Le Club des Avocats du Maroc a saisi la justice turque contre la militante yéménite et pris Nobel de la paix, Tawakkol Karman, l'accusant de diffuser sur les réseaux sociaux des messages incitant à la violence et à la rébellion contre le Maroc. Détails. Par voie diplomatique, le Club des Avocats du Maroc a déposé une plainte pénale auprès du ministère public turc contre Tawakkol Karman, citoyenne turque d'origine yéménite et figure emblématique du « Printemps arabe ». Le collectif, présidé par Me Mourad Elajouti, reproche à la lauréate du prix Nobel de la paix plusieurs publication sur X (anciennement Twitter) jugées « incitatrices à la violence et à la sédition » à l'encontre du Royaume du Maroc et de ses institutions. Les messages en question, où la militante appelle à une « intifada marocaine » et à une « purification par le sang », ont été qualifiés par le Club d'« appels explicites à la rébellion ». Des propos d'une « gravité extrême », selon la plainte, susceptibles de provoquer des actes de violence contre les symboles de l'Etat marocain. Pour les avocats marocains, il ne s'agit pas de liberté d'expression mais de « discours d'incitation directe au terrorisme », réprimé par la législation turque sur la sécurité nationale. La démarche du Club des Avocats du Maroc s'appuie sur un arsenal précis du Code pénal turc. La plainte cite notamment les articles 216, 312 et 314 de la loi n° 5237, relatifs à l'incitation publique à la haine, à la provocation à commettre des crimes et à la participation à des organisations terroristes. Elle invoque également l'article 340, qui protège les chefs d'Etat étrangers contre les injures publiques, disposition rarement mobilisée mais à forte portée diplomatique. Le texte souligne aussi la cohérence de cette action avec la législation antiterroriste turque (loi n° 3713), connue pour sa sévérité. Ankara, souvent critiquée pour son usage extensif de cette loi, a pourtant vu ses positions validées dans plusieurs affaires, notamment par la Cour européenne des droits de l'homme dans Recep Özdemir c. Turquie (2020), confirmant la légitimité de sanctions pour incitation indirecte à la violence. Me Mourad Elajouti a insisté, dans une déclaration, sur le caractère « strictement juridique » de la démarche, écartant toute lecture politique. Pour lui, cette action s'inscrit dans un cadre de coopération entre le Maroc et la Turquie, et un engagement commun dans la lutte contre le terrorisme et la propagation des idéologies violentes. Le Club des Avocats demande notamment au Procureur de la République l'ouverture d'une enquête pénale pour incitation au terrorisme, injure aggravée et atteinte à l'ordre publique, la convocation de Karman devant les autorités judiciaires compétentes, la saisie des contenus numériques incriminés et, si nécessaire, son interpellation lors d'un séjour en Turquie. Il exige également de prendre toutes les mesures nécessaires à la manifestation de la vérité conformément aux articles 134 et 160 du Code de procédure pénale turc.