Au titre de l'article VI, les services du Fonds Monétaire international (FMI) ont achevé leur mission de consultations de 2021 en Algérie. Conduite par Geneviève Verdier, la mission a rendu ses conclusions, pointant notamment les déséquilibres macroéconomiques et l'absence de réformes structurelles chez le voisin de l'Est. Au terme d'entretiens par visioconférence avec les autorités algériennes du 13 septembre au 3 octobre 2021, la mission du Fonds a souligné l'urgence « de recalibrer la politique économique pour corriger les déséquilibres macroéconomiques tout en protégeant et renforçant le soutien aux tranches les plus vulnérables de la population ». La mission a également noté que « la transition de l'Algérie vers un nouveau modèle de croissance requiert la mise en œuvre d'un vaste ensemble de réformes structurelles, dont des mesures visant à améliorer la gouvernance économique et à favoriser l'émergence d'un secteur privé dynamique et la création d'emplois ». De son côté, Geneviève Verdier a déclaré à Washington que « la pandémie et la baisse concomitante de la production et des prix du pétrole ont eu de graves répercussions sur l'économie algérienne l'année dernière, entraînant une forte contraction du PIB réel de 4,9 % en 2020″. Pour la responsable du FMI, la pandémie a encore mis en évidence les facteurs de vulnérabilité de l'économie algérienne, malgré les « mesures » sanitaires prises par l'Algérie pour limiter les dégâts et protéger son économie. « En raison de déséquilibres macroéconomiques de longue date, les décideurs disposent d'une marge de manœuvre considérablement réduite. La politique budgétaire expansionniste menée depuis plusieurs années a contribué à porter les déficits extérieurs courants à des niveaux élevés, malgré une politique de compression des importations, et a entraîné de vastes besoins de financement qui ont été, dans une large mesure, satisfaits à travers la banque centrale », a-t-elle expliqué. Mais les déficits budgétaire et extérieur se sont encore creusés en 2020 chez notre voisin de l'Est, fait noter la responsable au FMI, « alors que les réserves internationales, qui demeurent à un niveau adéquat, ont baissé de 62,8 milliards de dollars en 2019 à 48,2 milliards de dollars à la fin de 2020». D'autre part, la mission du Fonds s'est également prononcée sur l'inflation en Algérie qui s'est accélérée pour atteindre 4,1% en moyenne annuelle en juin 2021, en partie sous l'effet d'une augmentation des cours internationaux des produits alimentaires et d'un épisode de sécheresse en Algérie. La croissance, quant-elle, devrait s'essouffler à moyen terme an Algérie du fait de l'érosion probable de la capacité de production dans le secteur des hydrocarbures dans un contexte de réduction des projets d'investissements décidée en 2020, et des politiques actuelles qui limiteraient le crédit au secteur privé, a encore rapporté Geneviève Verdier dans sa déclaration. « De l'avis de l'équipe de la mission, la persistance de déficits budgétaires élevés à moyen terme engendrerait des besoins de financement sans précédent, épuiseraient les réserves de change, et présenterait des risques pour l'inflation, la stabilité financière et le bilan de la banque centrale. Globalement, la capacité des banques à prêter au reste de l'économie serait fortement entravée, ce qui aurait des conséquences négatives pour la croissance« , soutient Verdier. La mission recommande ainsi à Alger un ensemble complet et cohérent de politiques budgétaire, monétaire, et du taux de change afin de réduire les vulnérabilités du pays. Il s'agit donc d'un « ajustement budgétaire général, qui donne en même temps la priorité aux mesures de protection des plus vulnérables », et qui devrait être entamé en 2022 et s'échelonner sur plusieurs années pour maintenir la viabilité de la dette préconise la mission. Cet ajustement, note le FMI, devrait être « étayé par des politiques visant à améliorer le recouvrement des recettes, à réduire les dépenses et à accroître leur efficacité. Le financement monétaire devrait être interdit afin d'endiguer l'augmentation de l'inflation et l'épuisement rapide des réserves de change, tout en diversifiant les sources de financement budgétaire y compris à travers le recours à l'emprunt extérieur. Une plus grande flexibilité du taux de change contribuera à renforcer la résilience de l'économie aux chocs externes et un resserrement de la politique monétaire permettra d'endiguer les pressions inflationnistes« .