Les fonctionnaires, responsables et élus sont soumis à la vigilance des autorités pour prévenir et mettre fin aux abus, mais des pratiques échappent à leur contrôle tant elles sont devenues monnaie courante. Les citoyens se mobilisent également dans cette lutte pour l'intégrité. Plusieurs vidéos ont fait le tour du web, dénonçant des responsables utilisant les biens de l'Etat à des fins personnelles: véhicules de service et du carburant fourni par l'État seraient aussi détournés pour des courses personnelles ou des escapades en famille durant les périodes de congé ou utilisés en dehors des heures légales de travail. Cette lutte pour l'intégrité et la responsabilité des biens publics prend de l'ampleur et un nouvel appel à l'action se fait entendre. A cet effet, l'Association Marocaine pour la Protection des deniers Publics (AMPDP) exhorte le Ministère de l'Intérieur à mettre fin au laisser-aller et à l'utilisation abusive des véhicules de l'État à des fins personnelles en dehors des heures de travail officielles. Mohamed Ghaloussi, président de l'association, a fermement dénoncé l'extension du favoritisme et de la corruption, pratiques devenues si courantes que certains les considèrent comme des droits acquis. Il a illustré cette dérive en relatant le cas d'un fonctionnaire de la région de Fès-Meknès, qui a vivement réagi lorsqu'un journaliste a questionné l'utilisation nocturne et le samedi, donc hors horaires de travail, d'un véhicule de la région à des fins personnelles. Ce fonctionnaire a non seulement refusé de répondre, mais a également proféré des insultes et des menaces à l'égard du journaliste, sous les yeux et les oreilles de tous les témoins présents. Ghaloussi a souligné que les responsables étatiques, censés gérer les affaires publiques et exercer leurs fonctions selon les règles légales et éthiques, ne montrent plus aucune retenue en utilisant les véhicules de l'État, des collectivités locales, et des institutions publiques à des fins personnelles sans lien avec leurs tâches professionnelles. Ces véhicules, au lieu d'être limités à leur usage officiel, se retrouvent dans des lieux de loisirs tels que les plages, devant des bars, ainsi qu'à des événements privés comme les mariages et les funérailles. "On les voit également devant des écoles, des cimetières, des mosquées, et dans divers autres lieux, révélant ainsi une utilisation détournée de ces ressources publiques", s'indigne le défenseur des deniers publics.. En ce sens, il a ajouté que cette situation anarchique et ce laisser-aller démontrent que la corruption et le favoritisme sont désormais des pratiques standard dans la vie publique. "Cette situation n'est pas un simple incident isolé, mais un indicateur flagrant parmi tant d'autres, prouvant l'ancrage profond de la corruption et du favoritisme, ainsi que l'absence d'une réelle volonté politique pour les combattre", réitère le président de l'AMPDP. Selon lui, il existe des acteurs ayant un intérêt personnel à maintenir ce système de gestion par des élites corrompues. Ghalloussi a également questionné la capacité du président de la région de Fès-Meknès à endiguer, ne serait-ce qu'en partie, cette flagrante pratique de dilapidation et de corruption dans la sphère publique, offrant ainsi une fin à cette situation extrêmement agaçante. Ainsi, Mohammed Ghaloussi a appelé le président de la région de Fès-Meknès à initier une enquête approfondie sur les conditions et les circonstances entourant l'utilisation de la voiture de la région. Ce véhicule, en tant que bien public, est destiné à un usage fonctionnel pour des missions d'intérêt général, et non à des fins personnelles ou familiales. Il a insisté sur le fait que cette enquête est nécessaire pour garantir que les biens publics ne soient pas détournés de leur objectif principal, qui est de servir l'intérêt public et les missions pour lesquelles ils ont été attribués.