Fort de ses multiples avantages comparatifs, le Maroc fait partie des grands exportateurs mondiaux de tomates, avec une part de 6,8% des exportations globales. Le Royaume occupe ainsi la quatrième place au niveau mondial. Toutefois, la compétitivité de la filière de la tomate est menacée par des contraintes majeures. Bon nombre de Marocains ont encore en mémoire la dernière mesure de la Commission européenne qui introduisait un changement substantiel des conditions d'accès des fruits et légumes nationaux sur le marché européen. Cette mesure unilatérale avait provoqué un vif tollé chez la partie marocaine poussant les autorités publiques à monter au créneau pour dénoncer les effets pervers qu'une telle décision pourrait avoir sur les exportations de la tomate marocaine vers le Vieux continent. Les multiples enjeux sous-tendus par cette mesure avaient poussé les responsables marocains à interpeller vivement leurs homologues européens sur cet épineux dossier. Ce qui était d'autant plus nécessaire qu'au Maroc les tomates figurent parmi les principaux produits agroalimentaires frais orientés vers l'export avec toutes les implications socioéconomiques que cela suppose. Il ressort ainsi des derniers travaux de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) portant sur la compétitivité des filières du secteur de l'agroalimentaire que les exportations de tomates se sont chiffrées à 3,3 Mds de DH en 2013. A cela s'ajoute qu'entre 2012 et 2013, près de 33% de la production estimée à 1,2 tonne étaient destinées à l'export. Ces données montrent incontestablement l'importance des ventes à l'étranger de la filière. Ce qui a sans doute amené la DEPF à se pencher sur les performances de la tomate marocaine sur les marchés internationaux. Des résultats qui s'améliorent au fil des années A présent, le Maroc se situe à la quatrième place au niveau mondial, avec une part de 6,8% des exportations globales de la tomate. Le Royaume est certes devant la Turquie (5ème place) mais le classement reste dominé par le Mexique, la Hollande et l'Espagne. Comme à l'accoutumée, la France s'arroge la quasi-totalité des exportations de la tomate marocaine (79% du total). Ce qui alimente l'éternelle réflexion sur la diversification des marchés à l'export, notamment vers l'Amérique, l'Afrique, les pays du Moyen-Orient, etc. Pour autant, de 2002 à 2012, le Maroc n'a eu de cesse de consolider son positionnement sur le marché international de la tomate. La part de marché mondiale du Royaume à cette période est passée de 2,7% à 6,8%, tandis que celle de l'Espagne se situait sur un trend baissier. Cela dit, le contrat-programme de la filière portant sur un investissement global de 21 Mds de DH à l'horizon 2020 devrait pour sa part avoir un important effet de levier pour la dynamisation des ventes à l'étranger. Il devrait ainsi s'employer à accroître les capacités de conditionnement de la filière, de renforcer la recherche appliquée et de promouvoir les exportations à travers la diversification des produits et l'adaptation aux exigences évolutives des consommateurs (certification, traçabilité, etc.). Toutefois, en dépit des bonnes performances de la tomate marocaine sur l'échiquier mondial, le rapport de la DEPF relève des lacunes auxquelles il faudra y remédier. Les facteurs de vulnérabilité La filière de la tomate présente incontestablement plusieurs atouts comme précédemment rappelé. Il y a lieu de citer tout de même le savoir-faire des producteurs, le climat favorable sans oublier le dynamisme du marché intérieur. Au demeurant, elle fait face à de moult contraintes qui pourraient effriter sa compétitivité au sein du marché international. Les coûts prohibitifs des intrants, la vétusté d'une partie du parc de serre et les quotas mensualisés qui limitent les exportations vers l'UE à droit de douane nul, sont autant de facteurs handicapants. Cependant, la dernière contrainte suscite plus d'inquiétude auprès des professionnels car, même si les exportations marocaines de tomates étaient fortement impactées par les quotas et les prix d'entrée qui leur étaient imposés pour l'accès au marché européen, le nouveau dispositif risque de réduire davantage les volumes exportés par le Maroc vers ce marché. Ce qui exige, si l'on se fie au rapport de la DEPF, de renforcer les efforts pour défendre les acquis du Maroc en termes d'accès au marché de l'UE. L'autre contrainte majeure qui pèse sur la filière est le coût élevé de la logistique et particulièrement celui du transport international au Maroc. Ce qui est pénalisant par rapport aux concurrents turcs ou espagnols. En définitive, la bonne nouvelle est que le Maroc voit ses exportations de tomates se renforcer au niveau des marchés internationaux même si des facteurs de vulnérabilité subsistent.