Le Hirak en Algérie malgré près d'une une année en apnée forcée (coronavirus et armée) n'a pas pris une ride, on dirait même qu'il a gardé toutes ses dents pour ne pas dire qu'il s'est confectionné une jouvence. A l'avant-première de l'an II du Hirak, ils étaient tous là, pour le célébrer dans la ville de Kherrata, dans la wilaya de Bejaïa. Des quatre coins du pays, ils sont venus pour la commémoration de ce qui est considéré comme le point de départ du Hirak (grande marche de Kherrata du 16 février 2019). Militants, hommes politiques, journalistes, médecins, fonctionnaires d'Etat ou pas, avocats, citoyens anonymes et tiens même les services de police et de renseignements ont convergé ce mardi 16 février 2021 vers Kherrata. Pour tout le parterre présent en ce mardi, c'est ici que tout a commencé. Aussi ont-ils eu vite de répondre aux appels lancés pour une marche à Kherrata ce 16 février et, si d'aucuns s'attendaient à ce qu'il y ait foule, on peut aisément dire que cela a dépassé toutes les prévisions. Les gens ont afflué dès la veille et les rues de la ville n'ont pas dormi et aux premières de la matinée de mardi la foule a commencé à grossir tant et si bien que les rues se sont avérés trop étroites pour contenir tout ce raz de marée humain. Le message est on ne peut plus clair : le mouvement populaire n'a rien perdu de sa vigueur et, surtout, garde le cap quant à ses revendications de changement et à la rupture avec un régime dépassé. Un véritable raz-de-marée qui rappelle les premières semaines du Hirak et à l'échelle d'une petite ville de montagne, les images sont impressionnantes. Le message est on ne peut plus clair : le mouvement populaire pacifique garde le cap et n'a rien perdu de sa vigueur en genre en nombre et en qualité. Ses revendications de changement et de rupture ainsi que ses figures où icones à l'image Karim Tabbou, Zoubida Asssoul, Mostefa Bouchachi, et autres..., sont toujours là. Bref, le Hirak se porte comme au premier jour, bien et même très bien. Aussi s'apprête-t-on à une marche massive vendredi à Alger malgré le danger représenté par le Covid-19 et les risques de répression. Répression car l'armée qui a profité du Hirak pour s'emparer du pouvoir en avril 2019 a imposé depuis, une feuille de route où les demandes populaires n'ont pas leur place et a fourbi ses plans et ses stratégies pour mettre fin au Hirak d'une manière ou d'une autre afin de proroger son dictat. Les éphémères alliés de deux mois entre février et avril 2019 (peuple et armée) sont devenus entretemps les meilleurs ennemis et de l'un, et de l'autre. Si la souveraineté nationale et le choix des dirigeants au peuple, appartiennent en principe à ce dernier, du moins sur les lignes de la Constitution, en réalité en Algérie c'est l'armée qui exerce ces deux prérogatives depuis l'indépendance. D'où, les deux principales revendications du Hirak visant à corriger ce paradoxe, cette anomalie, ou cette usurpation. C'est simple, les Algériens ne veulent ni plus ni moins qu'un Etat de droit civil et non militaire. Et dans l'état actuel des choses l'exécutif pour sortir de l'impasse, est en train d'abroger les droits du peuple algérien pour les céder à l'armée qui en ferait se dit-on, meilleur usage. Mais, le droit, la légitimité et le bon sens plaident en faveur du peuple et il n'est pas sûr que l'Algérien pur, puisse s'en laisser conter quoique la force et les ressources du pays sont concentrées directement ou indirectement entre les mains de l'armée. La présence de celle-ci, est partout même dans les ressources humaines où la nomination des cadres de toutes les institutions politiques, économiques, financières et diplomatiques etc. ne sauraient se faire sans son aval. Ce face-à-face entre les deux entités en Algérie se caractérise par un conflit de générations manifeste. Du côté de l'armée le pouvoir appartient à des gradés trop âgés, vieillots et formés à l'école soviétique et qui n'en démordent pas d'être dépositaires de toutes les essences de l'Algérie. Tandis que du côté du peuple l'écart générationnel, culturel et politique se manifeste par le renouvellement démographique à 270° de l'Algérie. Le pays est jeune, nettement plus jeune qu'à l'aube de l'indépendance ou ils n'étaient qu'une dizaine de millions de citoyens. Ces jeunes d'aujourd'hui, c'est génétique, montrent à travers le Hirak qu'ils « sont disposés à payer le prix fort pour reconquérir une souveraineté perdue, des libertés publiques et individuelles dont celles de désigner, de contrôler et de sanctionner le cas échéant. Ils veulent un Etat de droit, démocratique et social, transparent, égalitaire et moderne quitte à le disputer férocement à l'armée » nous dit un journal de la place. Non ! en Algérie le Hirak tient toujours bon et s'accroche de plus belle à ses revendications et icônes de toujours.