’Etat est capable de défendre ses frontières, soit il aide les unités structurées à empêcher cette inondation. Cette entrée massive des produits de contrebande s’explique par une aberration administrative dans la fixation des prix qui a été abandonnée dans tous les autres pays sauf au Maroc. On veut toujours se donner l’illusion que l’Etat contrôle quelque chose, alors que les décisions sont prises dans des bureaux à Rabat. Ainsi, on empêche ceux qui sont capables d’affronter la contrebande et on est incapable de l’affronter soi-même en tant qu’Etat.
F. N. H. : Ne faut-il pas plutôt sensibiliser les vétérinaires à ce problème ?
M. A. L. : Ecoutez, il ne faut pas se faire d’illusions. C’est très difficile. Que voulez-vous qu’un vétérinaire fasse quand il est devant des éleveurs qui ne le payent pas, lui réclament des tarifs toujours moins chers et lui disent qu’ils peuvent à tout moment s’approvisionner en produits de contrebande ?
F. N. H. : Qu’en est-il de la santé humaine ?
M. A. L. : Là, je suis convaincu et catégorique sur le fait que le risque pour le consommateur marocain n’est pas grave à ce point.
Le risque ne se situe pas au niveau de la production, mais après, dans les phases d’abattage, de transformation, de stockage et de préparation. Là, les risques sont énormes par manque d’inspection sanitaire. Pis encore, il y a un surcoût de production que le client doit supporter.
Le niveau de consommation des denrées alimentaires, qui est très bas, et le fait de ne pas toujours s’approvisionner chez la même personne peuvent nuancer ce danger. Logiquement, on devrait avoir des instituts capables de faire la recherche de résidus. Normalement, cela doit se faire, mais malheureusement, ce n’est pas le cas au Maroc. Même l’abattage se fait sans contrôle sanitaire.
La recherche de résidus donne en général une idée sur les produits qu’utilisent les éleveurs. Pour structurer le secteur de l’élevage, il faut commencer à ce niveau-là et suivre la chaîne pour imposer la discipline à tous les intermédiaires de la filière.
Au lieu de faire le contrôle d’en haut, il faut commencer par le marché. Au-delà de la recherche, le reste relève de la responsabilité du ministère de l’Agriculture et du ministère de la Santé. Pour l’instant les deux ne font rien.


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