Les travaux du 7e Congrès du Réseau des institutions nationales des droits de l'Homme dans l'espace francophone se sont ouverts mardi 16 décembre, au siège du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) à Rabat. « Une rencontre qui intervient dans un contexte international marqué par des tensions politiques, des conflits armés persistants et des transformations numériques accélérées qui posent de nouveaux défis à la protection des droits humains », indique un communiqué du CNDH. Dans son allocution d'ouverture, Amina Bouayach, présidente du CNDH, a appelé à insuffler une nouvelle dynamique à l'action des institutions nationales des droits de l'Homme, notamment au sein du réseau francophone. Un appel lancé à l'heure où les acteurs du secteur font face à une crise des ressources financières, rendant plus que jamais nécessaire le renforcement de la coopération, la mutualisation des efforts et la consolidation du plaidoyer auprès des Etats, afin de préserver l'indépendance et l'efficacité de ces institutions, estime Bouayach. Cette dernière a insisté par ailleurs sur l'importance du partage des bonnes pratiques entre institutions nationales, qu'elle considère « comme un levier essentiel pour influencer les politiques publiques et renforcer les dispositifs nationaux de protection des droits humains ». Elle a rappelé le rôle central de ces institutions dans la traduction concrète des normes internationales en politiques et pratiques effectives sur le terrain. IA et droits humains Se déroulant sur deux jours (16 et 17 décembre), le congrès accorde une place centrale à la question de l'intelligence artificielle et des droits humains. Un champ porteur d'opportunités, capable de soutenir l'action institutionnelle, mais qui soulève également de profondes préoccupations liées au droit à la vie privée, à la non-discrimination, à la protection des données personnelles et au respect de la dignité humaine, entre autres droits fondamentaux. Dans ce sens, le CNDH a alerté sur le fait que de nombreux algorithmes ne respectent pas les principes fondamentaux des droits de l'Homme, soulignant la nécessité pour les institutions de jouer un rôle de veille, d'alerte et de redevabilité, notamment vis-à-vis des acteurs qui développent les technologies numériques. La présidente du CNDH a également mis en avant l'urgence de créer des passerelles de dialogue et de coordination entre les institutions nationales, la société civile, les experts et les acteurs techniques, afin de bâtir des approches communes capables de concilier innovation technologique et protection des droits et libertés. Feuille de route Ce congrès se tient dans un contexte où l'impact de l'intelligence artificielle dépasse désormais largement les frontières nationales, influençant directement les systèmes de droits et de libertés à l'échelle mondiale. Une réalité qui renforce la nécessité d'une réflexion collective, mais aussi de la mise en place de cadres et de normes internationales partagées, afin d'encadrer l'usage de ces technologies et de prévenir toute utilisation arbitraire ou discriminatoire. Les travaux devraient aboutir à l'adoption d'une feuille de route opérationnelle, visant à renforcer les mécanismes d'action des institutions nationales des droits de l'Homme dans l'espace francophone, à améliorer leur capacité d'adaptation aux mutations numériques et à promouvoir des cadres éthiques et juridiques garantissant le respect des droits humains dans les politiques publiques numériques.