Des sources bien informées ont indiqué à Hespress que des fuites issues de rapports d'inspection menés par des commissions centrales, relevant de l'Inspection générale de l'administration territoriale, ont mis en lumière l'implication de plusieurs bureaux d'études et entrepreneurs dans des irrégularités touchant la mise en œuvre de projets de marchés modèles dans le cadre du programme de l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH). Ces dysfonctionnements concernent en particulier des communes et provinces situées dans les régions de Casablanca-Settat, Marrakech-Safi et Rabat-Salé-Kénitra. Selon les mêmes sources, les dossiers des personnes impliquées devraient être transmis aux juridictions compétentes en matière de crimes financiers, sur la base des conclusions des rapports d'audit, en raison d'irrégularités relevées tant dans les travaux de construction que dans la gestion administrative de ces projets. Nos sources précisent que certaines instances au sein de l'administration centrale ont vivement dénoncé un gaspillage manifeste de fonds publics ainsi qu'un grave manquement à la responsabilité. Il ressort, en effet, que plusieurs de ces marchés dits « modèles » n'ont jamais ouvert leurs portes aux bénéficiaires, bien que des budgets considérables aient été alloués et entièrement dépensés pour leur réalisation. Les mêmes interlocuteurs ont également révélé que de nouvelles directives émanant des services centraux du ministère de l'Intérieur ont été transmises, ordonnant la réalisation d'un audit complémentaire et approfondi de l'ensemble des projets de marchés modèles, dans un contexte marqué par une recrudescence des plaintes faisant état de graves dysfonctionnements financiers et de défaillances dans la gestion, notamment dans les villes de Kénitra, Salé et Marrakech. Des responsables territoriaux, parmi lesquels figurent des gouverneurs nouvellement nommés dans le cadre du dernier mouvement de mutations, ont entrepris de relever de leurs fonctions plusieurs responsables des services de l'action sociale, selon des sources concordantes. Les rapports d'inspection ont souligné l'inaction prolongée de certains walis et gouverneurs, qui n'ont pris aucune mesure durant plusieurs années à l'égard de marchés modèles toujours fermés au public, sans accès possible pour les commerçants ni pour les vendeurs ambulants. Cette situation a été qualifiée par les inspecteurs de dilapidation des deniers publics et de manquement grave à la responsabilité, notamment de la part des bureaux d'études ayant engrangé des profits importants pour des prestations inachevées. Les services centraux en charge du suivi de l'INDH, parallèlement aux missions d'inspection qui entrent actuellement dans leurs phases finales, ont mobilisé les responsables territoriaux afin qu'ils fournissent des réponses claires concernant les importantes sommes englouties dans ces projets de marchés modèles. Il s'agit également de déterminer l'ampleur de l'implication des bureaux d'études, notamment ceux qui ont abandonné les chantiers avant l'achèvement des missions qui leur avaient été confiées. Une liste de noms a été établie, regroupant les entreprises, cabinets et bureaux bénéficiaires, qui ont supervisé la construction de marchés dans plusieurs villes et se trouvent aujourd'hui soupçonnés de malfaçons dans les travaux de construction. Selon les sources de Hespress, les autorités décisionnelles de l'administration centrale ont donné leur feu vert aux équipes d'inspection pour étendre leurs audits, à la lumière des nombreuses plaintes et réclamations adressées notamment contre d'anciens présidents de communes soupçonnés d'avoir accumulé des fortunes grâce aux budgets de ce chantier royal. Certains présidents de conseils actuels, ainsi que des chefs de services de l'action sociale au sein des wilayas et préfectures, sont également concernés. Les rapports du ministère de l'Intérieur relèvent par ailleurs une augmentation inquiétante du nombre de projets restés à l'état de promesse ou ayant échoué, malgré des études préalables qui ont mobilisé des ressources financières importantes. Ce constat est attribué aux méthodes de gestion adoptées par certains responsables d'associations bénéficiaires, souvent en collusion avec des cadres des services sociaux. Selon les mêmes sources, plusieurs projets de marchés, aujourd'hui en situation d'échec dans diverses provinces et préfectures, constituent une menace réelle pour l'avenir de l'Initiative nationale pour le développement humain. Bien qu'ayant bénéficié de financements massifs, ces projets n'ont pas été réalisés ou ont été définitivement interrompus. Enfin, l'absence de contrôle sur le terrain a largement contribué à l'exploitation abusive des fonds publics. Les équipes d'audit se contentent, la plupart du temps, d'examiner les documents administratifs et d'inspecter un nombre très limité de projets – deux ou trois au maximum – pris comme échantillons représentatifs, parmi les milliers d'initiatives ayant reçu des financements considérables.