Constituant depuis près dune décennie lune des rares satisfactions pour le tissu industriel marocain voué à lexportation, lindustrie de la conserve de poisson semble ne plus pouvoir accéder aux ressources halieutiques. Mohamed El Jamali, président de lUnion nationale des industriels de la conserve (UNICOP), tire la sonnette dalarme et demande un traitement plus équitable pour les unités de production marocaines. Le nouveau plan daménagement préparé par le département de lAgriculture et des pêches semble susciter de multiples interrogations parmi les professionnels. Et cest à la veille de son annonce que lUNICOP a choisi de multiplier ses sorties médiatiques, à commencer par une lettre ouverte adressée à Mohand Laenser et en passant par dautres rencontres organisées avec les professionnels ou la presse pour éclairer davantage leur position. Tourné à 85% vers lexport, le secteur de la conserve du poisson arrive à toucher près de 80 marchés internationaux. Cest dire que les potentialités du secteur existent réellement. Est-ce pour autant suffisant pour que lUNICOP puisse échapper aux conditions draconiennes de léquilibre écologique et biologique imposées par le ministère de tutelle ? Il faut remarquer que depuis lapparition des premières conclusions du fameux rapport McKinsey, les professionnels du secteur de la pêche ont à maintes reprises insisté sur la mise en place dune politique tendant à valoriser la ressource pélagique. Cest donc un problème de sous-exploitation que lUNICOP déplore au moment où la concurrence mondiale devient très rude. Cest lavis de Mohamed El Jamali, président de cette association : «si les pouvoirs publics ne réagissent pas vite, explique-t-il, tous les efforts que les industriels de la conserve de poisson ont consentis depuis une décennie seront réduits à néant, car notre industrie ne pourra plus supporter sans dommages un nouvel échec dans la gestion de notre ressource». Des infrastructures de débarquement en mauvais état, une manutention des captures lamentable au niveau des bassins ou encore le non-respect des normes sanitaires sont les grands problèmes dont les professionnels discutent tout le temps sans pouvoir trouver de réponses satisfaisantes. Il faut relever que lautorité de tutelle tente depuis longtemps de trouver un terrain dentente avec les professionnels afin déluder tous les problèmes liés à laccès aux ressources halieutiques. Cest précisément la question de la pêche côtière qui pose toujours problème. Les professionnels demandent une «compréhension» de la part des pouvoirs publics en vue de faciliter les conditions de travail des pêcheurs. Mohamed El Jamali est très clair là-dessus. Ainsi, pour le président de lUNICOP, «nous souhaitons juste avoir le droit daccéder à notre ressource. Lexpérience a montré à travers le monde que lindustrie de la transformation de poisson a pu survivre dans les pays qui ont facilité une intégration du secteur en amont». Et dajouter qu«il serait malhonnête et démagogue de brandir la menace de la disparition de la pêche côtière et artisanale en cas dintégration de notre secteur. Cette allégation est fausse, et nous avons toujours confirmé notre engagement à acheter la totalité des prises de la pêche côtière», conclut le président de lUNICOP. Dun autre point de vue, la problématique des plans daménagement a souvent été une demande urgente du secteur. Un nécessaire accord doit être trouvé entre les professionnels et le département de tutelle afin que cette branche industrielle puisse répondre aux nouvelles exigences de la concurrence internationale, devenue très rude vu la complexité croissante de son réseau dapprovisionnement. Faut-il rappeler que lexportation brute de nos ressources profite largement aux concurrents du Maroc, puisque les professionnels importent des produits manufacturés à partir de la matière première marocaine.