Un important trafic de gazole détourné de chantiers et d'unités industrielles a mis en alerte la brigade nationale des douanes. sur des données précises, elle mène une enquête approfondie pour identifier les réseaux responsables de l'acheminement illégal de ce carburant vers le marché noir et les points de son stockage, notamment autour de Casablanca, El Jadida et Tanger. Un flux important de gazole écoulé illégalement sur le marché noir a mobilisé la brigade nationale des douanes (BND). Grâce à des données précises fournies par la cellule de veille et de gestion des risques relevant de l'Administration des douanes et des impôts indirects (ADII), la BND a lancé une opération de repérage très poussée pour identifier les points de sortie de cette matière, que l'on soupçonne de provenir de chantiers de construction et d'unités industrielles. Les agents de la brigade ont ainsi lancé, selon des sources de Hespress, des enquêtes de terrain en urgence afin de retracer les circuits de transport et de distribution du carburant détourné, à travers des méthodes frauduleuses telles que la manipulation des factures, des ordres de mission et d'autres procédures opérationnelles. Ils ont également ciblé les points de stockage et les ventes au détail, notamment dans les environs des villes de Casablanca, El Jadida et Tanger. Les mêmes sources affirment que les premières investigations menées par la BND ont révélé que des réseaux spécialisés dans le détournement de carburants exploitaient des failles dans la gestion des documents liés à l'utilisation de gasoil au sein d'unités industrielles et de chantiers de construction appartenant à de grandes entreprises. Ces réseaux procédaient notamment à la déclaration des quantités restantes de gasoil comme étant utilisées dans les réservoirs d'engins de terrassement, de pavage et de transport, ainsi que pour l'alimentation des moteurs d'éclairage et des pompes à eau. Ces sources évoquent également l'implication des membres de ces réseaux dans la falsification des factures d'achat et la falsification des ordres de mission afin de s'approprier des quantités supplémentaires de carburant, lesquelles étaient ensuite stockées provisoirement dans de petits réservoirs avant d'être acheminées vers des dépôts clandestins, parfois situés sur des terres agricoles. Les mêmes sources indiquent que les agents des douanes se sont basés sur des informations provenant de signalements reçus, ainsi que sur des plaintes émanant de distributeurs de carburant et de gérants de stations-service, pour enquêter sur les modalités complexes de transport et de stockage de ce carburant, présentant un risque important d'incendie. Les enquêtes ont confirmé que les réseaux impliqués dans ce trafic de gasoil utilisaient des citernes d'une capacité d'un millier de litres, privilégiées pour leur facilité de transport par camion et leur stockage dans des entrepôts non équipés. Ils procédaient également aux chargements et déchargements la nuit, en faisant appel à des intermédiaires pour écouler de grandes quantités de ce carburant de contrebande en une seule fois, vendues à des prix inférieurs à ceux des stations-service. Parmi les clients de ces réseaux, figurent, d'après les mêmes sources, des agriculteurs et gestionnaires d'exploitations utilisant des systèmes d'irrigation par pompage avec de puissants moteurs fonctionnant à ce carburant, ainsi que de petits entrepreneurs spécialisés dans le terrassement, le creusement de sols et la location d'engins de chantier. Et de souligner que ces réseaux ont récemment commencé à acheminer de petites quantités de carburant de contrebande vers des quartiers résidentiels, afin de les vendre plus facilement à une nouvelle catégorie de clients, notamment ceux travaillant dans le transport via des applications (VTC). Il est à noter que l'ADII a reporté, dans une circulaire relative aux dispositions douanières dans la Loi de finances de 2025, l'entrée en vigueur de l'obligation d'apposer un marquage fiscal sur le gasoil et les carburants de qualité supérieure au 1er janvier 2026. Ce report concerne également la mise en application des sanctions liées au non-respect de cette obligation, qui prendra effet à la même date. Cette mesure a été adoptée en tenant compte des spécificités techniques du marquage fiscal des carburants et afin de laisser le temps nécessaire à la mise en place optimale de ce dispositif instauré par la loi de finances de 2024. L'objectif est de mieux contrôler la disponibilité et la qualité de ces produits, tout en clarifiant les responsabilités des différents acteurs impliqués dans la chaîne de distribution.