* Baisse de la natalité et hausse de l'espérance de vie. * Plus de retraités et évolution lente de la population active. Le rapport du cinquantenaire a traité la question de la population et l'évolution de la pyramide des âges. Ledit rapport donne un schéma approximatif des tendances démographiques des Marocains pour les décennies à venir. En gros, les naissances vont baisser progressivement, l'espérance de vie va augmenter, le nombre de retraités aussi et, bien entendu, la population inactive va progresser. Faut-il s'attendre à ce que le Maroc connaisse le même bouleversement démographique similaire à celui des pays développés ? Ahmed Lahlimi, Haut Commissaire au Plan, trouve que « le Maroc est en phase de transition démographique et, qu'à terme, la pyramide des âges du Royaume devrait ressembler à celle des pays développés», et d'ajouter que « les changements démographiques vont s'effectuer avec un impact certain sur l'économie ». En 2060, les moins de 15 ans ne représenteront plus que 17,7%, la population active (15-59 ans) atteindra 55% et les plus de 60 ans représenteront 27%. La population marocaine est appelée à vieillir avec une tendance accélérée de la baisse du taux de fécondité et une hausse de l'espérance de vie. Ce renversement de tendance s'explique par le niveau sanitaire élevé, surtout avec les campagnes de vaccination et le niveau de vie qui assure une alimentation correcte et des conditions d'hygiène fiables. Ces élements font baisser la mortalité, surtout infantile, et prolongent l'espérance de vie qui est actuellement de 67 ans pour les hommes et 69 ans pour les femmes. Les Marocains se marient de plus en plus tard, 27 ans pour les femmes et 31 ans pour les hommes alors que la moyenne était de 17 ans pour les femmes et 24 ans pour les hommes dans les années soixante. La conjoncture économique a incité l'adoption des moyens de contraception dont le taux de pénétration dépasse les 80%. En milieu urbain, il est quasi total, en milieu rural il dépasse les 60%. Le nombre d'enfants par femme a lui aussi baissé, il est de deux enfants pour la femme urbaine et de trois pour la femme rurale. La pyamide des âges va se rétrécir en bas et s'élargir en haut. Le nombre de retraités va augmenter alors que le nombre de cotisants dans les caisses de retraites sera insuffisant pour assurer un équilibre du système. Les caisses de retraite marocaines ont déjà établi un mécanisme qui ne peut être fonctionnel que jusqu'à l'année 2020 ; au-delà, la réforme du système s'impose. Ces organismes seront ou bien contraints de réviser à la hausse l'âge de retraite ou bien d'augmenter davantage le taux ou les années de cotisations. Quant à la population active, son effectif évoluera lentement. Les démographes s'interrogent déjà. Le Maroc serait-il contraint de faire appel à l'immigration pour combler le manque à gagner et tourner sa machine économique ? Certains secteurs devraient connaître à terme des crises de main-d'uvre. Déjà l'agriculture commence à souffrir du phénomène, l'exode rural fait vider les campagnes de plus de 300.000 habitants par an. Même la mécanisation ne peut remplacer la force de travail humaine, surtout pour certaines filières comme l'élevage et l'arboriculture. Malgré le programme d'électrification rurale et la généralisation de l'accès à l'eau potable, les ruraux optent toujours pour la ville et se convertissent dans d'autres activités plus attractives que le secteur primaire.