Dans son discours, il y a une semaine de cela, devant les ambassadeurs de France, le président Emmanuel Macron qualifiait « l'alliance entre panafricains autoproclamés et néo-impérialistes » de baroque. Selon lui, étonnante de par son caractère bizarre, inhabituel et excentrique, elle a provoqué dans sa traînée, la récente « épidémie de putschs » en Afrique francophone. Le président faisait référence, on s'en doute, au Gabon, Niger, Burkina Faso, Guinée et Mali, bref, presque tout du précarré de la France en Afrique. Oh ! quelques bastions résistent encore, mais jusqu'à quand ? Aux yeux du président Macron, les « néo-impérialistes » sont la Russie et la Chine. Avec ces évènements, la France vit là, un drôle « anachronisme », dans lequel elle s'attribue des pouvoirs qui n'existent tout simplement plus. Mais entre nous en quoi la présence française en Afrique est plus légitime que les présences russes, chinoises ou autres ? Ces derniers sont accusés d'avoir répandu des mots "empoisonnés" dans l'esprit trop enthousiaste des "putschistes en herbe". Sic ! et ont hypocritement attisé de vieux débats sur la souveraineté et l'exploitation coloniale. Pour le brave Emmanuel, « la France est présente au Sahel non pas pour vaincre ses anciennes colonies, mais « parce qu'il y a une menace terroriste et que des Etats souverains nous ont demandé de l'aider ». Croire le contraire, "reviendrait à vivre dans un monde devenu fou« , a-t-il également déclaré. Comme s'il fallait le croire pour le constater. Et à propos de constat, ce sont plutôt les lambeaux de la Françafrique que le président Macron est en train de consigner sur sa feuille de route, alors qu'il pensait avoir tourné le dos à tout le post-colonialisme pervers d'autrefois. Aujourd'hui, force est de constater que cette période, du moins officiellement, est bel et bien révolue. Cela signifie que, désormais, les éventuelles demandes faites à la France afin de soutenir un autocrate chancelant et les de pots-de-vin finançant des partis politiques français sont terminées. Il est de plus en plus clair qu'à travers les coups de force de ces pays francophones, c'est la politique occulte totalement antidémocratique de la France et l'ingérence, notamment militaire, dans les affaires intérieures des pays concernés qui sont dénoncées. Qu'on le veuille ou non, l'armée française n'a jamais quitté l'Afrique. Contrairement aux autres anciennes puissances coloniales, la France a conservé mordicus ses troupes dans d'anciennes colonies pour soi-disant les « pacifier ». Elle prétexte pour ce faire les menaces djihadistes. Mais nul n'est dupe il s'agit bel et bien de protéger, de sauvegarder avant tout ses intérêts géostratégiques, politiques et économiques à travers l'exploitation et le pillage des richesses agricoles et minières de pays africains, l'imposition du franc CFA, aidant. En effet, la France a interdit dès le début des indépendances, d'emblée, toute autonomie monétaire. Maintenant qu'Emmanuel Macron parle de néo-impérialisme est un peu osé voire, arrogant à côté de cela. Que la France se détrompe, aujourd'hui l'Afrique s'est mondialisée. Les pays africains ont toute la planète dans leurs antichambres. Turcs, Russes, Israël... et tiens ! même les alliés de la France comme l'Allemagne et les Etats-Unis y font la queue. Non la France n'est plus toute-puissante pendant qu'elle s'adonne aux activités sécuritaires pour protéger les autocrates véreux qu'elle a mis en place, les autres signent aux bas de parchemins, de juteux contrats. La France dans l'affaire se contentant de voir des mains extérieures à l'œuvre structurer les pays gardés. Ce qui est sûr c'est qu'elle est en train de perdre en Afrique des parts importantes de marché et avec, de son influence "légendaire" en Afrique. « Sans l'Afrique, la France n'aura aucun futur dans le 21ème siècle », disait François Mitterrand. Y sommes-nous arrivés aujourd'hui ? Toujours est-il que près d'un quart de siècle s'est écoulé en ce troisième militaire et les évènements qui s'y déroulent ne semblent pas démentir les visions de ce grand président français. Ils se présentent plutôt comme des prémices à une nouvelle ère en Afrique, et ce, sans la mainmise de la France qui désormais devra traiter avec les pays du continent d'égal à égal. L'Italienne au pouvoir dans la Botte, Giorgia Meloni, a pour sa part une autre vision de la chose, mais qui converge in fine avec le sentiment du "dégage France" qui sied actuellement sur le continent. Elle ne croyait pas si bien dire : « La solution n'est pas de déplacer les Africains vers l'Europe, mais de libérer l'Afrique de certains Européens ».