* Le triplement du prix des phosphates, actuellement à presque 1.000 DH la tonne, a permis au Maroc de compenser relativement la hausse des produits importés. * Les entreprises nationales doivent faire preuve de plus de compétitivité tout en ciblant de nouveaux marchés. La balance commerciale demeure obstinément déficitaire. La dernière note publiée par lOffice des changes (OC) stipule qu«évaluée en termes CAF/FOB (marchandises achetées ou vendues sans les frais de transport et dassurance), la balance commerciale des biens laisse apparaître un taux de couverture de 50,4% contre 52,4% pour la même période de lannée 2007». Dans ce sillage, le creusement chronique du déficit commercial résulte principalement de la hausse des prix accompagnée dune quasi-stagnation des volumes échangés. La hausse des prix des phosphates et dérivés sauve les exportations En progressant de presque 30%, au titre des cinq premiers mois de lannée, les exportations de marchandises exprimées en FOB ont atteint 63.700 MDH, soit 11.848 MDH de plus par rapport à la même période de lannée précédente. Les exportations des produits bruts, notamment les phosphates, les semi-produits ont constitué des facteurs déterminants de cette évolution. En effet, le triplement du prix des phosphates, actuellement à presque 1.000 DH la tonne, a offert un climat propice à la commercialisation de cette matière. Sachant que le volume des exportations des phosphates a évolué à peine de 1,7%, la valeur des expéditions de ce produit brut, qui constitue la pierre angulaire des exportations nationales, a dépassé 7.680 MDH, soit 3.600 MDH de plus. Les principaux marchés demandeurs sont : la France, les Etats-Unis, lAustralie et la Nouvelle-Zélande. Pour leur part, les exportations dengrais naturels et chimiques ont connu une hausse soutenue en dépassant le seuil de 6.300 MDH. Cest le résultat de laccroissement de la demande des principaux pays producteurs de céréales tels que le Brésil, la France, lItalie Toujours sur le registre des exportations, la valeur des échanges de lacide phosphorique a grimpé de 250% en se situant à 7.593 MDH, malgré une baisse de 12,9% en volume. Cependant, la baisse de la part des produits énergétiques et alimentaires coïncidant avec une stabilité de celle des biens de consommation, a amorti laugmentation des exportations nationales. En fait, la suppression par lUnion européenne des quotas sur les produits du textile et de lhabillement sest traduite par une stagnation des exportations des produits finis de consommation au niveau de 14.500 MDH. Selon la note de lOC, «cette stabilité est due au repli des expéditions darticles de bonneterie (-8,8% ou -275,7 MDH) et de vêtements confectionnés (-1,1% ou -88,3MDH)». La note précise cependant que cette baisse est «compensée par la performance des ventes de certains produits, notamment les chaussures (+10,5% ou +93,2 M DH) et les voitures de tourisme (+79,1 MDH)». Limportation des biens déquipement reflète la dynamique économique Les importations accaparent la majeure partie des échanges effectués par le Royaume. Cela est le résultat de la demande soutenue des produits étrangers. Pour preuve, de janvier à mai 2008, les importations de marchandises évaluées CAF ont dépassé la barre des 126,3 Mds de DH contre 98.982,2 MDH, fin mai 2007, soit un accroissement de 27,7%. Laccroissement des importations est dû en grande partie à la hausse des prix des produits de première nécessité. La note de lOC stipule que «la hausse des importations (+27.374,5 MDH) est à attribuer pour 50,4% aux acquisitions de produits énergétiques (+9.008,6 MDH) et de produits alimentaires (+4.777,5 MDH)». À titre indicatif, la valeur des importations des principaux types de carburants (pétrole brut, huile brute de pétrole, gaz-oil et fuel-oil...) a dépassé 55%, alors que les volumes ont augmenté dà peine 5%. Cette hausse exponentielle des exportations en valeur est le résultat de la hausse des prix de ces produits. En fait, la crise enregistrée au niveau des marchés financiers a poussé les spéculateurs à sorienter, de plus en plus, vers le marché des commodités. En analysant, en revanche, lévolution des importations par groupement dutilisation, lune des principales hausses qui sautent aux yeux est celle des produits finis déquipement, les semi-produits et les produits bruts. Effectivement, les acquisitions auprès de létranger des biens déquipement ont dépassé les 27 Mds de DH, soit une progression de 15%. Le Royaume a augmenté ainsi ses achats de matériel à broyer et à agglomérer (de presque 80%), machines et appareils divers (18%), voitures industrielles (27%). La montée en puissance des importations de biens déquipement reflète la dynamique dans laquelle sinscrit léconomie nationale. Pour illustrer ces propos, la formation brute de capital fixe a progressé de 12,8%, durant cette période, en réalisant un taux dinvestissement brut représentant 33% du PIB. Les répercussions de cette effervescence dans les milieux industriels ont provoqué une dynamique au niveau du secteur bancaire. À cet égard, la masse des crédits déquipement a connu une accélération fulgurante, soit une hausse de 37% en glissement annuel. En contrepartie, une part considérable de ces investissements est destinée à lamélioration de linfrastructure. Pour ce faire, les entreprises publiques ont recours de plus en plus aux établissements de financement extérieurs en réveillant de nouveau la bête noire : la dépendance croissante vis-à-vis de létranger. Lanalyse des échanges extérieurs met en exergue, dautre part, le faible niveau de compétitivité de léconomie nationale. À titre indicatif, si les importations en provenance de la Turquie dépassent 3.540 MDH, les exportations vers ce pays atteignent à peine 800 millions de DH. Finalement, la hausse continue du déficit commercial aura, à long terme, des impacts désastreux sur léconomie nationale. Il est temps dagir en faisant jouer les quotas pour réduire les importations, notamment des produits finis. Par ailleurs, les entreprises nationales doivent faire preuve de plus de compétitivité tout en ciblant de nouveaux marchés. En effet, vu la hausse des prix des matières premières et laugmentation des importations des biens déquipement, la hausse des importations est compréhensible pour un pays en développement. Cest sur les exportations quil faut agir.