Une association appelle à renommer des rues à Agadir en hommage à des Juifs marocains    ONU: Hilale dénonce un paragraphe biaisé sur le Sahara marocain dans le rapport du Conseil de Sécurité    Rabat abritera le bureau régional pour l'Afrique de la Conférence de La Haye de droit international privé    Le Maroc et le Royaume-Uni approfondissent leur entente stratégique dans la défense, les industries militaires, la sécurité et l'économie verte    Un drapeau chinois tissé à la main par les femmes d'Al Haouz : un symbole de fraternité et un témoignage de solidarité sincère entre le Maroc et la Chine    Les syndicats invitent les entreprises à verser la prime malgré l'annulation du sacrifice    Le réseau bancaire réduit à 5.701 agences en 2024 (Bank-Al-Maghrib)    Après la CNSS, la conservation foncière ciblée par une cyberattaque    Le Technopark et Plug and Play unissent leurs forces pour soutenir l'essor des start-up marocaines    Abdelouafi Laftit: les SRM ont un programme d'investissement de 253 MMDH    La FIFA dévoile le logo des cinq prochaines éditions de la Coupe du monde féminine U17 prévues au Maroc    «La Gazzetta dello Sport» : Achraf Hakimi a «débloqué» la finale de la Ligue des champions PSG-Inter Milan    Ryan Mmaee courtisé des deux côtés de l'Atlantique    Le WAC viserait haut, mais dans quelle direction ?    Après Barcelone, Madrid tente de charmer la pépite Abdellah Ouazane    La Fondation du Festival de Marrakech reconduit son atelier d'initiation à la critique de cinéma    Pékin met en garde Washington contre un recul manifeste par rapport à la voie d'apaisement convenue entre les deux dirigeants    Industrie de l'armement : Deux accords entre le Royaume-Uni et le Maroc    Arabie Saoudite/Pèlerinage sans autorisation: Plus de 205.000 personnes évacuées de La Mecque    Japon: un séisme de magnitude 6,3 secoue la côte est de Hokkaido    Etats-Unis : la révocation des visas des étudiants étrangers, une terrible erreur ?    Le ministre britannique des Affaires étrangères salue l'accueil chaleureux au Maroc et exprime son souhait de renforcer le partenariat historique    Plan marocain d'autonomie : La position du Royaume-Uni hautement saluée    Aujjar : « Nous sommes heureux que notre parti contribue au fondement d'un Etat social »    Mourad Fathallah : "Le rôle des places financières est primordial dans l'accélération de la transition verte"    Aéronautique : progression de 14% des exportations à fin avril    Mohammed VI International Karate Cup: Hamza Sam Takes Home Bronze    Sociétés sportives : le Raja entre dans une nouvelle dimension    Marhaba 2025: Ceuta optimiza la circulación en el puesto fronterizo con Marruecos    UK to sign defense agreements with Morocco as Rabat aspires to build local industry    Capital humain : l'absence du contrôle de gestion sociale freine la performance des entreprises marocaines    Diplomatie sanitaire : le Maroc renforce sa coopération médicale avec la Mauritanie    Drogues et amputation sexuelle : Un touriste allemand condamné à Targuist    Températures prévues pour le mardi 03 juin 2025    Mokhlis El Idrissi : "Sans électricité verte, une part importante du tissu productif risque de perdre en compétitivité"    Histoire : Le Fraxinet, un comptoir musulman du Xe siècle à Saint-Tropez    Fès : L'héritage du brocart, sujet de recherche à l'Université de Boston    Modernisation des bibliothèques : La coopération arabe, une nécessité face aux défis numériques    Soutien public : 90 projets culturels retenus à la 1re session 2025    Une affluence record à la 2ème édition de Comediablanca    Les prévisions du lundi 2 juin    Le Niger ne prévoit aucune réouverture de sa frontière avec le Bénin    Afrique australe. Les activités humaines menacent les oiseaux    Paris Saint-Germain, Des morts, des blessés et plein d'interpellations    LDC. Achraf Hakimi dans l'équipe type de la saison de l'UEFA    Festival du Cinéma Africain de Tarifa-Tanger : Ayoud Gretaa rafle le Prix du meilleur acteur    Pologne: le candidat nationaliste remporte la présidentielle    Festival National des Arts Populaires : Folklore en fête, le Maroc en cadence    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Optique : le secteur gangrené par l'informel
Publié dans Les ECO le 13 - 01 - 2025

Entre falsification de diplômes et prolifération de lunettes vendues en ligne, le secteur de l'optique sombre dans l'anarchie. Un marché au potentiel immense, miné par des dérives qui compromettent la santé visuelle des citoyens et soulèvent des questions sur l'inaction des autorités.
