Jamila El Haouni revient sur scène avec « Daribat Al3ichq », un monodrame écrit par Abdelhak Zerouali et mis en scène par Messaoud Bouhcine. Intime, brutal et poétique, ce huis clos explore l'amour toxique, la révolte féminine et le parcours d'une actrice déchirée entre gloire, manipulation et passion. À voir le 1er décembre au Théâtre National Mohammed V de Rabat. Suivez-nous sur WhatsApp Suivez-nous sur Telegram Assez des comédies légères et les happy ends en toc. Jamila El Haouni revient en lionne blessée avec Daribat Al3ichq, «un monodrame qui vous happe par les tripes et ne vous lâche plus», promet-on. Ecrit en 1979 par Abdelhak Zerouali, mis en scène par Messaoud Bouhcine, ce spectacle est une grenade dégoupillée : amour toxique, révolte féminine et confession brutale d'une actrice au bord du gouffre. Zhor, diva usée, refuse de quitter sa loge pour sa dernière représentation. Seule, elle vomit ses souvenirs – gloire éphémère, amant-producteur tyrannique nommé Rahal, et ce film érotique imposé qui l'a brisée. «C'est l'histoire d'une actrice qui refuse de quitter sa loge... elle y évoque ses souvenirs, ses moments de gloire et, surtout, sa relation complexe avec son producteur, réalisateur et amant», résume Karim Douichi, le producteur, dans une déclaration qui cloue le bec à toute mièvrerie. Hommage vibrant à ces «artistes qui ont entièrement consacré leur vie au théâtre et au cinéma», la pièce n'épargne rien : pas d'enfants, pas de mariage, juste une vie dévorée par les planches et un homme qui l'a «utilisée». El Haouni porte tout sur ses épaules – dialogues, silences, gestes. La mise en scène de Bouhcine, qui a révisé le texte original pour le coller à la peau de la comédienne, joue sur un contraste diabolique : poésie lancinante contre brutalité crue. Ajoutez le mapping vidéo, qui projette ses tourments sur les murs de la loge, et une voix off de Rahal incarnée par Zerouali lui-même – «apportant une dimension unique», dixit Douichi. Résultat ? Un huis clos intime qui explose les frontières du théâtre pour questionner l'emprise, les rapports de pouvoir dans le couple et ces désirs individuels écrasés par la société. «La pièce rend hommage à plusieurs actrices réelles», insiste le producteur. «Zor, par exemple, n'a jamais eu d'enfants ni de mariage et a été utilisée dans un film érotique contre son gré, ce qui rend sa relation avec son producteur particulièrement tourmentée». Dans cette révolte finale, Zhor se parle à elle-même, dévoilant «ses tourments et sa révolte». Un an de préparation intensive, un texte ressuscité pour sa première professionnelle au Maroc (après des versions tunisiennes bancales), et le soutien du ministère de la Culture : tout converge pour faire de ce trio Zerouali-Bouhcine-El Haouni une rencontre mythique du théâtre marocain. L'amour comme obsession, voilà le vrai tribut. Daribat Al3ichq ne caresse pas dans le sens du poil : il vous force à regarder en face ces passions qui nous font franchir l'infranchissable... Et vous, oseriez-vous entrer dans cette loge (le 1er décembre au Théâtre National Mohammed V de Rabat) ?