Dans un contexte de criminalité financière de plus en plus sophistiquée, le ministère public engage ses magistrats et officiers de police judiciaire dans un programme de formation spécialisée, afin de consolider la protection des deniers publics, de renforcer la transparence et d'assurer une coopération efficace entre les acteurs judiciaires. La protection des deniers publics demeure l'une des missions les plus importantes et complexes de la justice marocaine, nécessitant une mobilisation législative, judiciaire et institutionnelle intégrée. Les crimes financiers, loin de se limiter à des pertes matérielles, compromettent les fondements du développement économique et de la stabilité sociale, a souligné Hicham Balaoui, Procureur général du Roi près la Cour de cassation et Président du ministère public, lors de l'ouverture des sessions de formation spécialisées sur les crimes financiers ce lundi 27 octobre 2025 au siège du ministère à Rabat. Ces sessions, organisées en partenariat avec le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) et en présence de représentants de la Direction générale de la sûreté nationale et du Haut commandement de la Gendarmerie royale, s'inscrivent dans le cadre des orientations royales, qui insistent sur l'importance de la formation continue et de qualité pour les magistrats et tous les acteurs de la justice. « Les crimes portant atteinte aux fonds publics ne se limitent pas à de simples pertes matérielles ; leurs effets vont bien au-delà, puisqu'ils sapent les fondements du développement économique et de la stabilité sociale », a rappelé Balaoui, ajoutant que la lutte contre ces crimes exige des outils juridiques et techniques performants. Ce programme, étalé sur trois mois (octobre, novembre et décembre 2025), vise à développer les compétences des magistrats et des officiers de police judiciaire, en leur permettant d'acquérir les outils nécessaires pour suivre l'évolution des méthodes de criminalité financière. La formation inclut notamment l'analyse de données financières complexes, la maîtrise des systèmes comptables et financiers, ainsi que les techniques de traçabilité numérique des transactions. La visioconférence a été adoptée afin de permettre à tous les tribunaux du Royaume de bénéficier de ces sessions. En outre, Balaoui a souligné que ce programme répond à un besoin urgent, identifié après un diagnostic approfondi du fonctionnement des sections des crimes financiers et des enquêtes judiciaires. Ce constat a mis en évidence des difficultés techniques et pratiques rencontrées par les magistrats et les officiers de police judiciaire, ainsi que l'importance d'une formation régulière, la dernière session spécialisée datant de 2020. « Les crimes financiers exigent une compréhension approfondie des systèmes financiers et comptables, une capacité à analyser des données financières complexes, ainsi qu'une maîtrise des techniques de traçabilité numérique des transactions pour identifier les personnes impliquées. Ces compétences ne peuvent être acquises et consolidées que par une formation technique approfondie et régulière », a-t-il précisé. De plus, Balaoui a insisté sur le rôle stratégique de la formation continue pour renforcer la justice pénale, surtout face à la complexité croissante des affaires de corruption, de détournement de fonds publics, de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme. Ces sessions permettent également de créer un langage professionnel commun et de favoriser la coopération entre magistrats, officiers de police judiciaire et autres acteurs judiciaires. « Cette coopération est un objectif stratégique, dont les résultats se traduisent par une meilleure qualité des enquêtes, une compréhension approfondie des problématiques techniques et une analyse plus fine des réseaux complexes de données et de chiffres qui en découlent », a-t-il ajouté. Le programme se veut également préventif et opérationnel, préparant les magistrats à gérer des dossiers financiers extrêmement complexes, à comprendre les mécanismes de dissimulation, à analyser les réseaux de corruption et à estimer les préjudices subis par les finances publiques. Concluant son allocution, Balaoui a encouragé les magistrats à accélérer le rythme des enquêtes, à participer activement à la préparation des dossiers judiciaires et à demander des peines dissuasives, afin de garantir à la fois la prévention générale et la prévention spécifique. Il a réaffirmé que la protection des deniers publics reste au cœur de la mission de justice, sous la conduite du Roi Mohammed VI.