Un clic, une promesse d'économie, et l'illusion d'une vision parfaite. Sur Internet, les sites qui proposent des lunettes à prix cassés pullulent. Et cela ne se limite pas à la vente de montures de différentes gammes, mais ils donnent aussi des solutions qui promettent des lunettes miracles capables de corriger la vue sans consultation médicale ni prescription. Ces promesses attirent de nombreux consommateurs, souvent tentés par des prix attractifs.
En réalité, ces articles souvent de qualité douteuse, s'avèrent après coup inefficaces, voire nuisibles, et reflètent, in fine, les dérives dans un secteur gangrené par l'informel. Avec 15% des Marocains équipés de lunettes seulement, le potentiel de croissance du marché demeure immense. Mais derrière ces perspectives, de nombreux dysfonctionnements entravent le développement du secteur de l'optique. En cause, un marché miné par la prolifération de diplômes falsifiés, permettant à des individus sans formation d'exercer une profession qui exige pourtant une expertise technique.
Ce phénomène alimente un marché informel où des opticiens peu qualifiés fournissent des produits inadaptés, souvent au détriment de la santé des patients. À cela s'ajoutent, les caravanes médicales qui, bien qu'indispensables dans les régions reculées, sont parfois détournées de leur missions initiales.
Certaines associations exploitent la vulnérabilité des populations locales en prétextant des actions de solidarité, tout en leur vendant des lunettes de qualité douteuse sans suivi médical adéquat. Des pratiques qui entretiennent un climat de méfiance envers des initiatives pourtant indispensables. La concurrence accrue des plateformes de vente en ligne complète ce tableau sombre. Notons, par exemple, l'absence de régulation stricte pour les publicités trompeuses en abondance sur les réseaux sociaux, qui expose davantage les usagers à des risques pour leur santé visuelle.
Le consommateur, grand perdant
Face à ces pratiques frauduleuses, les consommateurs se heurtent à des situations préoccupantes. Des opticiens, souvent dépourvus de formation adéquate, proposent des équipements, notamment des verres inadaptés issus de circuits parallèles. À cela s'ajoutent des erreurs techniques dans le réglage des verres, susceptibles d'aggraver les troubles visuels. Ces dérives mettent en lumière l'ampleur des dysfonctionnements d'un secteur où l'absence de rigueur professionnelle fait peser un risque sérieux sur la santé des usagers.
Diplômes falsifiés
Derrière ces dérives se cache un phénomène alarmant. Des diplômes d'opticien sont vendus à 40.000 dirhams, parfois négociables, une pratique qui reflète les graves lacunes du cadre réglementaire.
Nouâmane Cherkaoui, secrétaire général du Syndicat national professionnel des opticiens au Maroc (SPNOM), souligne que «la loi 13-00 impose une accréditation après trois ans de fonctionnement uniquement pour les écoles qui en font la demande, sans que le ministère dispose des moyens ou de la volonté nécessaires pour contrôler les établissements non accrédités».
Une situation qui a permis la prolifération d'instituts de formation échappant à toute régulation. Le secteur compte aujourd'hui environ 5.000 professionnels diplômés, mais cohabite avec quelque 2.000 acteurs non autorisés, mettant en péril la santé visuelle des citoyens. Malgré des campagnes de sensibilisation, l'immobilisme des autorités demeure flagrant.
«La loi 45-13 prévoit que les décrets d'application soient publiés dans les deux années suivant son adoption en 2019. Malheureusement, aucune avancée significative n'a été enregistrée depuis», déplore Nouâmane Cherkaoui.
Le numérique exacerbe ces problèmes. La vente en ligne de montures et verres optiques prolifère, souvent sans respecter la loi 84-12, qui interdit la publicité pour des dispositifs médicaux. Des pratiques illégales qui échappent largement à la régulation. Sur le plan fiscal, les acteurs de l'informel, enregistrés sous le statut de Contribution professionnelle unique (CPU), bénéficient d'une exonération de TVA, accentuant les inégalités face aux entreprises formelles. Pour le SPNOM, la création d'un Ordre des professions de rééducation et de réhabilitation fonctionnelle, prévu par la loi 45-13, s'avère indispensable.
«Cette structure pourrait standardiser les pratiques et réguler le secteur», affirme Cherkaoui.
La généralisation de la couverture médicale, effective depuis décembre 2022, offre en ce sens une opportunité unique. En stimulant la demande de services de qualité, cette réforme pourrait redonner du souffle à un secteur en pleine crise.
Une régulation tardive
Le secteur de l'optique au Maroc, régi initialement par un dahir de 1954, a évolué au fil des décennies. Si les années 1980 ont marqué l'émergence des premiers opticiens marocains formés à l'étranger, il a fallu attendre le début des années 2000 pour que la formation professionnelle soit institutionnalisée. La loi 45-13, adoptée en 2014 mais appliquée en 2019, a représenté une étape majeure. Cependant, la prolifération d'établissements non accédités depuis la libéralisation de la formation continue de peser sur l'équilibre du marché.
Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ECO


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.