À l'occasion de la Journée internationale des sages-femmes, les professionnelles de la maïeutique au Maroc ont réaffirmé des revendications persistantes, en tête desquelles la création d'un ordre professionnel garantissant une régulation efficace de la profession, ainsi qu'un renforcement de la formation initiale et continue conformément aux standards internationaux. Reléguées au second plan, les sages-femmes sont déterminées à faire entendre leur voix essoufflée par les doléances. Ces revendications s'inscrivent dans le cadre de la réforme en cours du système national de santé, notamment à travers la mise en place des Groupements Sanitaires Territoriaux (GST), une réforme dans laquelle l'Association nationale des sages-femmes du Maroc considère la sage-femme comme un acteur clé, de par sa proximité avec les femmes et les familles, en particulier en zones rurales. L'association rappelle que « la sage-femme constitue la porte d'entrée du système de soins de santé primaires. Elle joue un rôle central dans la promotion de la santé reproductive, le dépistage précoce des complications obstétricales, le suivi prénatal, et la prise en charge d'urgence lorsque nécessaire ». Elle appelle de nouveau à la mise en place d'un ordre national des sages-femmes, soulignant que cette demande, pourtant cruciale pour garantir l'autorégulation et la professionnalisation du métier, demeure lettre morte depuis des années. L'absence d'un tel cadre institutionnel, avertit-elle, compromet la qualité des soins maternels et néonatals et freine le développement des compétences des professionnelles de la maïeutique. Rachida Fadil, présidente de l'Association nationale des sages-femmes du Maroc, souligne que cette catégorie de personnel de la santé «est présente sur l'ensemble du territoire national et n'a jamais opposé de refus à l'affectation dans les zones les plus reculées du Royaume ». Elle appelle ainsi à une mobilisation législative pour l'adoption des textes réglementaires relatifs à la loi n° 44.13 encadrant l'exercice de la profession de sage-femme, une loi adoptée en 2016 mais restée inappliquée faute de décrets d'application. A cette occasion, Fadil déplore également l'inertie entourant la création d'un organe ordinal dédié, pourtant essentiel pour assurer la gouvernance professionnelle et la reconnaissance statutaire des sages-femmes, ce qui permettrait par ailleurs d'améliorer les prestations de santé au bénéfice de la population. Elle insiste enfin sur l'urgence de revaloriser la formation des sages-femmes, notamment à travers l'intégration des avancées technologiques et scientifiques en santé reproductive. « La mise à jour des curricula est devenue impérative pour adapter les compétences des futures sages-femmes aux exigences de la pratique moderne à l'échelle internationale », précise-t-elle. Pour elle, « cette journée mondiale est l'occasion de remettre à table des revendications légitimes qui, depuis des années, peinent à trouver un écho auprès des décideurs publics ».