Avec des challenges pour le secteur de l'aviation notamment avec l'objectif de rester en dessous des 2 °C en termes de réchauffement climatique, de nouvelles pistes s'offrent aux compagnies aériennes, comme l'adoption carburants durables d'aviation — plus connus sous l'acronyme SAF (Sustainable Aviation Fuels), et le Maroc peut devenir un acteur leader en la matière. Dans une récente étude du Boston Consulting Group (BCG) consacrée à ces nouveaux carburants durables, il apparaît que la capacité des SAF a augmenté au cours des trois dernières années, avec une forte hausse en 2024, et une tendance qui devrait continuer en 2025. En chiffres, les SAF enregistrent une croissance de 1150 % de l'offre en trois ans, malgré tout, ils ne représentent que 0,3 % des carburants utilisés dans le monde en 2024. « Environ la moitié des acteurs de l'aviation commerciale consacrent désormais plus de 4 % de leur chiffre d'affaires ou de leur budget aux investissements dans les SAF », a indiqué l'étude, notant que cependant, certains segments sont en avance sur d'autres. « Les développeurs de projets et les avionneurs et motoristes ont mené la charge, consacrant d'importantes ressources au développement du marché », toutefois encore trop d'acteurs sont dans l'attente que le marché décolle pour oser investir et suivre la tendance. Pourtant, note le document, contrairement à d'autres secteurs ultra-compétitifs, le secteur de l'aviation commerciale offre une opportunité unique de conduire un changement transformateur par l'action collective. Cela peut se créer, à en croire l'étude, par une adoption accrue des SAF. Un cercle vertueux peut se créer « entre l'offre et la demande. Une demande plus forte et plus prévisible de SAF, ancrée dans des engagements fermes d'achat, incitera les développeurs de projets et les financiers à investir dans de nouvelles installations, augmentant ainsi l'offre et faisant progresser les technologies de production ». En outre, l'augmentation de l'offre entraînera une baisse des prix, ce qui stimulera davantage la demande, ajoute l'analyse, qui recommande fortement l'adoption des SAF, estimant que pour maintenir le réchauffement climatique bien en dessous de 2 °C, il faudra une collaboration à l'échelle de l'écosystème. Dans ce contexte, le Maroc pourrait jouer un rôle de premier plan en misant sur ces carburants qui s'intègrent parfaitement dans sa stratégie énergétique. En étant l'un des modèles africains d'énergies renouvelables et en misant sur des technologies pour diversifier son mix énergétique en profitant de son climat, le Royaume détient des atouts considérables pour continuer sur sa lancée et devenir un acteur de premier plan dans cette dynamique. Sa participation pourrait se faire notamment à travers des incitations fiscales visant à faciliter les investissements, la création de partenariats public-privé, ou faciliter ces projets avec des financements. Il détient en outre des avantages considérables, notamment sa position géographique au centre de la carte, entre l'Afrique et l'Europe, son ambition pour le développement d'hydrogène vert, et des infrastructures solides. L'étude estime que les SAF représentent une opportunité, et avance certaines pistes pour développer le secteur des carburants propres pour l'aviation. Elle suggère entre autres de fédérer les acteurs publics et privés autour d'une feuille de route, y compris par des obligations au niveau européen d'intégrer les SAF dans leur mix énergétique. Elle soutient que le lancement de projets pilotes industriels pourrait donner confiance aux investisseurs et compagnies aériennes, en plus de la création d'un environnement d'investissement attractif.