Hier jeudi, le tribunal de première instance de Salé a décidé de reporter le procès du rappeur Mohamed Mounir, alias « El Gnaoui », l'un des trois rappeurs de la chanson « Aâcha chaâb » (Longue vie au peuple), suite à une demande formulée par la défense de la Direction générale de la sécurité nationale (DGSN), qui s'est constituée comme partie civile. Le gouvernement marocain et Amnesty International ont pris position dans cette affaire. Inculpé d'« insulte » à des fonctionnaires en exercice de leur fonction et à des organismes publics pour « la publication d'une vidéo insultant la police », le rappeur Mohamed Mounir (alias El Gnaoui) encourt jusqu'à deux ans de prison ferme et une amende de 5.000 DH, s'il est reconnu coupable par le tribunal de première instance de Rabat. Le 4 novembre, El Gnaoui a comparu une première fois devant le tribunal, après son arrestation à un poste de police la même nuit. Mais le moment de cette arrestation a laissé penser que le rappeur est poursuivi pour la parution d'une chanson sur YouTube, titrée « Aâcha chaâb » (Longue vie au peuple), qui a fait sensation sur la Toile. Hier, au cours de son point de presse hebdomadaire, le porte-parole du gouvernement a déclaré que « toute chanson, quelle qu'elle soit, doit respecter les droits des Marocains, ainsi que les principes et constantes sur lesquels ils sont éduqués », en considérant que « tout comportement en dehors de ce cadre est inacceptable ». Pour Amnesty International et sa présidente du bureau régional dans la zone MENA, Heba Morayef, cette arrestation et ce procès « constitue une attaque flagrante contre le droit à la liberté d'expression ». Dans une déclaration parvenue à Hespress FR, la responsable indique qu'El Gnaoui « est puni de manière flagrante et qui frise le ridicule pour avoir exprimé son point de vue critique sur la police et les autorités ». Elle ajoute que « bien qu'El Gnaoui ait pu employer un langage abusif pour faire référence à la police, le droit international d'exprimer librement ses opinions, même choquant ou abusif, est garanti par le droit international des droits de l'Homme. Personne ne devrait être puni pour avoir exprimé librement ses opinions ». Mohamed Mounir est actuellement détenu à la prison d'Al Aârjat (préfecture de Salé), et ce depuis son arrestation il y a deux semaines. Artiste Slaoui, il a débuté sa carrière dans le rap sous le nom d'El Gnaoui en 2011.