Les sociétés marocaines opérant dans le secteur de l'aviation sanitaire sont dans le désespoir. Malgré le caractère humain et médical de leur travail, elles sont en arrêt d'activité depuis le mois de mars, soit le début de la crise sanitaire du Covid-19, suite à la fermeture des frontières nationales. Après 5 mois en « Stand-By« , les sociétés marocaines spécialisées dans les vols sanitaires n'ont toujours aucune visibilité par rapport à une date probable de reprise, tandis que leurs concurrents étrangers, opèrent en toute liberté, et ce depuis le début de la pandémie au Royaume. Aujourd'hui, les opérateurs marocains du secteur de l'aviation sanitaire, au nombre de 3, sont en crise et veulent reprendre le travail, à l'instar des autres secteurs d'activité. Pour Mohammed El Masaoudi, Directeur de l'une de ces sociétés, qui s'est confié à Hespress Fr, le « secteur est en faillite« . « Depuis le début de la crise sanitaire, nous avons a été appelés par les deux ministères (l'Intérieur et les Affaires étrangères), à arrêter notre activité chose que nous avons faite. Malgré les relances adressées au ministère de tutelle, à savoir le département du Tourisme, du transport aérien, de l'artisanat et de l'économie sociale dirigé par Nadia Fattah Alaoui, nous n'avons toujours pas de réponse. Surtout qu'il s'agit là de vols sanitaires à caractère humanitaire. D'ailleurs, la période du Covid-19 était marquée par une forte demande en ce qui concerne les vols sanitaires. On a des avions équipés pour transporter les malades (5 avions), même ceux atteints du Covid-19. On a des équipes médicales compétentes qui travaillent avec nous, des ambulances à notre service. Et pourtant…« , déplore-t-il. Selon notre interlocuteur, toutes les compagnies aériennes d'Air ambulance dans le monde ont poursuivi leur activité pendant la crise du Covid-19 puisqu'il s'agit d'une période où il fallait sauver des vies, transporter des malades etc. « Aucun gouvernement n'a donc arrêté cette activité, à part le Maroc, malheureusement, où on nous a été interdit de travailler« , dit-il. Il donne ainsi l'exemple d'une demande reçue de la part d'un étranger malade au Maroc et qui souhaitait être rapatrié à Paris par exemple. « Nous, on est sur place, c'est-à-dire au Maroc, on a les moyens d'accomplir la mission en bonne et due forme et le transporter n'importe où dans le monde. Mais quand on dépose notre demande d'autorisation, les autorités refusent de nous l'accorder, et ils demandent aux patients de voir avec une compagnie étrangère pour effectuer le vol« , explique-t-il. Aujourd'hui, et après 5 mois d'arrêt, les opérateurs du secteur demandent aux autorités compétentes des les autoriser à reprendre leur activité, surtout les vols sanitaires, vu le caractère humanitaire de la chose. « Les opérateurs étrangers opèrent en toute tranquillité sur notre sol et partout dans le monde. Si, ce qui pose problème sont les mesures sanitaires, nous les respectons à la lettre. Les mesures de protection contre le Covid-19 dictées par l'organisation mondiale de l'aviation, nous les appliquons. Donc où se pose le problème, alors que nous nous dirigeons vers une faillite certaine?« , s'interroge Mohammed El Masaoudi. En effet. Les pertes financières dans le secteur sont estimées à des dizaines de millions de DH. Rien que pour notre interlocuteur, la perte se chiffrerait à 30 millions de dirhams. « J'ai 60 employés à ma charge dont des pilotes, des mécaniciens, des commerciaux, du personnel soignant, des gens qui travaillent pour nous à l'étranger. De plus, et même si nos avions sont à l'arrêt, ils faut les maintenir au quotidien, donc nous avons besoin de nos employés qu'il faut bien-sur payer à la fin du mois. D'autre part, ces mêmes avions, sont en leasing. Il vrai que nos échéances de crédit on été reportées pendant trois mois. Mais les trois mois se sont écoulés et nous devrons payer nos traites et charges« , nous a-t-il expliqué. Et d'ajouter : « Nous sommes en train de perdre en crédibilité avec nos clients, surtout que nous étions très bien cotés en Afrique puisque nous faisions énormément d'opérations sanitaires dans le continent. Et donc nos clients nous ont beaucoup sollicités pendant la période du Covid-19 pour des vols sanitaires, mais nous avions les mains liées. Nous étions interdits de travailler. Tout cela, a laissé place aux étrangers, qui ont triplé leurs chiffres d'affaires pendant la période du Covid-19 notamment au Maroc. Les sociétés étrangères ont gagné du terrain et se sont accaparé le marché africain alors que nous nous étions en train d'attendre l'inconnu ». El Masaoudi regrette ce flou qui les entoure toujours: « Nous n'avons même pas une visibilité sur la date de reprise. Nous espérions reprendre après l'annonce de la réouverture des frontières aériennes et terrestres face aux MRE et autres personnes souhaitant partir ou se rendre au pays, mais nous avons été surpris d'apprendre que nous étions exclus de cette opération spéciale et que ces vols ont été attribués exclusivement la Royal Air Maroc (RAM) et Air-Arabia ». Les opérateurs de l'aviation sanitaire au Maroc ont ainsi adressé une lettre à leur ministère de tutelle, mais en vain. Aucune réponse ne leur a été donnée. Ils ont même relancé le ministère des Affaires étrangères pour avoir plus de visibilité. Toujours rien. Le flou est toujours de mise quant à leur situation.