En Afrique, le Maroc est un leader de la transformation agricole, alliant innovation technologique, diversification des exportations et bonne gouvernance pour renforcer sa résilience et sa compétitivité, révèle le rapport sur les systèmes alimentaires en Afrique 2025. L'Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) a publié son dernier rapport sur les systèmes alimentaires en Afrique 2025 présenté lors du Forum sur les systèmes alimentaires africains de Dakar. Le document fournit des informations essentielles sur les performances agricoles du continent globalement et cite les meilleures pratiques régionales. Il souligne notamment que l'extrême pauvreté est passée de près de 60 % dans les années 1990 à 35 % aujourd'hui, le retard de croissance infantile est passé de près de 40 % à 30 %, et l'espérance de vie a augmenté de plus de 14 ans. De même, l'Afrique s'est encore mieux positionné comme continent phare de la production agricole, enregistrant une progression plus rapide que toute autre région du monde avec un taux annuel moyen de 4,3 % depuis 2000. Les systèmes agroalimentaires africains ont réalisé des progrès remarquables au cours des trois dernières décennies, toutefois le coût d'une alimentation saine reste problématique pour la plupart des familles. Les prix d'une bonne alimentation absorbe jusqu'à 70 % du revenu des ménage, la rendant inabordable pour plus de 80 % de la population du continent. Sous la pression des conflits, des chocs climatiques et des crises mondiales, la prévalence de la sous-alimentation, qui avait baissé à 15 % en 2015, a de nouveau augmenté pour atteindre plus de 19 % en 2022. L'utilisation d'irrigation précise Le rapport cite le Maroc dans plusieurs catégories, il est cité comme exemple dans l'utilisation de l'irrigation précise et des drones. « L'irrigation de précision et les technologies de drones transforment les pratiques agricoles en optimisant l'utilisation de l'eau et des nutriments au Maroc, en Afrique du Sud et en Tunisie », souligne le rapport. Ce mode d'irrigation se fait à travers des capteurs numériques du sol fournissent des données en temps réel sur l'humidité et les niveaux de nutriments du sol, permettant aux agriculteurs d'appliquer une irrigation ciblée et de réduire le gaspillage d'eau. L'utilisation de drones agricoles sert pour sa part à fournir de l'imagerie aérienne, la surveillance des cultures et la pulvérisation de précision, garantissant que les engrais et les pesticides ne soient appliqués que là où cela est nécessaire, minimisant ainsi l'impact environnemental. Selon des études, l'utilisation de ces techniques garantissent une réduction de 40 % des pertes d'intrants, améliorant significativement l'efficacité des ressources et les rendements agricoles. Exportations intra-africaines Le rapport met en avant les leaders africains en termes d'échanges commerciaux intra-africains de produits agricoles divers et par part de marché dévoilant les différents corridors commerciaux régionaux. L'Égypte se trouve par exemple l'un des principaux exportateurs de café, thé, maté et d'épices avec une part de marché de 31,5 %. L'Afrique du Sud détient une part de marché de 22,9 % en matière d'exportation de sucre et produits à base de sucre, la Somalie détient 23,7 % de part de marché dans le commerce de légumes et certaines racines, tandis que le Maroc enregistre une part de marché de 17,8 % pour le commerce de fruits et noix. « Une telle diversification renforce la résilience et l'inclusivité dans le commerce agroalimentaire intra-africain », indique le rapport, ajoutant qu'elle réduit la vulnérabilité aux perturbations spécifiques à un marché et démontre le potentiel de croissance inclusive, même pour les économies plus petites ou enclavées telles que le Botswana et le Zimbabwe. La diversification des exportations dans le commerce agricole intra-africain est « relativement équilibrée et résiliente » relève le document, contrairement aux flux d'importation plus concentrés. « Les données soulignent le rôle de l'Afrique du Nord et de l'Afrique australe en tant que principaux marchés régionaux, tout en mettant en évidence un haut degré de diversification des exportations intra-africaines », ajoute la même source. Paniers alimentaires et des corridors africains « Les paniers alimentaires et les corridors agricoles de l'Afrique sous-tendent l'économie agricole du continent mais présentent des performances inégales en raison de lacunes en matière d'infrastructure, de stockage limité et de vulnérabilité climatique », indique le rapport qui se base sur des données de la FAO et de la Banque mondiale. Selon ces données, certaines régions ont amélioré la productivité et l'accès au marché grâce à de meilleures infrastructures et technologies, mais beaucoup restent contraintes par une mauvaise connectivité et des politiques fragmentées, réduisant leur contribution à la sécurité alimentaire et aux moyens de subsistance ruraux. Dans ce cadre, l'expérience du Maroc est citée comme une source d'enseignement en matière d'accès au marché, d'alignement des normes et de modernisation des chaînes de valeur. « L'expansion des exportations d'agrumes et de légumes du Maroc a été stimulée par l'alignement des normes nationales avec les exigences sanitaires et phytosanitaires de l'UE et par des investissements dans les systèmes de traçabilité », indique le rapport. Il ajoute que la Tunisie et la Libye font face à des défis d'accès au marché « en raison d'une certification faible et de plateformes de commercialisation sous-développées », tandis que « le potentiel d'exportation de l'Algérie est freiné par des normes incohérentes et des problèmes logistiques malgré une demande intérieure croissante ». Une demande plus forte Avec le changement continuel de la démographie, la demande alimentaire continue de progresser, et d'ici 2050 elle devrait doubler en particulier en Afrique. Cette tendance qui tend à l'intensification s'explique par la croissance démographique, de l'urbanisation et des évolutions alimentaires vers des produits de plus grande valeur comme la viande, les produits laitiers et les produits transformés, selon la Banque mondiale. En Afrique du Nord, le Maroc a su tirer parti de cette tendance en développant les exportations de produits à valeur ajoutée tels que l'huile d'olive premium et les agrumes adaptés aux marchés européens et régionaux », indique l'AGRA. Le Maroc peut compter aussi sur un cadre de gouvernance solide, une politique commerciale ambitieuse et des infrastructures résilientes qui permettent de créer des chaînes de valeur agricoles inclusives et compétitives. Cette concordance entre les ambitions commerciales et le cadre politique ainsi que les infrastructures a permis au pays d'atteindre une « domination sur les marchés régionaux et européens pour les produits horticoles transformés comme les agrumes, les tomates et l'huile d'olive », note la publication. Grâce à cette vision, le Maroc est passé d'un modèle basé sur les matières premières à un modèle centré sur la valeur ajoutée locale, en misant sur plusieurs aspects incluant l'utilisation de l'innovation technologique dans sa stratégie agroalimentaire pour des résultats plus efficients et ciblés, la valorisation des produits à haute valeur ajoutée (huile d'olive, agrumes, fruits transformés et une forte intégration commerciale, régionale et européenne.