La Journée mondiale des Droits de lHomme a été commémorée cette année dans un contexte politique international très préoccupant. La place des droits individuels de chaque citoyen à travers le monde est sérieusement entamée par le prétexte de la guerre contre le terrorisme. La Journée mondiale des Droits de lHomme est souvent un moment de méditation pour tous les analystes et spécialistes des Droits «inaliénables et imprescriptibles» de chaque être humain. Partout dans le monde, la situation des Droits humains, dans son acception large, subit dimportantes remises en question. À commencer par le droit des minorités en passant par ceux des détenus ou des réfugiés, le bilan dressé par les ONG internationales est plutôt sombre. Dans lespace communautaire européen, le traumatisme des communautés musulmanes continue toujours Aussitôt que les attentats terroristes du 11 mars 2004 à Madrid commencent à être un peu «oubliés», la tragique fin du cinéaste hollandais Theo Van Gogh a exacerbé un sentiment de xénophobie sans précédent à légard des Musulmans. Ce que disent les conventions internationales Lempreinte «religieuse» des Droits de lHomme semble ainsi plus que jamais confirmée. La justice, garant de la sauvegarde de ces droits, sefforce de retrouver une mission quelle semble chercher depuis les attentats du 11 Septembre 2001. Cette même justice européenne risque de perdre de sa crédibilité, accusée de dépendance à légard des préoccupations politiques des gouvernements. Il faut dire que les situations doivent être nuancées pour éviter les généralités abusives. Le protocole n°12 relatif à la Convention européenne de sauvegarde des Droits de lHomme et des Libertés fondamentales est clair là-dessus. Son article 1er stipule que «la jouissance de tout droit prévu par la loi doit être assurée sans discrimination aucune, fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, la langue, la religion, les opinions politiques et toutes autres opinions, lorigine nationale ou sociale, lappartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance ou toute autre situation». Cette énumération exhaustive signifie avant tout que «les suspects virtuels» sur le Vieux Continent ne doivent plus lêtre seulement du fait quils sont musulmans. Lamalgame au même titre que la propagande médiatique de certains centres dintérêts ne favorisent nullement la tâche de la justice européenne. Que ce soit en Allemagne, en Espagne, en Italie ou actuellement en Hollande, les magistrats subissent une pression énorme lors de leur instruction. Le principe même de lindépendance et limpartialité de la justice se trouve, de ce fait, menacé. La double logique de lAdministration Bush Le constat en Europe est pourtant moins alarmant que celui qui peut être fait sagissant des musulmans vivant en Amérique du Nord. Les termes du Patriot Act, loi votée au lendemain des attaques du 11 Septembre, sont plus que ségrégationnistes à légard des ressortissants musulmans en Amérique. Les mesures draconiennes qui leur sont imposées sont inconstitutionnelles, voire inhumaines. On na quà jeter un coup dil sur larsenal des mesures prises dans les aéroports américains pour conclure quun important travail reste à faire pour le juge américain. Linvasion de lIrak et les tortures des détenus à la prison dAbou Gharib ont été les faits marquants des violations américaines des Droits humains les plus élémentaires. On se souvient tous que, dès lapparition des premières images de soldats américains humiliant, torturant et maltraitant des civils détenus à Abou Gharib, lAdministration Bush a cherché à qualifier ces abus d«incidents isolés», duvre de quelques «brebis galeuses» agissant sans aucun ordre hiérarchique. Même si lon croit cette version, cela voudrait dire que la culture des Droits de lHomme nest ni innée ni héréditaire. Ceux qui taxent lensemble du monde arabo-musulman dêtre un vaste fief de torture semblent tomber dans leur propre piège. Les interrogatoires menés sur des personnes nues ou en état de privation de sommeil témoignent avant tout que la question des Droits humains est fort instrumentalisée. Cest un alibi, certes vrai, mais qui est usé à des fins hégémoniques. La crédibilité du discours américain sur les valeurs universelles de la liberté et de la dignité humaine ne convainct plus grand monde.