La démolition de plusieurs écoles de surf et commerces à Dar Bouazza a suscité une vive consternation, largement exprimée sur les réseaux sociaux. Les « Darbistes » ont été surpris de voir leur petit espace d'évasion, rasé par les autorités locales, très tôt, dans la matinée du mercredi 17 mars. Ces dernières avaient le feu vert pour détruire toute construction « illégale » sur le domaine maritime, à savoir la plage de Dar Bouazza, située dans la province de Nouaceur (région C-S), notamment les petites gargotes qui longeaient la côté et dont la plupart ne possédaient pas d'autorisation, selon nos sources. Cependant, les plages privées ont été épargnées par cette séance de rasage. On se demande bien pourquoi ! « Le lundi 15 mars, les autorités sont venues nous voir pour nous dire de vider les lieux. Mercredi, elles ont tout démoli. On n'a même pas eu le temps de ranger nos affaires et équipements« , nous confie Aziz, coach de surf et patron d'un club à Dar Bouazza. Raison de cette décision subite ? Notre interlocuteur l'ignore. « Nos locaux sont bâtis sur le domaine maritime, parce qu'on propose des services nautiques. C'est tout à fait normal. Nous avons eu une autorisation de la commune de Dar Bouazza la première fois qu'on voulait s'installer. Puis, nous avons soumis notre dossier au domaine maritime qui a accusé réception. Depuis, nous travaillons en toute tranquillité et sans le moindre problème, pour garantir à nos familles une vie descente des revenus de cette passion« , nous confie cet amoureux de surf. « Pendant toutes ces années, nous avons pu créer une communauté de surfers à l'échelle nationale et internationale, particulièrement Dar Bouazza, qui viennent surfer ici chaque week-end. Nous avons créé des champions au niveau national et international. Et nous en sommes fiers, mais déçus en même temps que cette dynamique soit interrompue par la dernière décision », poursuit Aziz qui a ouvert les portes de son école de surf en 2019. Une autre école de surf pas loin de la sienne a été démolie aussi, alors qu'elle existe depuis plus de 20 ans, nous confie-t-il. Que disent les autorités ? « La décision émane de la préfecture de Casablanca« , a déclaré aux patrons des écoles de surf, le chef de cercle qui est venu en personne superviser l'opération de rasage. « Il nous a dit qu'il avait l'autorisation de démolir toute structure bâtie sur le domaine maritime, qu'elle ait une autorisation ou pas« , déplore notre interlocuteur. Et pour les villas et plages privées ? « Elles n'ont pas été touchées alors qu'elles prennent beaucoup d'espace sur les plages« , nous dit Aziz, notant que les propriétaires de ces villas et plages disposent » d'autorisations sur un métrage précis mais prennent beaucoup plus que ce qu'on leur autorise« . « Si l'on compare ce que nous proposons comme service, et ce qu'ils proposent eux (alcool et restauration), j'estime que le sport nautique est plus important et plus intéressant. Plus sain aussi. C'est un sport qu'il faut aider et encourager. Aujourd'hui, et avec la démolition des écoles de surf de Dar Bouazza, j'ai de la peine pour les parents, qui ramenaient chaque week end leurs enfants chez nous. Je me demande où ils vont les emmener pour ce week-end. Les enfants de Dar Bouazza passaient la grande partie de leur temps à surfer puisqu'il n'y a que la mer ici. Je trouve dommage ce qui s'est passé, pour nous et pour eux« , nous conte-t-il avec désespoir. Pour ce patron d'école de surf, la préfecture de Casablanca a commis l'erreur d'envoyer les autorités démolir sans aviser les concernés à l'avance et leur donner un préavis. Selon lui, les autorités compétentes auraient pu se réunir avec eux et leur demander de démonter leurs cabanes pour nettoyer la plage et enlever toute structure, en attendant la délivrance d'une autre autorisation de construction et les placer ailleurs. « Mais tout cela n'a pas été fait« , avance Aziz. Face à cette situation, les patrons des six écoles de surf impactées comptent se réunir prochainement et saisir la préfecture pour tenter de trouver une issue. « Soit ils nous délivrent une autorisation de réouverture pour reprendre notre activité de surf, qui vient de se relancer récemment, soit ils nous trouvent une autre alternative« , estime notre interlocuteur avant de conclure que plusieurs associations les ont approchés et leur ont proposé de l'aide, en mettant notamment leurs avocats à leur disposition si nécessaire.