L'Algérie et le Polisario se préparent à affronter le mois de décembre annoncé pour être un tournant dans le dossier du Sahara. Un mois après l'adoption de la résolution 2797 du Conseil de sécurité et les annonces américaines, une rencontre entre parrain et filleul s'est tenue pour parler de la marche à suivre. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a rencontré lundi à Alger Mohamed Yeslem Beissat, qui a également le titre de chef de la diplomatie chez la milice du Polisario. Il s'agit de leur seconde rencontre en l'espace d'un mois. Cette fois-ci, le régime algérien et le Polisario ont trouvé une nouvelle parade pour refaire parler du dossier en interne. Les deux hommes se sont rencontrés en marge de la conférence sur les « crimes de la colonisation en Afrique », organisée les 30 novembre et 1er décembre dans la capitale algérienne. Lors de cette rencontre, les deux parties ont affirmé avoir discuté et échangé au sujet des développements de la question du Sahara. Le communiqué sanctionnant cette rencontre a indiqué qu'ils ont aussi parlé de la perspective de permettre au peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination, soulignant que cela se ferait conformément « aux résolutions pertinentes des Nations Unies, y compris la résolution 2797 adoptée récemment par le Conseil de sécurité ». Pourtant, l'Algérie a choisi de ne pas voter le texte de la résolution alors que dans le fond, elle y est opposée. Le Polisario, de son côté, a vu un désistement d'Alger devant les pressions internationales, et particulièrement américaines. Le Polisario a mené ces derniers jours une campagne médiatique pour tenter de minimiser la portée du contenu de la résolution 2797 alors qu'elle était annoncée comme étant historique. En effet, cette résolution a marqué un tournant dans la terminologie utilisée dans le conflit et a jeté les bases de la solution au conflit régional. La résolution 2797 parle expressément « des parties » et ne mentionne pas « deux parties », ce qui inclut officiellement l'Algérie comme partie prenante. Elle consacre aussi l'initiative d'autonomie comme la base de la solution à venir, et soutient que cette dernière se fera dans le cadre de la souveraineté du Maroc. Dans ses réactions médiatiques, sur les pas de l'Algérie, le Polisario a tenté de maquiller les faits en avançant que l'option de l'autonomie ne serait pas la seule sur la table. La milice du Polisario a continué à parler de l'autodétermination du peuple sahraoui, de l'organisation d'un référendum et de dire que le but ultime serait l'indépendance. Or, l'ONU ne mentionne aucun de ces éléments à l'exception de l'autodétermination qui est considérée comme l'objectif de ce processus politique, en ajoutant que l'autonomie est une forme d'autodétermination, d'où le choix d'aller vers cette voie. À noter que les déclarations de responsables américains telles que celles du conseiller du président américain pour l'Afrique, Massad Boulos, ou encore de Steve Witkoff, envoyé spécial pour le Moyen-Orient, ont évoqué une normalisation des relations entre Alger et Rabat à la fin du mois de décembre. « Notre équipe travaille actuellement sur l'Algérie et le Maroc. Un accord de paix sera conclu entre ces deux pays d'ici soixante jours, à mon avis », avait estimé Witkoff aux côtés de Jared Kushner, gendre du président américain , sur CBS News le 19 octobre. Parallèlement, le Maroc est attendu ces prochaines semaines pour développer et détailler sa proposition d'autonomie et la soumettre à l'ONU. Une fois cette étape effectuée, l'Envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU, Staffan de Mistura, devrait entamer une série de rencontres formelles et informelles avec les parties concernées afin de reprendre les discussions directes incluant les 4 parties prenantes au conflit.