Le Syndicat professionnel national des opticiens du Maroc alerte sur la dégradation de la qualité de la formation et la prolifération de faux diplômes. Constat face auquel une mobilisation nationale est annoncée pour défendre l'intégrité de la profession. Le secteur de l'optique au Maroc est en ébullition. Le Syndicat professionnel national des opticiens du Maroc (SPNOM) dénonce une situation qu'il qualifie de chaotique. Celle-ci serait notamment due à la prolifération de faux diplômes et à la chute des standards de formation. Cette dégradation compromet non seulement la crédibilité des opticiens, mais impacte la santé visuelle des patients, dans un contexte où la régulation du secteur est insuffisante, voire inexistante, déplore le syndicat. Une profession fragilisée par des dérives structurelles Le syndicat met en lumière une détérioration inquiétante des conditions d'accès à la profession. Plusieurs établissements privés sont accusés de délivrer, voire vendre, des diplômes sans garantie scientifique ni rigueur pédagogique. Ces pratiques conduisent à l'insertion sur le marché du travail d'opticiens non qualifiés, mettant en péril la qualité des soins visuels. Le SPNOM parle d'une "situation catastrophique" qui remet en question la crédibilité même de la filière et alerte sur les risques sanitaires encourus par les citoyens. Cette crise s'explique en partie par un cadre réglementaire lacunaire et une absence de mécanismes de contrôle efficaces. La formation professionnelle en optique souffre aussi d'un manque d'harmonisation : l'absence d'un examen national unifié à la fin du cursus est un facteur aggravant, affaiblissant la garantie d'un niveau de compétence homogène et élevé parmi les diplômés. La tutelle accusée de laisser-faire Le SPNOM pointe directement les ministères de la Santé et de l'Inclusion économique, de l'emploi et des compétences, qui, selon lui, font preuve d'une inertie coupable face à cette situation. Ces autorités sont accusées par le syndicat de ne pas avoir mis en place les contrôles nécessaires pour faire respecter la législation en vigueur et de fermer les yeux sur les pratiques illégales. Le SPNOM dénonce en particulier le non-respect de la loi n°45.13, destinée à encadrer les professions de rééducation et de réhabilitation fonctionnelle, dont la mise en œuvre est entravée par l'absence de décrets d'application. Cette inaction laisse le secteur livré à lui-même, avec un impact direct sur la qualité de la formation et la sécurité des soins. Pour le syndicat, ce silence des pouvoirs publics équivaut à une complicité passive, nourrissant le désordre et les dérives qui affectent la profession. Vers une mobilisation nationale Face à cette crise jugée systémique, le syndicat appelle à une mobilisation d'envergure pour défendre la profession. Il exige la suspension immédiate de la filière optique dans la formation professionnelle, l'interdiction d'inscrire de nouveaux étudiants, ainsi que l'ouverture d'enquêtes approfondies sur la délivrance frauduleuse de diplômes. Le SPNOM demande également l'accélération de la publication des textes réglementaires permettant l'application effective de la loi n°45.13, ainsi que l'arrêt de toute nouvelle autorisation ou renouvellement pour les établissements non conformes. Pour appuyer ces revendications, une grève nationale est prévue le 23 juin 2025, accompagnée d'un sit-in devant le ministère de l'Inclusion économique et une campagne de sensibilisation médiatique et digitale.