Le gouvernement britannique a récemment annoncé son refus de soutenir le projet Xlinks, qui devait acheminer de l'énergie renouvelable produite au Maroc vers le Royaume-Uni via des câbles sous-marins débarquant dans le comté du Devon. Cette décision marque un tournant dans la stratégie énergétique britannique, privilégiant la production locale au détriment d'un projet ambitieux à l'international. Le projet Xlinks, porté par un consortium, proposait d'utiliser des câbles sous-marins pour relier le Maroc au sud-ouest de l'Angleterre, dans le comté du Devon. Il visait à fournir jusqu'à 3,6 GW d'électricité renouvelable, soit environ 8 % des besoins du Royaume-Uni, grâce à un mix solaire et éolien produit dans une région ensoleillée et ventée. Ce projet, présenté comme une opportunité majeure pour renforcer l'approvisionnement en énergie propre, devait alimenter près de 7 millions de foyers britanniques. Cependant, la décision gouvernementale, annoncée fin juin, est motivée par plusieurs facteurs. D'abord, les inquiétudes exprimées par les habitants locaux du Devon qui redoutent d'importantes nuisances liées aux travaux d'installation des câbles, qui s'étaleraient sur environ 14 km en zone terrestre. La construction d'infrastructures complémentaires, comme une nouvelle sous-station électrique et deux stations de conversion sur un terrain de près de 32 hectares, doit également s'ajouter aux perturbations annoncées. Selon la BBC, ces inquiétudes locales ont pesé dans la balance, au point d'influencer la décision finale. Plusieurs résidents ont d'ailleurs accueilli favorablement l'annonce, se disant soulagés, même si certains restent prudents sur l'éventuelle évolution du dossier. Au-delà de la dimension locale, le gouvernement britannique affirme que ce projet ne correspond pas à ses priorités stratégiques actuelles. Dans une déclaration officielle, le ministère de l'Énergie a précisé que la stratégie nationale mise désormais l'accent sur la production d'énergie renouvelable « homegrown », autrement dit locale. Ce choix traduit la volonté de développer des infrastructures et capacités énergétiques directement installées sur le territoire britannique, afin de garantir souveraineté énergétique et stabilité à long terme. Cette orientation soulève une question importante : doit-on privilégier l'autonomie énergétique nationale au détriment des projets internationaux, même lorsque ceux-ci offrent un fort potentiel de production propre ? Le rejet du projet Xlinks illustre bien cette tension. Le consortium derrière Xlinks, déçu par cette décision, cherche désormais d'autres options pour valoriser son investissement, sans abandonner totalement son ambition. Le projet disposait déjà d'un accord de connexion de 3,6 GW avec National Grid et avait été classé projet d'importance nationale sous l'ancien gouvernement conservateur. Pour l'heure, l'avenir du projet reste incertain, tandis que le Royaume-Uni affirme sa volonté de renforcer ses capacités renouvelables sur son sol. Cette décision pourrait aussi influencer d'autres initiatives transfrontalières similaires, à une époque où la question énergétique est au cœur des stratégies nationales et internationales.Il convient de noter que Xlinks a laissé entendre dans un communiqué paru le 26 juin que le projet pourrait bien se poursuivre sans Londres.